Quatre femmes, quatre parcours impressionnants et inspirants
Ces femmes nous ouvrent leurs mondes pour marquer cette journée internationale des Femmes

Nellie Anjaratiana, la force tranquille de Miss Madagascar derrière les jumeaux de Mananjary
Officier Miharisoa Barinia aux petits soins des hélicoptères de l’Armée de l’air
Neny Rasoa, une guerrière avec sa légendaire deux chevaux Citroën
Matina Razafimahefa, dans les coulisses de l’éducation numérique pour la jeunesse africaine
Nellie Anjaratiana, la force tranquille de Miss Madagascar derrière les jumeaux de Mananjary


À 25 ans, Nellie Anjaratiana, originaire de Port-Bergé dans le nord de Madagascar s’est vu sa vie se transformer en un conte de fée mais surtout en opportunité d’être un défenseur des droits des enfants notamment des jumeaux de Mananjary. Ces enfants abandonnés à la naissance et privés de droits à cause des us et coutumes locaux dans le sud-est de Madagascar.
Elue Miss Madagascar 2020, Nellie Anjaratiana est depuis sous les feux des projecteurs mais aussi multiplie ses actions humanitaires et caritatives.
Cette jeune femme s’installe actuellement en France où elle travaille dans le domaine des assurances et mutuelles. Mais son cœur reste à Madagascar pour honorer son devoir depuis son sacre. « Être miss est l’opportunité de pouvoir apporter ma petite pierre à l’édifice pour faire rayonner le pays à l’international. Faire connaître le pays et ses valeurs qui est très important surtout pour l’organisation Miss Monde », explique Nellie de nature généreuse et spontanée.
Ce qui lui démarque c’est qu’elle prend la vie comme un challenge au quotidien en essayant toujours de progresser et d’être la meilleure version d’elle. Ce qui l’aide d’ailleurs à avoir les pieds sur terre et veut rester fidèle à ses valeurs.
Derrière cette force tranquille, il y a une rage d’avancer et de changer le monde. Nelly compte faire une mobilisation pour les centres de prise en charge des jumeaux rejetés à Mananjary et sensibiliser le monde là-dessus pour plus de ressources. Son plus beau rêve c’est de convaincre l’équipe de Miss World dans le challenge «Beauty with a purpose » par son projet, pour les inviter à Madagascar et voir de visu et appuyer cette cause.
Son défi est d’éviter que les enfants soient abandonnés et d’avoir un endroit où aller pour leur protection et où ils puissent grandir dans un environnement plus sur et bienveillant. Enfin, elle voudrait convaincre les parents en prenant les enfants comme une bénédiction mais pas comme une malédiction. Une étape de fait est que l’Etat malagasy apporte son soutien à ses enfants jadis oubliés.
« Chaque enfant a le droit d’être aimé et choyé pour grandir dans un milieu sur et sain », explique-t-elle. Partager et faire connaître le monde entier sur le cas des enfants à Mananjary est très important pour elle pour pouvoir changer quelque chose. Etant née d’une grande fratrie, elle trouve injuste de condamner des enfants dès leur naissance.
Ce qui la pousse à aller davantage dans l’humanitaire. « Effectuer des missions humanitaires est un plaisir pour moi car c’est là où je me sens à ma place dans le partage avec ceux qui en ont besoin ».
Mais le rêve ne s’arrête pas là pour notre jeune dame. Elle ambitionne de continuer ses études après Miss Madagascar mais surtout, elle voudrait poursuivre ses actions caritatives et humanitaires. De retour à Madagascar pour préparer la compétition internationale de Miss Monde, Nellie Anjaratiana souhaite une bonne fête à toutes les femmes. « Les femmes sont les berceaux de la vie et vous êtes plus fortes que vous ne le croyez. Croyez en vous et en vos capacités. Soyez vraies, sincères et soyez vous-mêmes et véhiculez toujours la paix et Créez votre propre opportunité », conclut-elle comme message aux femmes.
