La peur doit désormais céder la place à l’espoir

Message de Bruno Maes, Représentant de l’UNICEF, à l’occasion de la Journée Nationale de l’Enfant Haïtien.

En cette journée de l’enfant haïtien, imposons-nous un temps d’arrêt pour poser un regard sur le vécu quotidien des enfants dans le pays.

Ces dernières semaines, ces derniers mois, ces dernières années, les enfants et les familles haïtiennes ont subi des vagues incessantes de violence brutale, chaque jour apportant son lot de nouvelles horreurs. De nombreux enfants naissent et grandissent actuellement dans des sites de déplacés. Près de 600 000 personnes, dont la majorité sont des femmes et des enfants, ont été déplacées à cause des violences générées par les groupes armés.

La pauvreté des ménages s’est accrue dans tous les départements. L’augmentation du coût de la vie impacte durement les familles, qui ont de plus en plus de difficultés à couvrir les dépenses essentielles à la survie et au développement des plus jeunes.

L’insécurité alimentaire aiguë touche aujourd’hui près de la moitié de la population haïtienne, qui peine à nourrir leurs enfants. Le nombre d’enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë sévère a augmenté de près de 20 %. Les enfants de Port-au-Prince et de l’Artibonite en sont les plus affectés.

Les parents font face à des défis grandissants pour assurer la continuité de l’éducation de leurs enfants, ou encore pour accéder à des soins de santé de qualité, essentiels à leur survie.

L'UNICEF reste extrêmement préoccupé par la situation sur le terrain. Plus de 3 millions d’enfants – le nombre le plus élevé jamais enregistré – ont besoin d’une aide humanitaire alors que les Haïtiens continuent d’être confrontés aux pires abus, violations et menaces qu’ils aient jamais vus dans leur histoire.

Les enfants d'Haïti ont désespérément besoin de sécurité, de protection et de stabilité. La dégradation rapide de la situation sécuritaire a laissé d'innombrables familles sans soutien ni services essentiels.

Haïti est aujourd’hui à un tournant critique de son histoire. Plus que jamais, nous devons rester solidaires et nous mobiliser pour remettre les droits de l’enfant au cœur de toutes les priorités. Cela signifie garantir leur sécurité, leur accès à l'éducation, aux soins de santé et à une nutrition adéquate.

La peur doit désormais céder la place à l’espoir. Nos engagements envers les enfants doivent se traduire par des actions concrètes au quotidien. Il est temps d’inscrire les droits des enfants au cœur de l’agenda politique actuel d’Haïti.

L’UNICEF saisit cette journée pour appeler à :

• Des efforts accélérés pour protéger les civils et garantir un accès humanitaire durable en Haïti.
• L'accroissement des financements immédiats et flexibles pour répondre aux besoins des plus vulnérables et permettre la fourniture de services vitaux et essentiels, y compris les soins de santé et l'éducation.
• La protection des écoles, des hôpitaux et d'autres infrastructures critiques dont dépendent les enfants, ainsi que la sauvegarde des espaces humanitaires.

En Haïti, l'UNICEF n'est pas seul à défendre les droits de l'enfant. La Convention relative aux droits de l’enfant peut s’appuyer sur un large éventail de défenseurs, d’organisations, d’institutions et d’individus, y compris les enfants eux-mêmes.

Plus ils seront nombreux, meilleures seront les chances que l’idéal décrit il y a trente-cinq ans devienne une réalité pour chaque enfant d’Haïti.

Pour chaque enfant, de l’espoir.