De survivants à agents de changement
L’UNICEF et les jeunes U-Reporters redonnent espoir à des milliers de personnes déplacées dans les camps de l’est de la RDC.
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Près de 7 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile en raison du conflit dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). La majorité sont des enfants et des jeunes qui survivent dans des camps surpeuplés, confrontés à la pauvreté, la violence et l'isolement.
Comme tous les jeunes Congolais, ceux déplacés par la violence aspirent à forger leur avenir et celui de leur pays malgré les défis. Justin, âgé de 26 ans, évoque son arrivée au camp de Bulengo à Goma, chargé d'appréhension et de souvenirs nostalgiques de son village natal.
« Un soir, j'ai entendu des tirs. Nous n’avons eu d'autre choix que de tout laisser derrière et de marcher des kilomètres et des kilomètres. À mon arrivée ici, je me sentais perdu, j’avais du mal à m’intégrer et j’étais très seul », explique Justin.
Des milliers de jeunes se trouvent dans les camps pour personnes déplacées de l’est de la RDC. Face à cette réalité, des membres de la communauté U-Report de Goma se sont rendus dans les camps pour apporter leur soutien, écouter leurs pairs déplacés et témoigner de leur solidarité.
Ils ont encouragé les jeunes déplacés à se rassembler, à s'organiser et à établir la première communauté U-Report dans un camp de personnes déplacées – c’est-à-dire un regroupement de jeunes volontaires qui expriment leurs préoccupations, trouvent des solutions et agissent pour un changement positif.
En parallèle, ils ont plaidé en faveur d'un renforcement de l'accompagnement des jeunes dans les camps. Suite à cela, l’UNICEF et le Ministère de la Jeunesse ont lancé une édition spéciale du U-Report Tour dans une vingtaine de camps pour aider les jeunes à devenir autonomes et à agir en tant qu’agents de changement.
Durant les premiers jours du U-Report Tour, les jeunes participants ont reçu les informations et compétences de base pour prendre de meilleures décisions, revendiquer leurs droits et s’organiser en communauté.
« La formation m'a montré que nous pouvons créer quelque chose de positif même en temps difficiles et m'a donné la confiance pour m'exprimer et agir pour le bien de la communauté », dit Sebashitsi, 28 ans.
Les jeunes ont ensuite été initiés à une activité de leur choix pour leur permettre de subvenir à leurs besoins. Ils pouvaient apprendre les techniques de savonnerie, la coiffure, la pâtisserie ou encore la couture – des activités très demandées dans les camps.
« J’ai créé ma propre entreprise de beignets que je vends dans le camp. Je ne compte plus sur l'aide humanitaire car je peux subvenir à mes propres besoins », explique Jeanine qui a reçu le matériel et les conseils nécessaires pour lancer sa petite entreprise.
Après une semaine de formations et d’échanges, les jeunes sont encouragés à se regrouper en communautés et à mener des actions pour améliorer la qualité de vie des enfants, des jeunes et des familles de leur camp.
Ces nouvelles communautés sont équipées pour améliorer la propreté dans les camps et cultiver des petits jardins potagers. De plus, elles reçoivent un ordinateur et deux smartphones afin de faciliter la recherche d'informations et la saisie d'opportunités en ligne.
Plus de 1.200 jeunes déplacés dans près de 20 camps ont bénéficié de cette édition spéciale du U-Report Tour qui a été entièrement cocréée avec les jeunes. Ils ont incité d’autres jeunes à se joindre à eux et à s’impliquer activement dans leurs communautés.
Ils ont également encouragé plus de 20.000 jeunes à faire entendre leur voix à travers la plate-forme virtuelle U-Report, développée par l’UNICEF.
« Devenir U-Reporter m’a permis de m’ouvrir au monde et de me sentir acceptée. J’ai gagné confiance en moi et j’ai compris l’importance de m’engager au service de ma communauté », explique Esther Nyota Mapendo, 20 ans, qui vit dans le camp de Shabindu-Kashaka.
L’engagement des jeunes U-Reporters dans les camps de l’est de la RDC démontre comment l'autonomisation des jeunes peut transformer leur rôle, les faisant passer de survivants à agents de changement, même en période de crise et d’incertitude.