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Officier Miharisoa Barinia aux petits soins des hélicoptères de l’Armée de l’air


Le parcours de Miharisoa Barinia Rakotonirina est tout simplement remarquable. Une vraie militaire bien étoffée sans aucun doute. Déjà, elle fut la première femme à intégrer l’armée de l’air malgache en 2011 après avoir réussi brillamment le concours d’entrée aux écoles françaises de formation d’officier en France. A partir de là, elle a choisi une carrière pour devenir mécanicienne en aéronautique. Une suite assez logique d’après ses deux ans de prépa à l'Ecole Supérieure Polytechnique d’Antananarivo (ESPA).
Sa table de travail imaginez-vous, c’est l’Ecureuil AS 350 B2. Un des hélicoptères qui a révolutionné le monde de l’aéronautique.
« Durant ma formation en France, j’ai eu l'occasion de faire mes études dans une branche que je n'aurais jamais osé rêver mais qui s'ouvrait à moi à ce moment-là, à condition de travailler dur évidemment », se rappelle-t-elle.
Plus jeune, elle n’avait jamais envisagé cette option même si elle pensait qu’elle avait déjà toutes les qualités nécessaires. Décrite comme très sérieuse et disciplinée, respectueuse du règlement, autoritaire... (souvent déléguée de classe), son avenir était tracé.
« Faire une carrière dans l'Armée de l'Air a sans doute été une façon pour moi de concilier ma personnalité avec mes atouts. Selon les retours d'expériences de mes aînées de l'ESPA, il est encore difficile d'être prise au sérieux sur le plan professionnel lorsqu'on est du sexe faible, scientifique et qu'on désire accéder au marché du travail. Je ne souhaitais nullement être à la merci de futurs recruteurs qui me regarderaient de haut ou qui préfèreraient donner la place à un homme de qui a les mêmes compétences que moi si l'occasion se présentait. J'ai voulu valoriser mes acquis intellectuels et j'ai réussi, en me mettant en compétition avec plus de 1000 candidats au concours…j'ai été la seule reçue », poursuit-elle.
Mais le chemin n’était pas facile comme elle pouvait s’imaginer. Rien n'était encore acquis. « Déjà á l'Ecole de formation, j'ai été victime à la fois de sexisme et de racisme. Endurer quotidiennement ces deux sortes de discrimination m'a fait sortir de ma zone de confort. Chaque jour a été un combat pour démontrer que je suis à la hauteur et que j'ai ma place. Le plus dur pour une femme dans l'armée c'est de savoir que 80% des hommes qui nous entourent pensent que nous sommes en train de voler la place à d'autres hommes qui auraient leur place dans l'institution. J'ai passé le test et j’étais celle qui a relevé au mieux le défi. De ce fait, je mérite amplement ma place », explique-t-elle.
En fin de formation, à 21 ans, retourner au pays ne s’annonçait pas facile du tout pour Miharisoa. La mentalité Malagasy est encore très ancrée dans le patriarcat. Il est déjà difficile pour les jeunes hommes de s'intégrer et de se faire respecter par les subordonnés ayant déjà plus de 20 ans de carrière, mais pour une femme, c'était encore plus dur. « J'étais sous-lieutenant et j'ai eu ma première affectation dans ma base aérienne. Certaines personnes n'ont pas mâché leurs mots pour me faire comprendre que j'ai l'âge de leur fille et qu'ils n'ont pas d'ordre à recevoir de moi. Seulement, cela ne fonctionne pas ainsi et le règlement de l'armée est basé sur le respect du grade, bien plus que de la personne. J'ai pu surmonter tout ça à force de persévérance en donnant à chaque fois l'exemple à mes pairs, en ne me laissant pas déstabiliser, en mettant en avant mes compétences et surtout, en ne laissant jamais transparaître mes faiblesses. Au début c'est dur car pour garder le masque, on a l'impression qu'on doit devenir une toute autre personne. Ensuite l'habitude devient une seconde nature et on devient cette personne dure, rigoureuse qui ne lâche rien », poursuit-elle.
