Jacques, de retour à l'école !
“Avant, je faisais 20 buttes par jour ! Maintenant j’apprends de nouvelles choses à l’école.” Jacques

Jacques, 9 ans, avait à peine fini la classe de CP2, lorsqu’il a arrêté l’école. Il ne se souvient plus de la raison. Mais il se rappelle très bien qu’après cette période, il a travaillé aux champs avec ses parents. La pratique culturelle des communautés Lobi est le travail collectif dans les champs. Malheureusement, plusieurs familles ne pouvant pas recruter des agriculteurs pour effectuer les travaux de labour, à cause de leurs faibles revenus, se rabattent sur leurs enfants. Ce fut le cas de Jacques. Jacques est d’origine burkinabée. Ayant fui la crise du sahel qui touche son pays, sa famille et lui vivent désormais à Notadouo, un village de la région du Bounkani, près du camp de Timalah où sont installés les demandeurs d’asile du Burkina Faso.
Jacques fait partie des élèves de la classe passerelle de l’école primaire publique de Notadouo. Cette classe regroupe 24 enfants de 8 à 12 ans qui n’ont jamais eu la chance d’être scolarisés ou qui ont été déscolarisés. Avec le financement de l’UNICEF, ce groupe d’enfants bénéficie de l’encadrement d’une enseignante bénévole et de matériels didactiques.
Je faisais 20 buttes par jour ! Maintenant j’écris des chiffres et j’apprends de nouvelles choses à l’école. Quand tu vas à l’école, ton esprit s’ouvre.

Jacques est membre d’une fratrie de 9 enfants. Il vient chaque matin à l’école avec sa grande sœur qui est âgée de 10 ans. Les deux suivent ce programme de rattrapage scolaire qui à terme, leur permettra d’intégrer le système formel.
Plus tard, je deviendrai instituteur.
Jacques parle correctement sa langue maternelle, le lobi. Il comprend le Français, mais rencontre encore des difficultés lorsqu’il s’agit de s’exprimer à l’oral. Il n’est pas le seul. Dans sa classe, les enfants parlent le lobi lorsqu’ils se retrouvent entre eux pourtant le français est la langue principale de l’école. En effet, le contact assidu avec le français est encore récent et il se fait uniquement en classe. Cependant chacun fournit des efforts pour répondre à la maitresse avec entrain pendant les activités.
À l’école j’apprends à lire…je connais les nombres et je sais compter jusqu’à 20. Mon chiffre préféré est 6.
En le disant, Jacques écrit spontanément le chiffre 6 sur le sable.

La Côte d'Ivoire continue d'être affectée par les répercussions de la crise du Sahel central. Selon le HCR, à la date du 28 Novembre 2023, le nombre de demandeurs d’asile d’origine burkinabée accueillis en Côte d'Ivoire s'élevait à plus de 43.000 personnes dont 57% sont des enfants.
Dans cette vision, l’UNICEF, avec l’appui de KOICA et en soutien au ministère de l’éducation nationale, finance des activités qui visent à assurer la continuité éducative des enfants et à améliorer la scolarisation des enfants issus des localités hôtes. À cet effet, dans la région du Boukani, 684 enfants des demandeurs d’asile et 1003 enfants non-scolarisés issus de 13 localités hôtes ont été identifiés pour bénéficier d’un accès à l’école primaire. Avec l’appui des services administratifs de l’éducation de Téhini, Doropo et de Bouna, des alternatives d’éducation ont été organisées pour les enfants des communautés d’accueil et pour les enfants des demandeurs d’asile. Ils bénéficient d’apprentissages fondamentaux en français.