Agir maintenant afin de prévenir une crise alimentaire en Afrique de l’Ouest et du Centre

L’UNICEF et le PAM appellent à l’action face à la dégradation de la situation

UNICEF et PAM
Malnutrition Crisis
UNICEF/UNI317114/Coulibaly
16 juillet 2020

En 2020, 15,4 millions d’enfants de moins de cinq ans [1] souffriront de malnutrition aiguë, parmi lesquels 4,9 millions d’enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre seront frappés par les formes les plus sévères si des mesures appropriées ne sont pas prises maintenant. Ne pas intervenir immédiatement pour protéger la nutrition des enfants contre les multiples crises entraînera une hausse de la morbidité et de la mortalité, de graves dommages sur les systèmes et des impacts négatifs à long terme sur les populations et les économies.

L'Afrique de l'Ouest et du Centre est à l'aube d'une des pires crises alimentaires et nutritionnelles si aucune mesure immédiate n'est prise pour prévenir et préparer les communautés à travers le Sahel. Le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad sont particulièrement à haut risque avec une tendance à la hausse des enfants souffrant de malnutrition aiguë depuis 2015 comme le montre la figure 1.


[1] Ces chiffres incluent la RDC et représentent le nombre annuel total d'épisodes de malnutrition aiguë, y compris les nouveaux cas et les rechutes. Un enfant peut avoir plusieurs épisodes en un an. Selon les estimations conjointes de l'UNICEF, de l'OMS et de la Banque mondiale sur la malnutrition (édition 2020), 7,3 millions d'enfants souffraient d'émaciation (grave et modérée) en Afrique de l'Ouest et du Centre en 2019.

Figure 1 FR
UNICEF

Les conflits et la violence armée ont provoqué des déplacements massifs de population et un accès considérablement limité aux services sociaux de base, entraînant une augmentation de la malnutrition infantile à des niveaux sans précédent et mettant en danger la vie et les moyens de subsistance des populations.

En raison des facteurs aggravants qui se chevauchent, l'établissement de priorités en fonction du niveau de risque est essentiel pour décider et ajuster les interventions clés. À ce titre, l'UNICEF et le PAM ont procédé à une analyse conjointe des points chauds pour la sécurité alimentaire et la nutrition, comme le montre la figure 2 ci-dessous. Cette cartographie a permis d'identifier les zones de priorité très élevées et élevées, qui abritent respectivement 20% et 67% du total des enfants émaciés dans ces 6 pays.

Sahel Map
UNICEF

L'analyse réalisée pour les 6 pays du Sahel a montré qu'environ 5,4 millions d'enfants seront touchés par la malnutrition aiguë en 2020.

D’après les prévisions, le nord du Mali, le Liptako Gourma, le bassin du lac Tchad et le Tchad connaîtront un impact plus négatif, étant donné qu'il s'agit de zones déjà gravement affectées par plusieurs crises humanitaires.

Réponse de l'UNICEF et du PAM à la crise nutritionnelle: intégrer la réponse au COVID-19 pour un impact à plus long terme dans le Sahel

L'UNICEF et le PAM élaborent une approche conjointe pour fournir un paquet intégré axé sur le continuum de soins, de la prévention au traitement de la malnutrition aiguë dans les domaines prioritaires, comme identifié par l'analyse des points chauds.

Mise à l’échelle immédiate du paquet intégré de prévention et de traitement de la malnutrition aiguë dans les zones prioritaires

Le partenariat renouvelé UNICEF-PAM pour lutter contre la malnutrition aiguë chez les jeunes enfants est essentiel dans ce contexte actuel. Le partenariat soutient la mise en œuvre d'un paquet intégré de soins, en mettant l'accent sur la mise à l’échelle des interventions de prévention, afin d'éviter que les enfants ne souffrent de malnutrition aiguë et assurer une croissance et un développement adéquats.

L'UNICEF et le PAM estiment que le paquet de prévention, qui soutient la nutrition maternelle, les pratiques optimales d'alimentation des nourrissons et des enfants, l'accès à l’eau potable, l'hygiène et l'assainissement, ainsi que l'assistance alimentaire aux enfants et aux mères vulnérables et la sécurité alimentaire des ménages sont essentiels. En plus de la prévention, l'UNICEF et le PAM, soutiennent les systèmes de soins de santé primaires pour assurer la mise en œuvre du dépistage précoce et du traitement de la malnutrition aiguë, ainsi que la prise en charge des maladies infantiles, de manière à avoir un impact sur les enfants tout en étant pris en charge par les systèmes nationaux de façon durable. L'UNICEF et le PAM collaborent avec les pays pour veiller à ce que l'approche intégrée de prévention et de prise en charge de la malnutrition aiguë soit spécifique au contexte et que les efforts soient axés sur la prestation de services de qualité à grande échelle, tout en atténuant la propagation de la COVID-19.

