Le bon départ dans la vie
Au Mali, les services de santé travaillent maintenant main dans la main avec les services de protection pour s'assurer que les nouvelles naissances sont enregistrées et que les enfants bénéficient de leur premier droit - le droit à une identité.
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La taille de Fatouma Traoré ne reflète pas son âge. Cette femme de petite taille, âgée de 43 ans, est mère de quatre enfants et allaite toujours son plus jeune bébé, Drissa, qui a maintenant presque un an. Au cours de sa première grossesse, Fatouma a pris le temps de s'absenter de ses tâches ménagères et de son petit commerce pour participer aux discussions communautaires avec le personnel du centre de santé communautaire de Kaboïla (CSCom), venu dans son village.
« J'ai suivi leurs conseils.... tous mes enfants sont nés au centre de santé communautaire de Kaboïla sans aucune difficulté, et ils sont tous vivants aujourd'hui. »
Le centre de santé communautaire de Kaboïla est situé à 12 kilomètres de la ville commerciale et animée de Sikasso, qui donne également son nom à la région située au sud-est du Mali. Le centre de santé est géré par Oumar Doumbia, qui y travaille depuis 2009. Les agents de santé communautaires encouragent les femmes enceintes à se rendre au centre de santé. « Notre couverture de population est d'environ 9 980 personnes, nous prévoyons donc d'avoir environ 42 nouvelles femmes enceintes chaque mois, c'est-à-dire des femmes qui assistent à leur première consultation prénatale. Le mois dernier, en mai, nous n'avions que 17 nouvelles participantes enceintes. En avril, le mois précédent, ils étaient jusqu'à 47. »
Fatouma se rend maintenant régulièrement au centre de santé communautaire de Kaboïla pour recevoir les vaccins dont Drissa a besoin pour le protéger contre des maladies comme la diphtérie et la polio, et pour surveiller sa croissance. Les données du centre de santé ont aidé son mari à lancer le processus d'enregistrement de la naissance de Drissa quelques semaines plus tard.
La tradition locale au Mali prescrit le repos pour les femmes après l'accouchement, de sorte que la plupart restent chez elles les 40 premiers jours après l'accouchement. Les familles attendent sept jours, lors du baptême de l'enfant, pour recevoir le nom que le père a choisi pour le bébé. Oumar Doumbia explique qu'en compilant les dossiers familiaux, ils laissent cet espace vide. « L’enregistrement de naissance que nous faisons ici est totalement gratuit. Le père de l'enfant ou tout parent adulte de sexe masculin revient ici pour nous donner le nom après le baptême. C'est alors que nous remplissons l'espace vide. Nous leur remettons ensuite le papier de déclaration, qu'ils apportent à la mairie pour demander l'acte de naissance. »
Il n'y a aucun dossier ou trace d'enfants qui meurent à l'extérieur du centre de santé communautaire parce que les familles ne signalent pas les décès.
De même, la plupart des familles ne retournent pas au centre de santé pour signaler quand le nouveau-né ne survit passa première semaine de vie. L'espace vide dans le carnet de notes du centre de santé reste non-rempli.
Le Cercle de Sikasso est la plus petite unité administrative de la région. Pour eux, ces enfants n'ont jamais existé.
Oumar dit que le centre de santé se réfère aux détails fournis sur le formulaire de déclaration pour déterminer l'âge de l'enfant lorsque les parents ne sont pas certains. C'est essentiel pour l'équipe de santé lorsqu'elle surveille les calendriers de vaccination individuels afin de protéger chaque enfant contre les maladies infantiles évitables. Ils utilisent également l'information pour faire leur propre planification anticipée. Sur l'importance de la déclaration et de l'enregistrement des naissances, Fatouma Traore explique : « Ce document administratif peut parler au nom de l'enfant n'importe où. Nous en avons besoin pour inscrire l'enfant à l'école, et même plus tard quand il sera grand et prêt à se marier. Sans lui, un enfant est perdu dans son propre pays », conclut-elle avec emphase.
« Ce document administratif peut parler au nom de l'enfant n'importe où. Sans lui, un enfant est perdu dans son propre pays. »
En 2015, le Mali a enregistré un taux de 87,2% d’enfants enregistrés à la naissance. A l'époque, les blocages résultaient de la méconnaissance de l'importance de l’enregistrement des enfants. Les enfants sans actes de naissances sont potentiellement non protégés contre des violations telles que l'incapacité d'accéder à l'éducation, le mariage des filles, ou parfois l'enrôlement dans des groupes armés.
« Ce document administratif peut parler au nom de l'enfant n'importe où. Sans lui, un enfant est perdu dans son propre pays. »
Il n'y a pas de frais pour un certificat de naissance d'enfant au bureau du maire si le processus est complété dans les 30 jours suivant la naissance. Les parents doivent cependant payer des frais de traitement de 100 francs CFA (environ 18 cents).
Il est donc important que les Ministères de la Santé et de la Justice travaillent ensemble, comme c'est le cas à Sikasso, jouant chacun son rôle respectif dans la promotion et la facilitation de l’enregistrement des naissances au niveau local pour tous les enfants.
Avec l'appui d'Affaires mondiales Canada à l'UNICEF au Mali, 6 761 agents de santé communautaires et mobilisateurs, agents de l'état civil des villages et des matrones de six localités, dont le district sanitaire de Sikasso, ont été formés à l’enregistrement des naissances. Des fonds supplémentaires reçus du gouvernement suédois ont servi à former des agents d'enregistrement et à équiper 1 251 bureaux dans le district de Sikasso de panneaux solaires, d'ordinateurs et de registres. La collaboration entre les centres de santé communautaires comme le centre de santé de Kaboïla et les officiers de l'état civil permet d'atteindre environ 202 830 enfants de moins de cinq ans vivant dans les zones rurales du Cercle de Sikasso et de leur offrir des services rapides d’enregistrement de naissances.