Envolée des prix alimentaires, faible pluviométrie et insécurité exposent les enfants du Sahel à une explosion catastrophique des taux de malnutrition sévère – UNICEF

L’envolée des prix alimentaires induite par la guerre en Ukraine et les coupes budgétaires engendrées par la pandémie devraient faire augmenter à la fois le besoin et le coût des traitements alimentaires thérapeutiques vitaux, ce dernier pouvant atteindre

17 mai 2022

NEW YORK, le 17 mai 2022 – Le nombre d’enfants souffrant de malnutrition aigüe sévère était déjà en hausse avant que la guerre en Ukraine ne menace de plonger le monde dans une crise alimentaire encore plus profonde – et la situation est en train de s’aggraver, avertit l’UNICEF dans un nouveau rapport SOS Enfants.

Près d’un million d’enfants à travers le Sahel Central souffrent déjà de malnutrition aigüe sévère potentiellement mortelle. Ce nombre augmentera de 40 pour cent pour atteindre 1,4 million dans les mois à venir en raison des effets combinés de plusieurs crises, notamment la montée de l'insécurité, la hausse des prix des denrées alimentaires et le changement climatique.

Publiée aujourd’hui, la note d’information Malnutrition aigüe sévère : Une urgence passée sous silence qui menace la survie des enfants montre que, face aux taux croissants de malnutrition aigüe (ou émaciation) sévère infantile et à la hausse des coûts de traitements vitaux, les financements mondiaux nécessaires pour sauver la vie des enfants concernés sont eux aussi menacés.

« Avant que la guerre en Ukraine n’affecte la sécurité alimentaire mondiale, les familles avaient déjà des difficultés à nourrir leurs enfants en raison des conflits, des chocs climatiques et de la COVID-19 », a déclaré Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF. « Le monde est désormais en passe d’assister à une explosion des décès d’enfants évitables et des cas d’émaciation infantile. »

À l’heure actuelle, au moins 10 millions d’enfants sévèrement émaciés – soit les deux tiers – n’ont pas accès aux aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, lesquels constituent le traitement le plus efficace. D’après l’UNICEF, les effets conjugués des chocs mondiaux, qui mettent à mal la sécurité alimentaire à l’échelle du globe – à savoir, la guerre en Ukraine, les difficultés de relance économique au lendemain de la pandémie et la sécheresse persistante qui sévit dans plusieurs pays en raison des changements climatiques –, sont en train de créer les conditions propices à une hausse significative des taux de malnutrition aigüe sévère à travers le monde.

D’après les projections, le prix des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi devrait enregistrer jusqu’à 16 % d’augmentation au cours des six prochains mois en raison de l’envolée du coût des matières premières. Une situation qui risque de priver jusqu’à 600 000 enfants supplémentaires de ce traitement vital, compte tenu des niveaux de financement actuels. Les coûts d’expédition et de distribution, également élevés, ne devraient pas non plus baisser.

« Le prix des traitements vitaux augmentent juste au moment où ils sont les plus nécessaires », a dit Marie-Pierre Poirier, Directrice Régional de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. « Avec l'augmentation de l'insécurité, la hausse des prix des denrées alimentaires, le changement climatique et les précipitations de l'année dernière bien inférieures à la moyenne dans tout le Sahel, la malnutrition des enfants augmente de manière significative. Nous devons agir maintenant, non seulement pour investir dans des traitements vitaux, mais aussi pour renforcer la résilience à long terme des communautés et nous tourner vers la prévention parce qu’il faut s’attaquer aux causes profondes de la malnutrition ».

En Mauritanie, au Niger et au Tchad, la prévalence de la malnutrition aigüe dépasse le seuil d’alerte (10 pour cent), tandis que dans de nombreuses zones de ces pays, la prévalence dépasse le seuil d’urgence (15 pour cent).

L'Afrique de l'Ouest et du Centre abrite 12 pour cent des enfants du monde, mais la région porte un fardeau disproportionné de privations des principaux droits de l'enfant. La région abrite 20 pour cent de tous les enfants de moins de 5 ans présentant un retard de croissance dans le monde (29,3 millions).

L’UNICEF a plus de 1.700 spécialistes du terrain travaillant dans les 10 pays du Sahel, à travers 45 bureaux principaux et décentralisés. Ces bureaux soutiennent les enfants alors qu’ils grandissent dans un contexte de conflit, de malnutrition et de relèvement après une catastrophe.