Actuellement, Miharisoa accumule déjà dix ans de carrière et il y a toujours autant de défis. Son ressenti actuel est qu'une femme doit faire doublement plus d'efforts qu'un homme pour obtenir la même considération et le même respect. D'un côté, cette situation l’a poussé à toujours se surpasser et à ne jamais se reposer sur ses lauriers. Il faut savoir que l'armée Malagasy a intégré le sexe féminin en son sein il y a à peine un peu moins de 20 ans. Durant ces deux décennies, comme ses camarades femmes, elle a eu son lot de brimades et de discrimination, des combats à mener dans des domaines donnés en plus du choix de carrière qu’elles ont entamé et qui n'est déjà pas facile. Se battre continuellement pour assurer une meilleure intégration du sexe féminin dans les forces armées futures était plus qu’un objectif.
« Ce qui me motive à aller plus loin, c’est ma foi en l'effectivité d'une égalité de droits homme-femme. On pense souvent à tort que cette revendication vise à propulser certaines femmes à des postes qu'elles ne méritent pas ou à dévaloriser le sexe masculin. La réalité est que en tant que femme, j'ai des apports essentiels et pertinents à apporter à mon institution. Il s'agit de collaboration pour rendre le monde bien meilleur. Mis à part le fait d'être responsable de maintenance des hélicoptères de l'Armée de l'Air, je suis également en charge de la formation de la relève en techniciens de maintenance aéronautique de l'Armée de l'Air. Ma motivation réside dans le fait que ce que je fais contribue à la perpétuation du savoir-faire et savoir-être au sein de plusieurs générations de militaires et à l'effectivité de l'opérationnalisation des stratégies mises en place au niveau de l'Etat-Major. Aujourd'hui, je suis fière du parcours que j'ai fait. Bien sûr, j'ai encore beaucoup à accomplir et beaucoup à améliorer mais je sens que je suis dans la bonne voie pour porter haut la voix et les valeurs de la femme Malagasy.
« Aux femmes, il faut toujours se donner des défis, ne jamais rester dans l'inaction, ne pas se reposer sur ses lauriers, combattre le statu quo. Ne pas accepter de s’enfermer dans les cases que nous dicte la société, parce qu’une fois qu’on met ça dans notre tête, c’est comme un virus qui nous détruit de l’intérieur, cela détruit notre potentiel…infini que l’on se doit de découvrir », termine celle qui ambitionne un jour de commander une base aérienne ou même de diriger un Etat-Major.
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Neny Rasoa, une guerrière avec sa légendaire deux chevaux Citroën


Qui ne connait pas Celestine Randriambololona alias Neny Rasoa. Elle a sillonné les rues de la capitale au volant de sa Citroën 2CV depuis presque trente ans. Connue comme une femme épanouie par ses proches et ses clients, elle garde des années d’ultime combat pour avoir sa place au sein de la société notamment dans le monde du travail.
« Je me souviens de mes débuts. Je n’avais que 30 ans. Une jeune femme essayant de trouver sa place dans un monde d’homme », se rappelle-t-elle le sourire aux lèvres. Elle se souvient toujours des embûches et des moqueries des autres personnes tout au long de sa carrière de taxiwoman
Aujourd’hui, cette mamie de trois enfants est assez fière du chemin qu’elle a pu parcourir jusqu’ici. Elle exerce le métier de ses rêves qui lui permet d’arrondir ses fins de mois. Reconnue et admirée par beaucoup de clients et des habitants de la capitale, Neny Rasoa prévoit de continuer son travail.
Parmi les femmes chauffeurs de taxi, Neny Rasoa est la plus fidèle. Vivre le contexte du COVID-19 lui pose un autre défi. Port du masque et usage du gel hydroalcoolique, elle aussi n’échappe pas a cette règle d’or de prévention contre cette pandémie.
« Il y a eu un moment où elle a vraiment arrêté de travailler quand les statistiques du COVID à Madagascar était alarmant », explique Volasoa Randriambololona, sa fille qui se souvient de sa mère comme une mère poule mais aussi une mère battante. C’est d’ailleurs cet esprit de combativité qu’elle a transmis à ses trois enfants.
