Loin de la maison mais prête pour l'école
Le village de Leila a été attaqué et sa famille a dû fuir pour avoir la vie sauve, laissant derrière elle tout ce qu'elle avait.

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Leila* est assise sur une natte dans une tente fournie par l'UNICEF dans un site pour personnes déplacées à l'extérieur de Mopti. Elle n'est pas encore à l'école, mais une tente devant servir d'école est en cours d'installation tout près et devrait être fonctionnelle sous peu.
« Je ne suis pas allée à l'école ça fait des mois », rappelle-t-elle. « Je suis enthousiasmée à l'idée d'avoir une école si proche. »

Elle vit dans ce site depuis trois mois maintenant. Sur ce site bondé, enveloppé comme d'un nuage par la tristesse d'une population de déplacés, Leila est loin de l'enfance joyeuse qu'elle a connue jadis. Pendant qu'elle parle, une lueur scintille au fond de ses yeux, malgré la tristesse.
« Nous avions pour habitude d'aller chercher de l'eau au puits où nous étions accoutumées des jeux. C'était très drôle. »
« Nous avions pour habitude d'aller chercher de l'eau au puits où nous étions accoutumées des jeux », raconte Leila. « Nous pouvions y rester et nous asperger les unes les autres et en rire. C'était très drôle. »
Elle vient de la région de Mopti au Mali. Elle était heureuse à l'école et aimait étudier les mathématiques. Sa région était jusque-là épargnée alors que le nord sombrait dans une crise sécuritaire, mais le conflit se déplace à présent vers le sud, plus près de la maison de Leila.

« Nous avons entendu dire que le village voisin avait été attaqué », raconte Leila. « Tout le monde était nerveux, et notre école a été fermée pendant environ quatre ou cinq jours. Nous sommes restés à la maison. »
Les attaques interethniques dans le centre du Mali sont tragiquement devenues monnaie courante. Les raids lancés au milieu de la nuit et aux premières heures du matin prennent les villageois au dépourvu. Leur bétail est abattu ou volé, les greniers sont incendiés et des familles sont tuées. Ces tactiques de terreur ont entraîné le déplacement de milliers de personnes dans le centre du Mali et ont touché des enfants comme Leila.
« Nous avons tout à coup entendu des hommes crier et hurler, et nous avons entendu plusieurs coups de feu », se souvient Leila. « Nous avons couru, et regardant en arrière, j'ai vu tout brûler. »
« Nous avons tout à coup entendu des hommes crier et hurler, et nous avons entendu plusieurs coups de feu »

De manière dispersés et terrifiés, Leila et les membres de sa famille ont couru jusqu’au prochain village, essayaient de s’assurer que tout le monde était hors danger.
« Le lendemain, nous sommes retournés au village », poursuit Leila. « Il n'en restait plus rien, juste des tas de cendre en lieu et place de nos maisons ».
Le village de Leila a été réduit en cendre. Des attaques similaires se produisent maintenant avec une régularité alarmante dans le centre du Mali.
Cette violence entraîne une vague de personnes déplacées qui, tout comme Leila, sont à la recherche d'un lieu sûr. D'après le Gouvernement et l'OIM, près de 50 000 personnes sont aujourd'hui déplacées dans la région de Mopti. La grande majorité d'entre eux sont des enfants désormais loin de leur foyer, de leur école et de leur vie. Grâce au soutien des partenaires humanitaires, l'UNICEF et le système des Nations Unies travaillent en synergie avec les autorités locales et les ONG en vue d'aider les enfants les plus touchés, y compris ceux qui ne se trouvent pas dans des site officiels de déplacés ou qui séjournent dans des familles d'accueil.
Sur le site informel établi dans la ville de Sévaré, Leila et sa famille sont en sécurité mais, loin de leurs cultures et de leurs poules, se nourrir est un défi.
Leila a hâte de retourner à l'école, mais sa vie est loin de ce qu'elle avait été autrefois. Chaque occupant du site se remet du traumatisme de la violence et du déplacement, et certaines familles acceptent psychologiquement la perte de leurs proches.
Bien que Leila soit confrontée à de nombreux défis, elle a bénéficié de certaines interventions critiques à ce stade de sa vie. L'UNICEF et les autorités locales de Mopti ont aidé sa famille en approvisionnant le site en abri, en eau et en médicaments. Une tente a été réservée aux activités ludiques et au soutien psychosocial en vue d'aider les enfants à se remettre avec la thérapie du jeu. Grâce à un dosage de chansons, d'activités et d'apprentissage, COOPI, partenaire de l'UNICEF, par l'intermédiaire de travailleurs sociaux, de psychologues et d'animateurs formés, aide les enfants à retrouver leur sourire en mettant à leur disposition un nouveau cadre pour retrouver leur enfance.

Mais sa famille attend toujours les nouvelles de son oncle disparu et présumé mort. Il avait autrefois encouragé Leila à s'adonner aux études et à briller à l'école, et maintenant qu'il n'est plus là, il lui manque terriblement. Pour elle, retourner à l'école n'est pas seulement une façon de restaurer un sentiment de retour à la vie normale. C'est une façon de rendre hommage à son oncle et de tenir sa promesse.
*Le nom a été changé