REVER D’AVENIR QUAND ON A 16 ANS AU SAHEL
L’UNICEF et le Département d’Etat des Etats Unis contribuent à prévenir le recrutement et soutiennent la réintégration des enfants affectés par les conflits au Mali.
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Les zones du centre et du nord du Mali continuent d'être les plus affectées par une crise sécuritaire qui perdure depuis près de douze ans. Abdouramane, âgé de 16 ans, réside dans le nord du pays, plus précisément dans la région de Gao. Il n'a presque jamais connu autre chose que ce climat d'insécurité.
Les difficultés économiques rencontrées par sa modeste famille, durement affectée par la crise, ont interrompu sa scolarité très tôt. Errant sans but et face à un manque de perspectives pour les jeunes dans ces régions, Abdouramane a décidé de rejoindre un groupe armé actif dans le nord du Mali, dans le but d'aider à subvenir aux besoins de sa famille, qui a perdu toutes ses sources de revenus.
Au sein de ce groupe armé, Abdouramane exerçait le rôle de coursier, transportant de l'eau et du carburant vers les points de contrôle. Il préparait également des repas pour les membres du groupe, sous la supervision de son supérieur, le chef de poste. Pendant son temps avec le groupe armé, il a dû faire face à des conditions de vie précaires. Ce travail le mettait en danger, notamment en raison des longs trajets qu'il devait effectuer, souvent à travers des zones de conflit, rendant chaque mission de plus en plus risquée.
Abdouramane a quitté le groupe armé grâce aux efforts de sensibilisation menés par le Comité Local de Protection de l'Enfant (CLPE) concernant les violations graves des droits de l’enfant. Ces séances de sensibilisation ont eu un impact sur son oncle, qui a pris conscience du danger auquel son neveu était exposé. Grâce à son intervention et à l'engagement du CLPE, Abdouramane a pu être retiré du groupe.
En janvier 2024, Abdouramane est découvert par des membres du Comité Local de Protection de l’Enfant (CLPE) de sa commune. Il est ensuite orienté vers le Centre de Transit et d’Orientation (CTO) de Gao, où il bénéficie d'une prise en charge temporaire. Il reçoit un hébergement, une alimentation appropriée, des soins de santé ainsi que des vêtements. En outre, Abdouramane bénéficie d'un suivi psychologique. Grâce aux séances d'écoute et de conseil, il prend conscience qu'un avenir meilleur est envisageable. Il commence à envisager des projets, aspire à devenir commerçant et se projette dans un rôle respecté au sein de sa communauté.
Abdouramane reçoit un soutien pour son projet de commerce de produits alimentaires et ménagers. Il suit une formation de base en entrepreneuriat afin d'acquérir les compétences nécessaires à la gestion de son entreprise. Favoriser la réinsertion économique et sociale des jeunes anciennement associés à des groupes armés contribue à diminuer les risques de re-recrutement. Ces jeunes sont réunis avec leurs familles et font l'objet d'un suivi régulier jusqu'à ce que leur situation se stabilise.
Le rapport du Secrétaire Général des Nations Unies sur les enfants et les conflits armés indique que 691 enfants associés à des forces et groupes armés ont été recensés au Mali en 2023. Dans ce cadre, le projet « Prévenir le recrutement et soutenir la réintégration des enfants touchés par les conflits en Afrique occidentale et centrale » vise à répondre à cette crise. Il a permis à Abdouramane et à plus d'une dizaine d'autres jeunes d'espérer un avenir éloigné des combats et des groupes armés actifs dans le Sahel. Ce projet est financé par le Département d'État des États-Unis en collaboration avec l'UNICEF.
Le petit commerce d’Abdouramane attire les habitants de sa localité qui viennent acheter des produits de première nécessité. Il aide ses parents à subvenir aux besoins de la famille. L’adolescent a repris confiance en lui et pense déjà à développer son commerce et à embaucher d’autres jeunes qui ont connu la même situation que lui.
Son parcours est une source d'inspiration pour le village. « Je souhaite prouver aux autres jeunes qu'il est possible de réussir autrement et que le commerce peut nous permettre de construire une existence meilleure. Mon ambition est d'ouvrir une grande boutique à Gao, » déclare Abdouramane. Son expérience de réintégration au sein de sa communauté contribue également à renforcer la cohésion sociale du village. « Grâce à ce projet, ma vie a pris un nouveau tournant. Mon commerce m'a redonné dignité et confiance. Je désire que les autres enfants comprennent qu'il est possible de se reconstruire et d'avancer. »
* Le prénom a été changé pour protéger l'identité de l’enfant.