A Malbaza, des mères mieux informées sur la malnutrition

Au Niger, 430 708 enfants ont été traités pour malnutrition en 2022 par l’UNICEF, qui veille à approvisionner les centres de santé, et forme des agents de santé communautaires pour visiter les familles et dépister la maladie au plus tôt.

Dorothée Thiénot
Une mère vient pour le contrôle de santé de son enfant au centre de santé de Malbaza
UNICEF/GIRARD/2023
04 mai 2023

Ce matin-là, alors que l’harmatan recouvre toute la commune rurale de Malbaza d’une poussière jaune, et que les sacs plastiques s’accrochent partout aux branches des acacias, Acou Yacouba est assise à l’entrée de la pièce, à l’abri du vent, avec une poignée d’autres mamans.

Elle est venue avec son enfant d’un an, Mahamadou, voir la nutritionniste comme chaque semaine, et chercher pour son enfant les rations d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (RUTF), pâte à base d’arachide enrichie avec des vitamines et minéraux. Le petit garçon est pesé, sous le regard de l’agent de santé communautaire. Mahamadou est tombé malade, et l’agent de santé a constaté qu’il souffrait de malnutrition.

 

Acou Yacouba a appris comment nourrir son enfant sainement en préparant une bouillie constituée d’un mélange de mil, de haricot, d’arachide et de sucre.
UNICEF/GIRARD/2023
Acou Yacouba a appris comment nourrir son enfant sainement en préparant une bouillie constituée d’un mélange de mil, de haricot, d’arachide et de sucre.

Hazara, la nutritionniste, explique : « la grande majorité des enfants que l’on envoie dans notre centre de santé, sont devenus malnutris à la suite de maladies, en particulier le paludisme, et les diarrhées : comme il est malade, l’enfant n’arrive plus à s’alimenter et tombe dans la malnutrition. Il y a aussi des moments de l’année qui sont difficiles : la saison chaude, la période de soudure. Parfois aussi, les raisons sont sociales : dans notre zone, il y a beaucoup de divorces. L’enfant est alors envoyé dans la famille du père et est élevé par sa grand-mère, qui peut manquer de moyens, ou alors qui le sèvre trop tôt. Mais la situation s’est globalement améliorée, car les gens sont mieux informés. »

Dans le cadre de sa prise en charge, Acou Yacouba a appris comment nourrir son enfant sainement en préparant une bouillie constituée d’un mélange de mil, de haricot, d’arachide et de sucre. Pour autant, elle n’a pas toujours les moyens de préparer une telle bouillie. Les ménages se nourrissent de « boule », préparée avec de la farine de mil. « L’Etat fait de son mieux », soupire une maman. « Les aléas climatiques sont là, on peut cultiver les champs et ne rien trouver malgré tout… »

La ménagère vit à 14 kilomètres du centre de santé. Son mari est un « exodant » : il revient tous les 2 ou 3 mois d’Abidjan, ou du Ghana selon les périodes, où il vend des vêtements. « Ce n’est pas facile. Nous avons une usine de cimenterie, heureusement, qui permet de faire vivre des familles. », témoigne l’agent de santé communautaire, qui poursuit : « Ici, creuser un puits demande de creuser jusqu’à 200 mètres. Difficile dans ces conditions de cultiver son petit lopin de terre. »

Difficile également, quand tant de mères se retrouvent seules à gérer leurs familles, de trouver l’agent qui leur permettrait de donner les précieuses protéines à leurs enfants : « quand on a un œuf de pintade, on le vend », témoigne simplement la jeune mère.

Des femmes marchent dans la rue à Malbaza
UNICEF_OLLIVIER_GIRARD_2023

En 2022, les financements de USAID, du Bureau des affaires humanitaires de l'Union Européenne, de FCDO, de CERF, ainsi que des Coopérations italienne, luxembourgeoise et espagnole et de  la Coopération Économique et de Développement du Ministère Fédéral d’Allemagne, ont contribué au traitement de 430 708 enfants âgés de 6 à 59 mois souffrant de malnutrition aiguë sévère (MAS) au Niger, dont près de 18% grandissent dans la région de Tahoua.

Il est estimé qu’en 2023, près de 430 000 enfants malnutris aigus sévères seront traités, dont environ 16% seront des enfants de la région de Tahoua.