La crise au Centre Sahel
Note de plaidoyer | Octobre 2020

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Points forts
La recrudescence de la violence armée au Burkina Faso, au Mali et au Niger a un impact dévastateur sur la survie, l’éducation, la protection et le développement des enfants : 7,2 millions d'enfants ont besoin d'une aide humanitaire. Le Sahel a été pendant longtemps l’une des régions les plus vulnérables d’Afrique, abritant certains pays ayant les indicateurs de développement les plus faibles au monde. La pandémie de COVID-19 ajoute des risques supplémentaires sur le sort et la sécurité de millions d’enfants déjà affectés par la crise humanitaire.
La présente note de plaidoyer met en lumière les incidences de l’insécurité et la COVID-19 sur les enfants et leur famille. Elle appelle à mettre un terme aux attaques et aux menaces et à rendre disponibles les ressources humaines et financières nécessaires pour répondre aux besoins colossaux et évidents de la population, et favoriser l’accès des enfants aux services sociaux de base.
Fichiers téléchargeables
Une urgence exacerbée
La forte augmentation des attaques armées contre les communautés, les écoles, les centres de santé et les autres institutions et infrastructures publiques a atteint des niveaux sans précédent. La violence perturbe les moyens de subsistance et l’accès aux services sociaux notamment l’éducation et les soins de santé. L’insécurité exacerbe les vulnérabilités chroniques, y compris les niveaux élevés de malnutrition, les maladies infantiles, le faible accès à l’eau potable et aux installations sanitaires.
Au cours des 12 derniers mois, le nombre d’enfants ayant besoin d’une assistance humanitaire dans les trois pays est passé de 4,3 millions à 7,2 millions. Des efforts renouvelés, accrus et concertés doivent être déployés si nous voulons endiguer les violences actuelles et les empêcher de gagner les pays voisins.
La crise au Centre Sahel en bref

Au cours des 2 dernières années, les groupes armés ont intensifié leurs attaques dans certaines parties du Burkina Faso, du Mali et du Niger. L’insécurité se propage à un rythme inquiétant. Les femmes et les enfants sont les premières victimes de la violence.
L'impact sur l'éducation
L’éducation est un défi majeur dans les pays touchés. Dans la région du Sahel Central, les attaques et les menaces contre les écoles et les élèves deviennent de plus en plus courantes. Ce qui aggrave encore la situation des enfants. Par ailleurs, la COVID-19 aggrave encore la situation déjà critique des enfants du Sahel Central - en particulier les filles, les enfants déplacés et ceux qui vivent dans la rue.
Depuis fin mars 2020, les écoles ont été totalement ou partiellement fermées dans les trois pays pour limiter la propagation du coronavirus, affectant ainsi l’éducation de millions d’enfants temporairement non scolarisés. Déjà dans la région, 8,3 millions d’enfants, âgés de 6 à 14 ans, n’étaient pas scolarisés et n’ont pas accès à l’enseignement à distance. Entre avril 2017 et juillet 2020, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont connu une multiplication par sept des fermetures d’écoles en raison de la violence.
L'impact sur la protection de l'enfant
Cette urgence complexe est une crise des soins et de la protection des enfants. Les enfants et leurs familles qui fuient les conflits sont davantage exposés à la violence, à l’exploitation et au recrutement par des groupes armés non étatiques.
En 2019, rien qu’au Mali, 745 cas de violations graves contre des enfants – le nombre le plus élevé enregistré depuis 2017 – ont été enregistrées par les Nations Unies, notamment le recrutement par des groupes armés, les meurtres, les mutilations, les viols et autres violences sexuelles, les attaques contre les écoles et les hôpitaux, les enlèvements et le refus d’accès aux services humanitaires.
L’insécurité s’ajoute aux défis chroniques déjà importants auxquels sont confrontés les enfants au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Pour les enfants qui ont été déplacés de force, il existe un risque croissant de séparation d’avec leurs proches et de violence sexuelle et physique, aggravant les inégalités existantes.
L'impact sur les services sociaux de base
L’accès aux services de base, notamment les soins de santé, la nutrition, l’éducation, l’eau potable et les autres services sociaux, a été sérieusement compromis, affectant tous les aspects de la vie des enfants : leur sécurité, leur santé et leur bien-être. Les enfants déplacés et leurs familles sont hébergés dans des communautés qui, avant la crise, avaient un accès limité aux services sociaux, mettant encore plus de pression sur ces communautés.
- De nombreux enfants continuent de ne pas bénéficier de la vaccination systématique en raison de la violence armée et de l’insécurité, qui endommagent et affaiblissent les systèmes de santé, perturbent la prestation des soins de santé courants et détournent les faibles ressources humaines et financières de la santé vers les priorités de sécurité.
- Le nombre d’enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë sévère et globale en 2020 pourrait augmenter encore de 21 pour cent dans les pays du Centre Sahel. Cela porterait le nombre total d’enfants malnutris dans les trois pays à 2,9 millions, dont 890 000 enfants à risque de malnutrition aiguë sévère.
- La forte augmentation des populations déplacées en 2019 et l’insécurité ont mis sous pression les infrastructures d’Eau, hygiène et assainissement (WASH) des communautés d’accueil. En l’espace d’un an, le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire WASH a presque doublé, atteignant un total de 6,7 millions à la fin juin 2020.
