Je veux juste retrouver mon père
Comme beaucoup d'enfants affectés par l'escalade de la violence dans le centre du Mali, Hamadou* a dû fuir un raid sur son village. Lui et sa famille vivent dans un site, mais leur père a disparu depuis l'attaque.

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Hamadou vivait une enfance paisible dans un petit hameau de la région de Mopti. Il se souvient de ce qu'était son village avant l'attaque.
« Je jouais tout le temps avec mes amis et je restais dehors après la tombée de la nuit », se souvient-il. « On s'amusait tellement avant tout ça. »

« On s'amusait tellement avant tout ça. »
Hamadou vient d'une communauté d'agriculteur du centre du Mali. Malgré la crise dans le nord du pays, il a grandi en paix, est allé à l'école et a apprécié d’être un enfant.
Il y a quelques mois, cette enfance paisible a été brisée par l'une des attaques de plus en plus fréquentes entre groupes armés qui règlent des comptes, volent et tuent. Les attaques se produisent souvent la nuit, lorsque les femmes et les enfants sont à la maison.
« Ils sont venus la nuit et nous avons entendu des coups de feu, puis nous avons tous commencé à courir dans des directions différentes », dit Hamadou. « Ils ont commencé à brûler des choses. On a couru et je me suis caché derrière un arbre dans la forêt et j'ai attendu le lever du soleil quand c'était fini. »
Hamadou et son frère et ses sœurs se blottissaient contre l'arbre en regardant la lueur de leur village brûler de loin.
« Ils ont commencé à brûler des choses. On a couru et je me suis caché derrière un arbre dans la forêt et j'ai attendu le lever du soleil quand c'était fini. »
« J'ai vu mon village entier brûlé et j'ai entendu tout le monde crier », se souvient-il.
A l'aube, Hamadou et sa famille passèrent au crible les restes carbonisés, prirent ce qu'ils pouvaient et s'enfuirent. Il ne restait plus rien de ses livres scolaires et ils n'ont pris que quelques objets pratiques comme des seaux et des tapis qui n'avaient pas été brûlés. Alors qu'ils se rendaient en lieu sûr à Mopti, il avait le cœur brisé car son père avait disparu.
Des semaines se sont transformées en mois et les souvenirs de la nuit ont commencé à s'estomper. Le soutien psychosocial qu'il reçoit de l'UNICEF joue un rôle dans son rétablissement. Mais la tristesse de Hamadou et sa nostalgie pour son père ont grandi. Ils ont entendu des rumeurs selon lesquelles il aurait été capturé, mais les rumeurs courent à plein régime dans une situation chaotique où la violence est constante.
« Mon oncle a un téléphone, donc nous attendons qu’il nous donne des nouvelles, mais nous n'avons rien entendu », dit Hamadou. « Quelqu'un a affirmé l'avoir vu captif à la télévision, mais on ne sait pas s'il est mort ou vivant. »

Bien qu'il soit en sécurité dans le site de déplacés soutenu par l'UNICEF, Hamadou doit encore faire face à la perte de la vie qu'il a connue. Il est traumatisé par ce qui est arrivé à son père et par l'angoisse de le regretter. Mais ils ont peu de temps pour faire leur deuil, car ils sont maintenant confrontés à la dure réalité de famille déplacée.
Beaucoup d'autres enfants vivent une situation similaire à Hamadou : violence, perte et déplacement. Partout au Mali, les violations graves contre les enfants, y compris les meurtres et les mutilations, sont en augmentation. La violence a également provoqué des déplacements internes massifs, en particulier dans le centre : selon le Gouvernement malien et l'OIM, près de 50 000 personnes déplacées sont enregistrées dans la région de Mopti.
Avec l'appui de donateurs humanitaires tels que la Suède et le Danemark, l'UNICEF au Mali travaille en étroite collaboration avec d'autres agences des Nations Unies, les autorités locales et les ONG pour aider les enfants comme Hamadou, affectés par la crise.
Hamadou apprend de nouveau grâce à un espace d'apprentissage temporaire que l'UNICEF et ses partenaires ont installé dans le site. Tous les enfants de cet espace ont des histoires tristes, mais apprennent leurs leçons et essaient de jouer, en dépit des circonstances.
« L'histoire de Hamadou est bouleversante », dit Moussa Cisse, un travailleur social de COOPI, un partenaire de l'UNICEF qui aide les enfants déplacés à se remettre. « Nous essayons d'apporter un soutien supplémentaire aux enfants les plus vulnérables et nous pouvons voir de petits signes de progrès à chaque visite. »

Hamadou dit qu'il veut rentrer dans son village. Mais surtout, il veut juste retrouver son père.
*Le nom a été changé