Limitation de la transmission du COVID

Au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Sénégal et au Tchad, l'UNICEF, l'OMS, le PAM et d'autres partenaires soutiennent les ministères de la Santé ainsi que les autres partenaires œuvrant dans le domaine de la nutrition pour maintenir le programme de nutrition tout en limitant la propagation du virus et ses impacts négatifs sur les enfants de moins de 5 ans et les mères. Dans toutes les activités de nutrition, les messages clés sur la COVID-19 ont été intégrés et sont largement diffusés au niveau de la communauté et des établissements de santé pour mieux protéger la santé et l'état nutritionnel des enfants de de moins de 5 ans et des mères.

Maintien des services essentiels

Les services essentiels de nutrition visent à prévenir la malnutrition dans la petite enfance. L'UNICEF travaille en collaboration avec les gouvernements, l'OMS, le PAM et d'autres partenaires pour soutenir des pratiques d'alimentation adéquates et faire en sorte que les besoins nutritionnels essentiels des nourrissons et des jeunes enfants soient satisfaits grâce à : la protection; la promotion et le soutien de l'allaitement maternel; l'alimentation complémentaire et un régime alimentaire saint; ainsi que grâce la continuité et l’adaptation de la supplémentation en vitamine A et le déparasitage. Le travail dans ce domaine inclut un solide plaidoyer pour : s'assurer que les nouveau-nés ne sont pas séparés de leurs mères et que les nourrissons et les jeunes enfants sont allaités de manière adéquate; intensifier le soutien aux familles sur les régimes des jeunes enfants en utilisant des outils et des plateformes de communication pratiques; promouvoir et soutenir la disponibilité et l'accès à des aliments sains et contrôler la promotion ou la distribution illicite/contraire à l'éthique des substitut du lait maternel et des aliments malsains.

Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, les capacités des systèmes de santé déjà faibles dans les six pays du Sahel sont mises à l'épreuve par la demande accrue de soins dans les établissements de santé et les risques accrus de contamination des agents de santé qui pourraient résulter de la pandémie. L'UNICEF continue d'apporter techniquement et financièrement un soutien dans les pays aux ministères de la santé afin de renforcer les systèmes de santé. Un accent particulier est également mis sur les plateformes communautaires existantes qui peuvent jouer un rôle essentiel dans la continuité des services pour les enfants de moins de 5 ans et les mères. Il en résulte que, pour ce qui est du recours à la mesure du périmètre brachial (PB), l’approche familiale est de plus en plus privilégiée au niveau national pour faire de telle sorte que les enfants de moins de 5 ans fassent l’objet d’un dépistage continu de la malnutrition aiguë et soient orientés en conséquence.

L'UNICEF et le PAM continuent d'étudier et d'appuyer les initiatives visant à adapter les approches de dépistage précoce et de traitement et de soins aux enfants souffrant de malnutrition aiguë réalisables aux niveaux sanitaire et communautaire. Compte tenu du contexte COVID-19, qui aggrave les systèmes en plus de l'insécurité civile, les protocoles de traitement doivent être adaptés partout où les agents de santé ne sont pas disponibles et des agents de santé communautaires et des bénévoles doivent être appelés pour les remplacer. Cela garantira que les ressources disponibles dans les deux agences soient utilisées de façon optimale pour garantir la meilleure couverture en termes de traitement et de prévention, dans le cadre d’un seul et même programme.

Woman feeding child
UNICEF

Sécurisation de la chaîne d'approvisionnement et pré-positionnement des fournitures essentielles

Pour le traitement de l'émaciation modérée, le PAM travaille sur des aliments de supplémentation prêts à l'emploi (RUSF) et d'autres aliments spécialisés. L'UNICEF continue de travailler sur les médicaments essentiels, les laits thérapeutiques et les aliments thérapeutiques prêts à l'emploi (ATPE) nécessaires au traitement des enfants souffrants de malnutrition aigüe sévère. Cela comprend la formation du marché, l'approvisionnement, la logistique, le soutien à la production locale et à la chaîne d'approvisionnement du pays jusqu'au dernier kilomètre. L'intégration au système national de santé et à la chaîne d'approvisionnement continuera d'être renforcée. Dans les domaines où l'accès aux services est difficile, l'UNICEF et le PAM mettront en œuvre conjointement des approches innovantes et simplifiées, notamment l'essai d'un seul produit pour le traitement de l'émaciation afin de gagner en efficacité, d'augmenter la couverture des services de nutrition et de soutenir l'élaboration d'un modèle plus efficace de prestation de services de nutrition.

