L’eau potable : une intervention à moindre cout !

Avec la construction d’une nouvelle pompe à eau, la vie dans un village au centre du Mali se transforme.

Par Ismail Maiga
Fanta Diarra 27 ans est mère de trois enfants, chaque jour, elle se rend à la mare pour tous les besoins de la famille en en matière d’eau, village de Dialangou,  Commune rurale de Socoura, Région de Mopti, centre du Mali, Janvier 2020.
UNICEF Mali/2020/Keita
21 mai 2020

En ce début du mois de février, une immense chappe de brume poussière enveloppe le village de Dialangou, une pollution aggravée par un incessant ballet de charrettes d’ânes et de chevaux transportant du fourrage pour bétail dans cette zone d’élevage. La principale voie d’accès à ce hameau mène aux confins des périmètres rizicoles et des bourgoutières. Jadis en ces lieux, êtres-humains et bêtes se partageaient les ressources en eau terrestres.

Des vaches boivent de l’eau dans la mare du village de Dialangou,  Commune rurale de Socoura, Région de Mopti, centre du Mali, Janvier 2020.
UNICEF Mali/2020/Keita

Fanta Diarra, 27 ans, est mère de 3 enfants. De sa taille moyenne et de ses lèvres tatouées, elle arbore toujours un large sourire. Fanta se souvient encore de ses 12 ans, lorsqu’en tant que fille mariée précocement dans une famille à Dialangou, elle se retrouve confrontée à la dure réalité de la corvée d’eau.

Accéder à une eau potable de qualité relevait en effet du parcours de combattant. « On ne peut rien faire sans l’eau. Le puits du village était à environ 1 kilomètre de mon logement » dit-elle. En son temps, « Pour toutes les tâches domestiques de lessive, de vaisselle et d’abreuvement des animaux domestiques, les retenues d’eaux pluviales étaient la seule source d’approvisionnement. »

Pour un grand nombre de personne vivant dans la zone inondée, l’accès à des sources améliorées d’eau potable est souvent limité à cause de l’accessibilité même des sites. C’est ainsi qu’en février 2013 la Direction Régionale de l’Hydraulique (DRH) et le bureau de l’UNICEF à Mopti ont entrepris une réflexion sur la réalisation de forages d’eau potable au profit de cette population vulnérable. La technique retenue est celle de forage manuel, aussi connu sous le nom « Tare – Tare » ou bienvenue, tant en Bambara qu’en Peulh.

« Nous avons considérablement réduit le recours à la mare »

La réalisation d’un forage manuel coûte environ sept fois moins qu’un forage mécanique. Cette solution à moindre coût est particulièrement adaptée aux villages situés dans des zones inondées et difficiles d'accès, où les machines de forage mécanisées ne peuvent pas être transportées, ainsi qu’aux villages de petite taille qui ne sont pas prioritaires dans les projets du gouvernement ou des partenaires.

La pompe manuelle nouvellement installée à Dialangou permet aux habitants d’éviter d’avoir recours à la mare, dont les eaux troubles étaient source de problèmes importants de santé dans le village.

Fanta Diarra 27 ans avec sa fille Aminata Diarra 2 ans au dos. Fanta est mère de trois enfants, chaque jour, elle se rend à la mare pour tous les besoins de la famille en en matière d’eau.
UNICEF Mali/2020/Keita

« Nous avons considérablement réduit le recours à la mare, » confirme Fanta.

« Nous sommes conscients des problèmes de santé tels que les maladies diarrhéiques, le choléra, la bilharziose entre autres, occasionnées par la consommation de cette eau, pas toujours propre. Aujourd’hui avec la pompe manuelle, plus de soucis et moins de tracasseries. »

« L’eau de la pompe demeure toujours limpide et claire ! »

Les mesures de la qualité de l’eau ont été assurées par le Laboratoire Régional des Eaux de Mopti et ont montré que les forages réalisés ont des eaux de qualité conforme aux normes en vigueur au Mali. C’est sans appel que Fanta Diarra prononce la sentence : « Dieu soit loué ! L’eau de la pompe est de meilleure qualité. Quel que soit l’utilisation, elle demeure toujours limpide et claire ! »

Les première goûtes d’eau potable qui sortent du nouveau forage réalisé grâce au concours de l’UNICEF qui vient de doter le village d’un forage.  Village de Dialangou,  Commune rurale de Socoura, Région de Mopti, centre du Mali, Janvier 2020.
UNICEF Mali/2020/Keita

Avec l’appui du Royaume des Pays-Bas et de la Suède, sous le leadership de la DRH pour le respect des normes techniques, des entreprises et Groupements d’intérêt économique ont été formés sur les techniques manuelles de forage, ainsi que des ateliers de construction métallique sur la fabrication des outils adaptés pour la technique de rotary manuel. Le projet s’est investi sur le renforcement de capacités en mettant en place un pool de petites et moyennes entreprises qualifiées pour la fabrication des outils et la réalisation des forages.

« Aujourd’hui avec la pompe manuelle, plus de soucis et moins de tracasseries »

« Au total 161 forages ont été réalisés par la technique manuelle, dont 159 équipés de Pompe à Motricité Humaine et 2 équipés de Système d’Hydraulique Villageoise Amélioré. Pour le bonheur des populations, la réalisation des forages manuels par des particuliers et d’autres partenaires fait tache d’huile » renchérit Soma Konaré, Administrateur de Programme Eau, Hygiène et Assainissement au bureau de l’UNICEF à Mopti.

La joie des femmes du village de Dialangou après la réception du tout nouveau forage réalisé grâce au concours de l’UNICEF qui vient de doter le village d’un forage.  Village de Dialangou,  Commune rurale de Socoura, Région de Mopti, centre du Mali, Janvier 2020.
UNICEF Mali/2020/Keita

Pour l’heure, la joie de Fanta et des communautés de Dialangou et surtout leur engagement pour la bonne gestion de l’ouvrage sont indicibles.