Les héros méconnus de la pandémie

Des personnes extraordinaires se dévouent corps et âme pour venir en aide à leur communauté

UNICEF
Judith Candiru, an Assistant Nursing Officer in Uganda's Yumbe District, poses for a photo.
UNICEF/UN0563598/Abdul
10 mars 2022

Pour certains, il s’agit d’un sens du devoir. Pour d’autres, d’une obligation. Et il y a ceux pour qui c’est une nécessité.

Il y a deux ans, l’Organisation mondiale de la Santé qualifiait la flambée de maladie à coronavirus de pandémie mondiale. À ce moment-là, personne ne savait exactement ce qui nous attendait. Mais au cours des 24 mois qui ont suivi, des femmes et des hommes extraordinaires des quatre coins du globe se sont engagés avec passion pour faire face à la situation et servir leur communauté avec abnégation.

Le nom de ces héros ne vous dira peut-être rien. Mais ils ont, sans l’ombre d’un doute, contribué à rendre ce monde meilleur et plus sûr. Voici quelques-unes de ces personnes formidables.

Une infirmière ougandaise incite sa communauté à se faire vacciner à l’aide d’un mégaphone

Depuis l’enfance, Judith Candiru a toujours admiré la tenue blanche portée par les infirmières, emblématique à ses yeux des soins qu’elles prodiguent. Aujourd’hui, Judith est l’une d’entre elles et porte fièrement son uniforme, rehaussé d’une ceinture jaune.

Judith Candiru, an Assistant Nursing Officer in the Yumbe District of Uganda, provides COVID-19 vaccination services to her community.
UNICEF/UN0563602/Abdul

La COVID-19 a une résonnance personnelle pour Judith. Elle a contracté le virus pendant la pandémie et se souvient bien de la stigmatisation dont elle et sa famille ont fait l’objet à cette période.

« Cela a été le moment le plus triste de ma carrière. Ma famille et moi avons été mises au ban de la communauté. »

Mais elle ne s’est pas laissé décourager pour autant. Une fois sur pied, elle s’est remise au travail. Judith se dévoue corps et âme pour les habitants du district de Yumbe, dans le nord de l’Ouganda, situé à cheval sur la frontière du Soudan du Sud.

Judith Candiru travels on the back of a bike, holding a megaphone, to deliver crucial information and deliver healthcare services to her community.
UNICEF/UN0563592/Abdul

Le matin, elle se rend dans le service de maternité où elle prend soin des bébés prématurés. Grâce à une formation soutenue par l’UNICEF, elle est en mesure de s’occuper des nourrissons malades et de veiller à leur bon développement.

Mais cela n’occupe qu’une partie de ses journées. Depuis le début de la pandémie, après les consultations et une fois sa tournée terminée à la maternité, elle prend la direction de la communauté locale, à moto ou à pied.

Munie d’un mégaphone, Judith explique que les vaccins contre la COVID-19 sont sûrs et importants. Ses messages reçoivent un écho favorable parmi les membres de la communauté, qui lui font manifestement confiance : un par un, ils prennent place sur le banc où Judith les attend pour leur faire une injection.

Au Népal, Birma escalade des montagnes et franchit des canyons, chargée de vaccins

Depuis plusieurs années maintenant, Birma Kunwar sillonne les montagnes et franchit des passerelles suspendues. Une caisse de vaccins sur le dos, elle gravit des sentiers vallonnés dans la partie reculée de l’extrême ouest du Népal.

Déjà avant la pandémie de COVID-19, Birma allait chercher des vaccins vitaux dans la ville de Khalanga, capitale du district de Darchula. Ces doses étaient essentiellement destinées à la vaccination de routine des enfants vivant dans les villages nichés sur les flancs des montagnes qu’elle arpente.

La pandémie a apporté de nouveaux défis mais a aussi ouvert une nouvelle opportunité : « Je fais le même chemin, mais avec d’autres vaccins », déclare-t-elle.

Birma Devi Kunwar takes COVID-19 vaccines on her back to remote hillside communities in Nepal.
UNICEF/UN0498830/Ngakhusi

Aujourd’hui, elle se rend dans un dispensaire au village de Duhun. À certaines périodes de l’année, celui-ci n’est accessible qu’à pied.