Caractérisée par une maigreur extrême de l’enfant par rapport à sa taille en raison d’un affaiblissement du système immunitaire, la malnutrition aigüe (ou émaciation) sévère est la forme de malnutrition la plus immédiate, la plus visible et la plus mortelle. À l’échelle du globe, au moins 13,6 millions d’enfants âgés de moins de 5 ans souffrent de cette pathologie, laquelle est responsable d’un cinquième des décès dans cette tranche d’âge.

Le rapport met par ailleurs en garde contre le cruel manque de financements dont souffre la malnutrition aigüe, sachant qu’un net déclin est prévu dans les années à venir avec peu d’espoir d’un retour aux niveaux prépandémie avant 2028. D’après une nouvelle analyse menée dans le cadre de cette note, les dépenses mondiales consacrées à la malnutrition aigüe représentent à peine 2,8 pour cent du budget de l’Aide publique au développement (APD) alloué au secteur de la santé en général et 0,2 pour cent du montant total de l’APD.

Aussi, pour que chaque enfant souffrant de malnutrition aigüe sévère puisse bénéficier d’un traitement vital, l’UNICEF en Afrique de l’Ouest et du Centre demande :

  • L’accélération de l’accès aux traitements vitaux pour les enfants, ce qui nécessite que :
    • Les pays intègrent le traitement de l’émaciation infantile dans les plans de financement en matière de santé et de développement à long terme, afin que tous les enfants –même ceux qui ne sont pas aux prises avec une situation de crise humanitaire – puissent bénéficier des programmes de traitement ;
    • Les allocations budgétaires destinées à lutter contre la crise alimentaire mondiale incluent systématiquement des fonds dédiés aux aliments thérapeutiques permettant de répondre aux besoins immédiats des enfants souffrant de malnutrition aigüe sévère ;
  • Les gouvernements et tous les partenaires doivent opérer un changement de paradigme, intensifier la prévention et promouvoir des approches multisectorielles pour faire face aux multiples vulnérabilités sous-jacentes telles que l'insécurité alimentaire généralisée, les pratiques alimentaires et de soins inadéquates pour les nourrissons et les jeunes enfants, la nutrition maternelle inadéquate, l'incidence élevée de les maladies infantiles, l'accès insuffisant à l'eau et à l'assainissement et aux services de santé, le genre et d'autres normes sociales, tous interagissant sur un terrain marqué par une pauvreté généralisée.
  • Les donateurs et les organisations de la société civile hissent la lutte contre l’émaciation au rang des priorités de financement afin de garantir la diversification, l’élargissement et la solidité de l’écosystème d’appui financier.

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Notes aux rédactions

À propos des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi

Conditionnés dans des sachets individuels, les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi se présentent sous la forme d’une pâte énergétique riche en lipides et en micronutriments, préparée à base d’arachides, de sucre, d’huile et de lait en poudre. Premier acteur sur le marché des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi à l’échelle du globe, l’UNICEF achète et distribue 75 % à 80 % de la production mondiale et s’approvisionne auprès d’une vingtaine de fabricants à travers le monde.

À propos de l’APD

L’Aide publique au développement (APD) est l’aide fournie par les États dans le but exprès de promouvoir le développement économique et d’améliorer les conditions de vie dans les pays en développement. Adoptée par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en 1969 comme la norme de référence en matière d’aide extérieure, l’APD demeure la principale source de financement de l’aide au développement L’APD est basée sur des statistiques recueillies, traitées et publiées par l’OCDE.

Contacts presse

Anne Isabelle Leclercq Balde
UNICEF Afrique de l'Ouest & du Centre
Tél: + 221 77 740 69 14
Adresse électronique: aleclercqbalde@unicef.org
John James
UNICEF Afrique de l'Ouest & du Centre
Tél: +221 78 638 02 52
Adresse électronique: jjames@unicef.org

A propos de l'UNICEF

L'UNICEF travaille dans les endroits les plus difficiles du monde pour atteindre les enfants et les adolescents les plus défavorisés. Dans plus de 190 pays et territoires, nous travaillons pour chaque enfant, partout, chaque jour, pour construire un monde meilleur pour tous.

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