Avec la détérioration prévue de la situation nutritionnelle en 2020, liée à l'impact de COVID-19 sur les systèmes alimentaires et les systèmes de santé, l'UNICEF et le PAM se sont engagés à garantir la disponibilité de la nutrition, des vivres et des espèces pour prévenir et traiter la malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans ainsi que pour les femmes enceintes et allaitantes. En conséquence, les bureaux de pays de l'UNICEF ont déjà commandé des fournitures nutritionnelles supplémentaires pour pouvoir prépositionner les stocks aux niveaux national et infranational et réagir rapidement à une augmentation de la demande. De même, le PAM a accordé la priorité à ses interventions nutritionnelles, alimentaires et monétaires pour traiter et prévenir une nouvelle détérioration de la sécurité alimentaire et de la situation nutritionnelle. Des stocks supplémentaires, pour le traitement et la prévention de la malnutrition ainsi que pour les interventions d'urgence générales, ont été prépositionnés plus près des bénéficiaires.

Prévention axée sur des aliments et des systèmes alimentaires plus forts

La fermeture des marchés, commerces et entreprises causée par les mesures de confinement prises par les gouvernements nationaux du fait de la COVID-19 pourrait compromettre le pouvoir d’achat des consommateurs et entraîner une perte de revenus des détaillants et des producteurs. Avant la pandémie de COVID-19, les analyses effectuées dans 4 pays, au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie et au Niger en l’occurrence, ont démontré qu’en moyenne la moitié des ménages n’avait pas les moyens d’acheter des aliments nutritifs, une situation qui a contribué à l’installation de pratiques d’alimentation malsaines et de la malnutrition. La hausse des prix des denrées alimentaires, en plus de la mauvaise alimentation préexistante des nourrissons et des jeunes enfants aggravera cette situation chez les jeunes enfants.

Dans ce contexte, l'UNICEF et le PAM continuent d'apporter un soutien actif aux gouvernements en vue d’améliorer l'alimentation des jeunes enfants pendant la période d'alimentation complémentaire grâce à la mise en œuvre des cadres multisectoriels First Foods (Premiers Aliments) de l'UNICEF. Cela comprend également un soutien à la production locale d’aliments complémentaires, déjà en cours dans certains pays avec l’assistance technique du PAM au secteur privé et public. En outre, le PAM aide également les pays à œuvrer en faveur de « solutions à base de denrées alimentaires locales » pour prévenir la malnutrition aiguë chez les enfants et les femmes dans le cadre de l'approche plus large visant à améliorer les pratiques d'alimentation complémentaire. En effet, la crise de la COVID-19 a mis une pression supplémentaire sur l'approvisionnement mondial en aliments nutritifs spécialisés (ANS). Bien que l'importation internationale des ANS soit toujours possible, le PAM travaille avec les 6 pays du Sahel pour s'assurer que des stratégies supplémentaires sont en place et dépendent de l'approvisionnement local en aliments nutritifs. Avec cette approche, le PAM accorde une attention égale à l'offre, à la demande ou à l'accès à une alimentation diversifiée et saine composée d'aliments complémentaires produits localement ou à un panier alimentaire composé d'une variété d'aliments nutritifs. Cela est particulièrement important dans une situation de perturbation de la chaîne alimentaire internationale et/ou nationale, comme cela a été démontré au début de la crise de la COVID-19. La diffusion du cadre mondial pour l'amélioration de l'alimentation des nourrissons et des enfants, développé par l'UNICEF ainsi que l'étude sur la production, la qualité et le marché des farines infantiles produites localement au Sahel complètent ces efforts pour améliorer l'alimentation des enfants à travers une approche systémique des domaines de la santé, de la politique sociale, de l'alimentation.

Protection sociale – Remises d’espèces

Étant donné que la pandémie ralentit les économies, l’accès à des aliments sains sera rendu plus difficile en raison des pertes de revenu et d’emplois, ainsi que de la moindre disponibilité des aliments sur les marchés locaux. Il convient, en priorité, de se focaliser sur la mise en œuvre de mesures de protection sociale efficaces, comme les remises d’espèces et l’investissement dans des efforts de redressement rapide en réponse à la COVID-19 et afin de protéger les moyens de subsistance et de satisfaire les besoins nutritionnels des populations, en particulier ceux des enfants et des femmes vulnérables enceintes ou allaitantes. Le PAM et l’UNICEF renforcent les efforts visant à élargir les mécanismes de protection sociale afin d’atténuer les impacts socio-économiques du COVID-19 comme l'accès à une alimentation saine et nutritive. Cela est particulièrement important dans les zones urbaines où les revenus quotidiens des ménages sont générés par le secteur informel.

Eau, Hygiène et Assainissement (WASH)

L'état nutritionnel des enfants peut être affecté par des maladies d'origine hydrique telles que la diarrhée ou des maladies vectorielles telles que le paludisme, dont la haute saison de transmission arrive très bientôt. Plusieurs études, dont certaines menées par l'UNICEF, ont démontré l'importance cruciale de l'accès à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène pour la santé des enfants et l'état nutritionnel en particulier.

