À Madagascar, l’approche collective préserve le plaisir d’apprendre

Au Sud, les cinq bâtiments de l’école primaire publique de Beraketa ne suffisent pas aux 659 enfants qui y viennent chaque jour. Le soutien des membres actifs du comité de gestion de l’école fait de l’éducation un levier pour un meilleur avenir

Lalaina Harisoa Ralaiarijaona
L’un des bâtiments de l’Ecole Primaire Publique de Beraketa
UNICEF Madagascar/2022/Ralalaiarijaona
18 juillet 2022

Beraketa est une commune rurale dans le Sud de Madagascar, Il faut une heure en voiture pour s’y rendre sur un long chemin de sable entre les vastes champs de sisal, cette plante tropicale dont on extrait les fibres pour en faire des tapis et des moquettes.  Avec un climat aride toute l’année, renforcé par la sècheresse sans précédent de 2021, manquer d’eau et de nourriture est un problème majeur, obligeant les familles à prioriser la survie au profit d’autres besoins comme la santé, ou encore l’éducation. Cette année,24% des enfants de la région Anosy ne se sont pas inscrits tandis qu’en 2020, près de 43% ont abandonné l’école pour suivre les parents vers des terrains plus fructueux ou simplement par manque de moyens.

À l’Ecole Primaire Publique de Beraketa, les efforts convergent pour qu’aucune rupture n’ait lieu durant les 10 mois d’apprentissage. Six cent cinquante-neuf enfants – préscolaire et primaire confondus- y sont accueillis chaque jour et constituent les principales raisons de l’acharnement de Tenasoa Justine, la directrice.

Pour ce faire, Tenasoa Justine peut compter sur l’appui sans faille des membres du comité de gestion de l’école. C’est une structure initiée par le ministère de l’Education Nationale et dont le déploiement se fait avec l’appui des partenaires comme l’UNICEF. Avec le soutien de la Fondation Hempel au Danemark, les parents, les enseignants, les leaders du village et les autorités locales impliqués dans le comité ont bénéficié de renforcement de capacités pour en faire un pilier de réussite de l’école primaire publique.

Miser sur la transparence

Le mot d’ordre du comité de gestion est la transparence. Autant dans la gestion financière de la caisse qu’au niveau logistique, il est riche de l’expertise de ses membres au profit des enfants et des familles. Un projet éducatif contractualisé cadre les activités dès la rentrée pour définir les besoins prioritaires, orienter les dépenses et développer le plan de mise en œuvre. Des réunions de mise au point se tiennent tous les trimestres pour évaluer les actions et prendre les décisions en totale concertation. « L’achat des matériels et équipements pour les enseignants et la directrice comme les craies, les papiers, les stylos, les cahiers de préparation… est prioritaire pour permettre d’assurer le programme » explique la directrice.  « Nous prenons ouvertement part aux décisions et savons exactement comment et pour quels types d’actions les fonds sont alloués. Nous sommes motivés à envoyer les enfants à l’école car nous sommes sûrs que les cours ne seront pas interrompus » partage Marguerite Miambintsoa, trésorière du comité de gestion. Deux de ses huit enfants sont respectivement en préscolaire et en maternelle à l’école primaire publique.

Les conditions sont pour l’instant précaires pour son fils en préscolaire mais Marguerite Miambintsoa garde espoir grâce à l’efficacité du comité de gestion. « Nous projetons la construction d’une salle pour prendre en mains ces tout-petits. Les moyens sont actuellement insuffisants mais nous y travaillons » poursuit-elle.  L’école a bénéficié de la construction de 2 bâtiments avec respectivement 3 et 2 salles de classes à travers le programme conjoint de l’UNICEF, du Programme Alimentaire Mondial et de l’Organisation International du Travail, mais cela ne suffit pas pour abriter l’ensemble des élèves. « Nous empruntons un chalet afin d’assurer leurs cours. Mais à ce stade, il est plus important de les éduquer. Cinq salles de classe en plus sont nécessaires pour répondre aux besoins actuels de l’école » rajoute la directrice. Les efforts de la directrice et de toute son équipe se sont avérés payants car lors des examens officiels 2022, les résultats ont avoisiné les 80%.

« Le changement climatique, notamment la sècheresse est notre principal ennemi. C’est la principale raison d’absence des parents membres du comité, trop occupés à trouver de quoi subvenir aux besoins de la famille. Pour l’enfant, venir travailler le ventre vide est aussi un triste défi » se désole -t-elle. Le chef de la municipalité Manjosoa, partenaire actif du comité fait du porte-à-porte pour encourager les parents, particulièrement en période de grande famine. « L’école bénéficie d’une cantine qui allège en partie la charge des parents et permet de s’assurer que les enfants soient présents » soutient-il.

 

De Gauche à Droite, Tenasoa Justine, la directrice, un représentant des enseignants et Marguerite, la trésorière de Feffi
UNICEF Madagascar/2022/Ralalaiarijaona
De Gauche à Droite, Tenasoa Justine, la directrice de l’école, un représentant des enseignants et Marguerite Miambintsoa, la trésorière de Feffi
Manjosoa, le chef du village est un partenaire actif du comité de gestion de l’école
UNICEF Madagascar/2022/Ralalaiarijaona
Manjosoa, le chef du village est un partenaire actif du comité de gestion de l’école