La désinfection de sa voiture se faisait au quotidien auparavant mais maintenant elle le fait hebdomadairement. Elle a un message pour les femmes : « Aimez ce que vous faites et inspirez-vous…soyez vous-mêmes ».
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Matina Razafimahefa, dans les coulisses de l’éducation numérique pour la jeunesse africaine


Un parcours qui peut inspirer les jeunes surtout les filles. Née en Côte d’Ivoire et ayant grandi à Madagascar, Matina Razafimahefa a laissé son cœur en Afrique. Même si elle a quitté Madagascar à 10 ans pour faire sport étude de tennis, elle s’y attache beaucoup.
Après ses études en sciences politiques au sein de La Sorbonne Paris, elle a lancé SAYNA, son start up, pour ensuite s’y consacrer définitivement. « J’ai découvert le lycée public français à l’âge de 15ans et c’est à partir de là que mon aventure entrepreneuriale a commencé. J’ai intégré La Sorbonne à Paris en sciences politiques et j’ai ensuite lancé SAYNA pendant ma deuxième année. J’ai donc décidé d’arrêter mes études pour me consacrer 100% à SAYNA ».
Cette jeune fille est une boule d’énergie. Son ambition est de permettre à des millions d’Africains d’avoir accès à une éducation numérique de qualité et d’avoir des opportunités de travail à travers le monde. C’est dans ce sens qu’elle s’attelle avec son organisation SAYNA pour rendre l’éducation aux nouvelles technologies accessible à des millions d’Africains. SAYNA donne des opportunités de travail à tous dans l’industrie du digital sans que le curriculum vitae ne soit une barrière.
Après avoir connu un parcours semé d’embûche, Matina n’a jamais lâché prise. Actuellement, elle est fière d’avoir progressé, grandi, passé beaucoup d’étapes qui l’a amené à la personne qu’elle est devenue aujourd’hui.
Persévérante de nature, ses efforts ont été récompensés car en 2020, elle a gagné la 2ème place du prix Anzisha, qui prime les innovations des jeunes africains entrepreneurs dans l’entreprenariat.
« Ce prix m’a apporté beaucoup de fierté pour mon pays, ma famille, mon équipe et SAYNA. Ce prix est celui de mon entreprise est non le mien. C’est une récompense pour tout le travail mené depuis 3 ans donc c’est très gratifiant », assène Matina qui reste concentrée sur ses objectifs. «Anzisha n’a pas changé mon ambition mais à juste accéléré la mise en route de cette ambition », poursuit-elle.
Pour plus tard, la toute dernière des Razafimahefa voudrait créer des entreprises rentables qui vont changer le quotidien de millions de personnes en créant des emplois.
Elle ne compte pas s’arrêter là et a comme vision de révolutionner l’accès au marché du travail via une solution de crowdsourcing et de rendre l’éducation aux nouvelles technologies accessibles à tous via internet avec des prix très attractifs.
« Ma vision ne se limite pas à la promotion de la jeunesse malgache… mais aussi et surtout pour la jeunesse Africaine. Je vois une jeunesse qui souffre de précarité dans le monde. Une jeunesse que l’on peut retrouver dans le monde entier, comme le sait bien l’UNICEF. En tant qu’entrepreneur malgache, je veux montrer qu’on peut avoir des ambitions qui vont au-delà de nos propres frontières. Il y a des moments où je me sens seule, c’est sûr. Mais je me rappelle que j’ai une communauté qui croit en moi, une équipe qui est là pour se battre à mes côtés, des actionnaires qui croient en moi mais surtout en la vision que nous partageons », confie Matina.
Sa foi et sa confiance l’aident à avancer tout comme ses parents mais aussi son copain.
« Chacun joue son rôle pour m’aider à avancer, pour que l’on puisse gagner ensemble »,
Comme des millions de jeunes femmes, la journée du 08 mars est une journée pour célébrer les combats des femmes. « Croyez en vous, prenez des risques, entourez-vous des personnes qui vous font grandir et donnez une meilleure version de vous-même ! »
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