« Les routes ici ne sont pas fiables pendant de nombreux mois de l’année, en particulier pendant la mousson », explique Birma à propos des dangers liés aux glissements de terrains. « C’est un trajet dangereux en voiture. »

After walking for hours, Birma Kunwar administers vaccines to families at the Pipalchauri Health Post in Nepal's remote far-west.
UNICEF/UN0498918

Transportant la santé de toute une communauté sur son dos, Birma effectue donc souvent l’intégralité du trajet à pied, ce qui prend trois à quatre heures. Pour elle, le voyage en vaut la peine. Apporter des vaccins indispensables à ces communautés est à ses yeux plus qu’un simple travail : c’est un devoir.

« Les gens attendent avec impatience les doses, ils me demandent constamment quand elles arriveront, quand ils pourront les recevoir, quand ce sera leur tour. Tout le temps. »

L’adolescent novateur dont l’invention rend le lavage des mains plus sûr

Emmanuel Cosmos Msoka est un pionnier et un militant. Ce n’est pas un hasard si, pendant la pandémie, ce jeune Tanzanien de 18 ans a inventé un outil d’hygiène essentiel en rapport avec l’eau.

« Je suis né au pied du plus haut sommet d’Afrique, le Kilimandjaro, raconte-t-il. C’est le seul endroit de mon pays où l’eau se transforme en neige et en glace. »

18-year-old Emmanuel Cosmas Msoka, who is an innovator and activist in Tanzania, poses for a photo.
UNICEF Tanzania

Emmanuel a grandi avec le désir de changer les choses et d’aider à résoudre les problèmes rencontrés au sein de la société. Et il y est parvenu. C’est lorsque la COVID-19 est arrivée en Tanzanie et qu’il a vu sa communauté lutter contre la maladie qu’il a décidé d’agir.

Son idée : une machine pour se laver les mains fonctionnant à l’aide de pédales, ce qui réduit les risques de diffuser le virus. Depuis qu’il a mis au point cette technologie, il a été en mesure de fournir plus de 400 stations de lavage des mains dans tout le nord de la Tanzanie.

Pour son travail, Emmanuel a été nommé Défenseur des droits des jeunes par l’UNICEF et nominé pour le Prix international de la paix pour les enfants, décerné chaque année à un enfant pour sa contribution majeure à la défense des droits de l’enfant.

Prendre soin de ses sœurs tout en étudiant en temps de deuil

Keysha a 14 ans, mais elle affiche une sagesse et une prévenance supérieures à celles d’une personne de son âge. Elle a dû grandir vite : sa mère, qui travaillait dans un restaurant, est décédée de la COVID-19.

« Notre mère travaillait 12 heures par jour lorsque le restaurant a rouvert, explique Keysha. Son système immunitaire était affaibli, c’est probablement pour ça qu’elle a contracté la COVID-19. »

Keysha, 14 ans, se tient à côté de ses deux jeunes sœurs, Afiqa et Khansa.
UNICEF/UN0566518/Ose
Keysha, 14 ans, se tient à côté de ses deux jeunes sœurs, Afiqa et Khansa.

Keysha a dû endosser davantage de responsabilités et prendre soin de ses deux jeunes sœurs. Elle s’occupe notamment d’Afiqa, 7 ans, qui a été particulièrement affectée. Après l’école, la petite fille se retire souvent dans sa chambre et passe des heures à regarder des vidéos de la famille pour entendre la voix de sa mère.

Outre les soins qu’elle prodigue, Keysha a bien conscience des soucis financiers que connaît son père, seul soutien de la famille. Il est gardien de parking au restaurant où travaillait aussi sa femme. Keysha prévoit de s’inscrire dans une école professionnelle qui lui permettra d’accéder à un emploi plus rapidement et ainsi de l’aider.

« Je peux tout faire – peut-être même aller à l’université un jour. »

14-year-old Keysha works on a school assignment at her home in Sragen in Indonesia.
UNICEF/UN0566507/Ose

Avec ses sœurs, Keysha fait partie des dizaines de milliers d’enfants qui ont perdu un parent ou la personne qui s’occupait d’eux en raison de la pandémie de COVID-19 en Indonésie. Ils reçoivent le soutien du programme de santé mentale et de soutien psychosocial de l’UNICEF, avec l’appui des pouvoirs publics locaux.