Graves conséquences pour les enfants suite à la violence armée affectant les populations de deux villes à l’est de la RDC
La détresse de Grace*, 12 ans, qui a assisté à une décapitation, est une illustration de la souffrance des enfants.

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BUNIA, 24 JUIN 2021 - Les populations de deux petites villes de l'est de la République Démocratique du Congo (RDC) ont été forcées de fuir leurs maisons alors que la violence des groupes armés continue de faire payer un lourd tribut aux enfants et aux familles, a averti l'UNICEF.
Les récentes attaques contre Boga et Tchabi dans la province de l'Ituri ont été dévastatrices pour les enfants, dont beaucoup ont été témoins d'actes de violence brutaux commis par des assaillants utilisant des machettes et des armes lourdes.
L'UNICEF lance un appel de solidarité pour aider d’urgence les milliers de personnes contraintes de fuir les deux villes entre mai et juin 2021. Au total, on estime que plus de trois millions d'enfants ont été déplacés dans l'est du pays, dont beaucoup ont été séparés de leur famille.
Grâce* (nom changé), 12 ans, est un exemple typique de la souffrance récente des enfants. L'orpheline est arrivée non accompagnée dans un camp de Bunia, capitale de la province de l'Ituri, au début du mois de juin après avoir été séparée de sa grand-mère lors d’une attaque contre Boga, sa ville natale.
« Je regardais la télévision dans notre maison lorsque les hommes armés ont attaqué au milieu de la nuit », a-t-elle raconté. « Ils tiraient des balles partout et tout le monde a pris des chemins différents pour fuir. En fuyant, j'ai vu une mère dont la tête avait été coupée. Je demande au monde de ne pas ignorer la violence épouvantable qui se déroule ici. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour nous débarrasser des personnes qui tuent des civils innocents. »
Grace a réussi à trouver un véhicule qui emmenait les personnes déplacées de Boga à Bunia, un trajet de plus de 100 kilomètres. L'UNICEF et ses partenaires s'efforcent de la réunir avec sa grand-mère, car elles ont été séparées dans la panique de l'attaque. Elle est actuellement prise en charge par une mère adoptive dans un abri surpeuplé de l'un des deux principaux camps de Bunia qui comptent plus de 20.000 personnes déplacées.
Des attaques similaires menées par des combattants utilisant des machettes et des armes lourdes dans l'est du pays ont contraint des communautés entières à fuir avec le strict minimum de biens. Des familles entières, y compris des enfants, ont été tuées. Des centres de santé et des écoles ont été saccagés, et des villages entiers ont été incendiés.
Les attaques simultanées sur Boga et Tchabi ont forcé environ 90% de la population à fuir la région de Boga, les personnes déplacées cherchant refuge au nord, au sud et à l'est de la ville. « On estime qu'environ 30.000 personnes ont fui leurs foyers lors des récents déplacements, dont plus de 9.500 à Bunia », a déclaré Dr Ibrahim Cisse, responsable de l'UNICEF à Bunia.
La plupart de ces personnes déplacées ne vivent pas dans des camps, mais au sein de communautés d'accueil. Elles ont d’importants besoins humanitaires, notamment en nourriture, en articles ménagers essentiels et autres articles non alimentaires. L'UNICEF, à travers son programme de réponse rapide, distribue des milliers d'articles ménagers essentiels, des kits sanitaires et d'hygiène et fournit des bâches à plus de 4.000 ménages.
Dr Cisse a déclaré qu'il y avait peu de chances que les personnes déplacées puissent retourner chez elles en ce moment, malgré les opérations militaires visant à éliminer les groupes armés actifs dans la région de Boga.
L'UNICEF lance un appel urgent pour obtenir des ressources afin d'aider les personnes nouvellement déplacées, pour la plupart des enfants et des femmes, qui ont été victimes de graves violations des droits de l'Homme, notamment de viols. Le Plan d'intervention humanitaire des Nations Unies n'est financé qu'à hauteur de 35% environ.
Parmi les priorités de l'UNICEF figurent la réunification des enfants séparés de leur famille et recrutés par des groupes armés, ainsi que l'amélioration de l'accès des personnes déplacées aux produits de première nécessité, notamment les soins de santé, la nutrition, l'eau potable et l'éducation.
Un rapport de l'UNICEF publié en début d'année appelle à la fin du conflit qui a provoqué l'une des pires crises humanitaires au monde, poussant 1,6 million de personnes à quitter leur foyer au cours des seuls six premiers mois de 2020. Les chiffres de l'ONU montrent qu'il y a actuellement 5,2 millions de personnes déplacées en RDC, soit plus que dans n'importe quel pays à l'exception de la Syrie.
Dans les provinces les plus touchées par la violence, à savoir l'Ituri, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et le Tanganyika, plus de huit millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire aiguë.
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