har09header_fr
Languages
English
Español
عربي

WCARO RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE : REPORTAGE

© UNICEF CAR/2008/Milaine

Theresia (avec l’appareil photo) participe à un atelier de photographie organisé à la Voix du Cœur, un centre pour enfants vulnérables à Bangui qui est soutenu par l’UNICEF. Son groupe a choisi les questions de santé comme sujet, à cause du taux élevé de mortalité des enfants dans le pays.

THERESIA – LES ENFANTS ET LA PHOTOGRAPHIE EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

Theresia fait partie des élèves les plus motivés de la classe. Cette jeune fille de 16 ans suit attentivement chaque étape de l’atelier d’une semaine sur la photographie qu’organise l’UNICEF en République centrafricaine. Cet atelier encourage un groupe de 15 enfants à exprimer leurs opinions et leur créativité dans un environnement sûr. Par la photo et le texte, ils vont fournir des témoignages qui seront vus et entendus au-delà des frontières de leur pays.

Comme les autres enfants participant à l’atelier, Theresia a eu une enfance difficile. Son père est mort alors qu’elle était très jeune et peu après sa mère est retournée dans son village d’origine. Theresia et ses frères et sœurs ont été confiés à des parents, à Bangui, la capitale. « Ma mère souhaitait que je poursuive mes études et elle m’a laissée chez ma cousine », raconte Theresia. « Ma cousine m’a transformée en bonne à tout faire. Dans la maison, je faisais tout, la cuisine, le lavage du linge et le ménage et, par dessus le marché, elle m’accusait de courir après les garçons. Comment aurais-je pu avoir du temps pour ça ? » Theresia baisse les yeux. « Puis elle s’est mise à me battre. Chaque jour. À tel point que j’ai décidé de m’enfuir. »

À présent, Theresia et deux de ses frères et sœurs plus jeunes vivent chez leur oncle. « La maison est petite mais la famille de mon oncle nous traite bien. Maintenant, ça va beaucoup mieux. Lorsque je me suis échappée de la maison de ma cousine, j’ai été chez une vieille voisine. » Theresia semble un peu honteuse et elle bouge sur sa chaise. « La voisine se prostituait dans un autre quartier de Bangui. Elle a permis que je reste là. Je ne connaissais pas d’autre endroit où j’aurais pu aller. En général, je dormais dehors, dans la cour, car il pouvait y avoir un bon nombre de clients dans la nuit et il n’y avait qu’une pièce, séparée par des draps de lit accrochés au plafond. »

Il est difficile de réaliser à quel point la vie a été dure pour ces enfants qui participent à l’atelier. Toute la semaine, la salle de classe a résonné des rires et des éclats de voix au cours de discussions fructueuses. C’est une semaine pleine de vie. Aucun des enfants n’avait pris de photo auparavant et un photographe professionnel leur enseigne les techniques de base. Avant qu’on ne leur mette entre les mains des appareils photo numériques, les enfants se répartissent en petits groupes pour décider des thèmes qui seront abordés.

Le groupe de Theresia opte pour la « santé » parce que dans le pays, tous les dix jours, près de 500 enfants meurent de maladies évitables et curables. Munis d’un appareil photo, d’un stylo et de papier, les membres du groupe se rendent dans les hôpitaux et les dispensaires pour s’informer sur la situation sanitaire et de salubrité des malades.

« Oh, j’aime tellement ça ! » s’exclame Theresia. « C’est formidable de prendre des photos et de parler à tous ces gens. Si ça ne tenait qu’à moi, je voudrais que cet atelier dure toujours, qu’il ne s’arrête jamais, » dit-elle en riant.

Theresia se rend régulièrement à Voix du Cœur, un centre soutenu par l’UNICEF et destiné aux enfants vulnérables vivant à Bangui. Tous les enfants qui participent à cet atelier connaissent bien le centre. Venant de familles désunies, vivant comme des orphelins, dans la rue, la majorité d’entre eux vont à Voix du Cœur pour avoir un repas, prendre un bain, pour rencontrer des amis, pour jouer ou pour assister à un cours. Pour eux, c’est l’occasion de quitter un moment le monde qui les entoure.

Bangui est la capitale d’un des pays les plus pauvres du monde, qui a du mal à se remettre de décennies d’instabilité politique. Plus de 60 % de la population vit avec moins de un dollar par jour, et doit se démener pour survivre dans un monde où les prix n’arrêtent pas de monter. Dans ce contexte difficile, de nombreux enfants sont gravement négligés, victimes de violence familiale, de mauvais traitements et du travail des enfants. Des centaines d’enfants ont franchi le seuil de Voix du Cœur.

L’atelier de photographie organisé par l’UNICEF veut donner à certains de ces enfants l’occasion de s’exprimer, dans une vie quotidienne d’abandon. En République centrafricaine, la jeunesse représente la majorité de la population, mais ses préoccupations sont rarement prises au sérieux.