Seuls face au déplacement

En passant les portes du centre d’accueil de jour de Rutshuru, le joyeux mélange de cris et de rires d’enfants dénote de l’ambiance morose qui règne dans la province du Nord-Kivu. Les jeux peints en couleurs vives et les activités récréatives font la joie des enfants qui fréquentent le centre tous les jours.

La dernière vague de violence a poussé 190.000 personnes à quitter leur foyer à la recherche de sécurité dans différentes parties de la province. Dans le chaos, de nombreux enfants sont arrivés seuls ou séparés de leur famille dans les sites pour personnes déplacées avant d’être pris en charge dans des structures adaptées. 

Au centre d’accueil de jour, les activités récréatives sont suivies de moments plus calmes durant lesquelles les enfants confectionnent des paniers ou apprennent de nouvelles compétences. C’est au cours d’un ces ateliers que Meschack partage son histoire. Le garçon de 13 ans a été séparé de ses parents le jour de la fête de l’indépendance congolaise. 

« On n’avait pas école du coup je suis allé nourrir les vaches », se rappelle Meschack. Lorsqu’il était au pâturage, des hommes armés sont arrivés pour s’emparer du bétail. « On a coupé les bras des autres amis avec qui j’étais et qui ont voulu résister », explique le garçon. Meschack a alors pris la fuite pour éviter de subir le même sort.

Identifié dans un site pour personnes déplacées par des partenaires de l’UNICEF, Meschack a été orienté vers le centre d’accueil de jour où il est suivi par un psychologue. Ce n’est malheureusement pas la première fois que la violence frappe la vie du jeune garçon qui a perdu son père lors d’affrontements armés plus tôt dans l’année.

Meschack a été placé dans une famille d’accueil en attendant de retrouver sa famille biologique. « Je me sens mieux de me retrouver avec d’autres enfants dans la famille d’accueil, je mange et je dors dans de bonnes conditions », dit Meschack. L’UNICEF et ses partenaires ont identifié plus de 650 enfants séparés de leurs parents depuis le mois de mars 2022, dont plus de 480 ont déjà été réunis avec leurs proches.