L’inclusion progressive des enfants en situation de handicap
L’école Amitié I fait partie des 13 écoles soutenues par l’UNICEF à Niamey, à travers les actions de son partenaire l'ONG Humanité et Inclusion (HI).

Le regard concentré, Yaya Abdou Kimba, 6 ans, avance difficilement de son banc d’école vers le tableau noir de sa classe à Niamey, Niger. D’une main il tient son ardoise, l’autre main lui permet de maintenir son équilibre. Arrivé au tableau, le garçon écrit quelques lettres à la craie blanche.
Il y a encore quelques mois, sa famille ne l’aurait jamais imaginé à l’école. Le père de Yaya, qui accompagnait chaque matin ses filles à l’école, a parlé de la situation de handicap de son fils cadet à la directrice de l’école Amitié I. « Je lui ai dit que notre école était tout à fait adaptée pour le recevoir, il ne voulait pas y croire ! », se souvient Mardjane Oumarou.
Yaya ne peut pas parler, et il marche avec beaucoup de peine. Il compte parmi la vingtaine d’enfants en situation de handicap scolarisés à l’école Amitié I. Ses résultats sont très bons, et il n’a pas de difficulté à suivre la classe. Arrivé à l’école depuis quelques mois, il s’est déjà fait des amis. Ses camarades l’aident à se déplacer dans la cour d’école sablonneuse.
L’école Amitié I fait partie des 13 écoles soutenues par l’UNICEF à Niamey, à travers les actions de son partenaire l'ONG Humanité et Inclusion (HI). Depuis 2009, HI organise des formations pour les enseignants afin de les aider à faire tomber les tabous sur le handicap, et à mieux prendre en charge les enfants pendant la classe.
En 32 ans de métier, la directrice a pu observer l’évolution des regards portés sur les enfants handicapés : « quand HI a commencé ici, j’étais encore enseignante, craie en main ! Nous ne savions pas toujours comment faire avec ces enfants avec des besoins spécifiques, mais nous nous sommes rendu compte que cela se passait très bien. Nous les mettons de préférence au premier rang, leur accordons une attention particulière, et plus de temps pour leurs devoirs sur table. Les mentalités évoluent : il y a quelques années, les enfants en situation de handicap étaient cachés par leurs parents, ou forcés à la mendicité. »

Constatant qu’environ 80% des personnes handicapées vivent sans aucune instruction, l’Etat nigérien a pris plusieurs mesures pour les enfants en situation de handicap, comprenant l’octroi de bourse d’études, d’allocations aux élèves handicapés des collèges et lycées, une dérogation d’âge d’inscription en première année d’école primaire. Le pays est aussi, depuis 2008, signataire de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH).
« Par essence, l’école doit être inclusive. Elle l’est, au Niger, dans les textes. C’est un engagement important du gouvernement qui reconnaît que les personnes en situation de handicap ne doivent pas être exclues, marginalisées ou stigmatisées », souligne Stefano Savi, Représentant de l’UNICEF au Niger. « Mais il reste beaucoup à faire, notamment dans l’accompagnement du personnel soignant et enseignant, afin que les enfants souffrant de handicap puissent être accompagnés et préparer leur avenir. »

Afin que des mesures soient prises au niveau local, dans les écoles et jusque dans les foyers, l’UNICEF soutient donc la sensibilisation des enseignants, mais aussi des élus locaux, pour qu’ils intègrent la question du handicap à leurs plans communaux. Également, par l’intermédiaire de HI, l’UNICEF a financé des cours de langage des signes pour 360 parents, afin qu’ils puissent s’exprimer dans une même langue que celle pratiquée par leurs enfants à l’école. En deux ans, plus de 8 000 enfants en situation de handicap ont été touchés par ces initiatives.
D’après un rapport publié par UNICEF en novembre 2021, un enfant sur dix souffre de handicap dans le monde. En Afrique de l’Ouest et du Centre, l’estimation s’élève à 15%. -notamment en raison de maladies telles que la méningite, le paludisme cérébral, ou d’une mauvaise alimentation.
Dans un pays tel que le Niger, pays qui compte la population la plus jeune du monde avec une personne sur deux âgée de moins de 15 ans, l’inclusion des jeunes filles et garçons en situation de handicap est d’autant plus cruciale.
