Les phénomènes météo graves perturbent de plus en plus l'éducation des enfants à Madagascar

Près de 100 000 élèves ont dû arrêter les cours pendant plusieurs semaines après le passage du cyclone Freddy dans le sud-est et le sud-ouest de Madagascar.

Abela Ralaivita
Une élève du collège d’enseignement général à Antananinarenina examinant le toit de sa salle de classe, arraché par le cyclone Freddy en mars 2023.
UNICEF/UN0845809/Andriantsoarana
23 mai 2023

C’est la rentrée des classes au collège d’enseignement général à Antaninarenina, dans la ville de Tuléar située au sud-ouest de Madagascar. Les élèves commencent à affluer vers l’école alors 7h du matin approche. Cela fait presque trois semaines que les cours ont été suspendus pour les 800 élèves de cet établissement, suite au passage du cyclone Freddy dans la région en mars. Ici, le collège et le lycée se trouvent dans la même enceinte. Deux grandes tentes fournies par l’UNICEF ont été installées pour servir de salles de classe provisoires. Quelques militaires sont encore présents, observant la rentrée abrités sous un arbre, après avoir assuré la sécurité des lieux sans discontinuer depuis le cyclone. Dans son bureau, Tsirengea Rajos Monista, le directeur, montre des signes de fatigue après avoir reçu 900 sinistrés dans l’école, qui a servi de site d’hébergement pendant deux semaines.

“Une école ne devrait normalement pas être un lieu où les sinistrés s’abritent. Toutefois, c’était un cas de force majeure, c’est pour ça que nous leur avons ouvert nos portes” explique le directeur. “Les élèves sont toujours les premières victimes des catastrophes naturelles car, après un tel phénomène, les gens se regroupent à l’école et y restent pendant une longue période, ce qui interrompt les cours”, poursuit-il.

Dans l’une des deux salles de classe provisoires, le cours de sciences de la vie et de la terre a commencé pour les élèves de 4ème, donné par Razafindrazaka Miaso, enseignante stagiaire. “J’ai été moi-même sinistrée car le toit de ma maison a été abimé. La plupart des élèves sont encore fatigués et cette longue coupure a des répercussions négatives sur leur concentration en classe. De plus, certains d’entre eux n’ont plus de fournitures scolaires car tout a été abimé par l’eau”, témoigne-t-elle.

Près de 100 000 élèves ont dû arrêter les cours pendant plusieurs semaines, après le passage du cyclone Freddy dans le sud-est et le sud-ouest de Madagascar. Ce cyclone, d’une durée de vie de plus d’un mois, a frappé deux fois la région d’Atsimo Andrefana avec des impacts de plus en plus ravageurs. Les habitants de la région ont remarqué que les phénomènes météorologiques extrêmes se produisent plus fréquemment ces dernières années et y voient les effets du changement climatique.

Les élèves de 4ème étudiant dans une salle de classe provisoire, fournie par l’UNICEF.
UNICEF/UN0831654/Andriantsoarana Les élèves de 4ème étudiant dans une salle de classe provisoire, fournie par l’UNICEF.
Dans cette classe, seulement un tiers des élèves sont venus à l’école le jour de la rentrée scolaire.
UNICEF/UN0845928/Andriantsoarana Dans cette classe, seulement un tiers des élèves sont venus à l’école le jour de la rentrée scolaire.

Reconstruction et programme de rattrapage

Deux salles de classe ont été endommagées dans cette école. En plus des deux tentes provisoires, l’UNICEF a aussi offert des bâches pour couvrir les toits arrachés, ainsi que des fournitures scolaires et du matériel de sport pour les élèves. “Cette suspension a perturbé les enseignants et les élèves mais nous devons coûte que coûte retourner à la normale en fournissant des cours de rattrapage, en particulier pour les élèves en classe d’examen”, affirme le directeur. L’école a obtenu un score de 76% de réussite au dernier examen du brevet d'études du premier cycle du second degré. Selon lui, ce résultat est le fruit d’un travail de longue haleine qui repose sur la discipline et une forte motivation.

Nady, 13ans, a aussi été impactée par le passage du cyclone. “Le niveau d’eau est monté très vite dans notre quartier et nous avons été obligés de nous installer temporairement dans la maison de ma grand-mère, qui est sur un terrain plus élevé. Je suis contente de retrouver mes camarades de classe même s’il y a des choses à rattraper à cause de cette longue coupure”, confie-t-elle.

L’UNICEF plaide pour la continuité dans l’éducation même en situation d’urgence, dès que les conditions de sécurité permettent aux élèves de retourner à l’école. Les stocks prépositionnés dans ces régions ont été immédiatement déployés après le passage du cyclone Freddy. Durant les urgences de 2023, 34 tentes métalliques et 1 500 bâches servant de salles de classes provisoires ont été fournies par l’UNICEF. Les écoles qui se trouvaient dans les régions les plus affectées ont aussi été dotées de 308 paquets constitués de kits scolaires (cahiers, stylos…) et de 169 paquets de kits récréatifs pour que les enfants puissent s’amuser et s’initier aux jeux d’éveil.

Une élève en train de se laver les mains devant la salle de classe provisoire.
UNICEF/UN0845801/Andriantsoarana Une élève en train de se laver les mains devant la salle de classe provisoire.
Nady, 13 ans et élève de 4ème, assise devant la salle de classe provisoire, fournie par l’UNICEF.
UNICEF/UN0831644/Andriantsoarana Nady, 13 ans et élève de 4ème, assise devant la salle de classe provisoire, fournie par l’UNICEF.