L'UNICEF et les partenaires du secteur WASH fourniront un ensemble de services intégrés grâce à la fourniture de services d'eau, d'assainissement et d'hygiène aux ménages les plus vulnérables dans les zones à forte prévalence de dénutrition. Les activités se concentrent spécifiquement sur les enfants de moins de cinq ans et leurs tuteurs, soutenant l'amélioration des pratiques d'assainissement et d'hygiène. L'UNICEF contribuera également à la fourniture et au maintien d'un minimum de services WASH dans les centres de santé et de nutrition des régions ciblées. Toutes les stratégies et normes opérationnelles pour l'intégration des activités WASH et Nutrition sont développées et validées par tous les partenaires au sein des groupes de travail nationaux WASH-Nutrition.

Malnourished Child
UNICEF

Comment les partenaires peuvent-ils investir dans une réponse durable à la question de la malnutrition ?

Compte tenu du fait que la COVID-19 met à nu la fragilité des systèmes sanitaire et alimentaire et de la nutrition des populations au niveau mondial, il est impératif de saisir l’occasion qui se présente pour mieux reconstruire. Des mesures urgentes sont nécessaires pour :

  • Veiller à ce que les gouvernements, les agences des Nations Unies et leurs partenaires aient la capacité d’améliorer leur réponse, dans une région où la communauté humanitaire est un important pilier des systèmes nationaux.
  • Promouvoir et renforcer les réponses multisectorielles et multi-systèmes parmi les partenaires institutionnels et opérationnels, afin de mieux prévenir et combattre la malnutrition chez les enfants et les mères de moins de 5 ans dans une perspective à long terme.
  • Améliorer la coordination entre les efforts humanitaires et de développement, de telle sorte que nous puissions nous attaquer efficacement à toutes les vulnérabilités actuelles ou à venir. La réponse nutritionnelle doit aller au-delà de la réponse urgente à la pandémie et garantir la capacité de maintenir les services essentiels pour la prévention et le traitement de la malnutrition.
  • Élargir le soutien à la prévention basée sur l’alimentation, veiller à ce que les actions nécessaires pour ce qui est des volets de la demande et de l’offre soient prises en considération de manière égale.Aider les États à mettre en place des mécanismes de filets sociaux dans des contextes dans lesquels les restrictions nécessaires sont susceptibles d’induire une plus grande vulnérabilité au sein de la population et, en conséquence, détériorer davantage la situation humanitaire.  
  • Poursuivre, voire augmenter, les investissements dans la bonne gouvernance et le renforcement des capacités du système afin que les avancées déjà enregistrées soient protégées et que les possibilités d’avancées actuelles, pendant et après l’ère du COVID-19, soient garanties.

Quels sont les montants nécessaires pour fournir un appui nutritionnel aux enfants du Sahel ?

Un financement urgent est requis pour une réponse efficace en termes de nutrition préventive et curative pour les populations du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal et du Tchad. Si nous devons veiller à ce que les ressources nécessaires soient disponibles pour lutter contre la COVID-19 dans la région, il est important que les financements soient effectivement consacrés aux appels humanitaires, notamment ceux concernant la malnutrition, dans la région. 

Appel humanitaire du PAM

 

Pays

Exigences de financement (USD)

Déficit de financement (USD)

Déficit de financement (%)

 

Burkina Faso

101 896 375 $

64 103 721 $

63%

 

Tchad

164 406 081 $

60 211 066 $

37%

 

Mali

113 861 026 $

53 636 136 $

47%

 

Mauritanie

30 281 958 $

20 638 911 $

68%

 

Niger

129 646 953 $

71 550 000 $

55%

 

Sénégal

11 562 825 $

9 185 891 $

79%

 

TOTAL

551 655 218 $

279 325 725 $

51%

 

 

Appel humanitaire de l'UNICEF 2020 pour les enfants, notamment la réponse de malnutrition au COVID-19

Pays

Exigences de financement

(USD)

Déficit de financement (USD)

Déficit

(%)

Burkina Faso*

 21 815 100 $

 11 815 686 $

54%

Tchad

 34 255 381 $

 25 006 240 $

73%

Mali*

 22 225 000 $

 14 028 810 $

63%

Mauritanie

 9 000 000 $

 8 038 483 $

89%

Niger

 27 860 000 $

 18 786 568 $

67%

Sénégal**

 8 430 000 $

 5 436 490 $

64%

TOTAL

123 585 481 $

83 112 277 $

68%

* Y compris les exigences de santé pour la réponse au C19

* Y compris les exigences de santé et WASH (PCI) pour la réponse au C19

Voyez le Communiqué de presse