Les humanitaires sont au chevet des populations pour lutter contre la malnutrition
Dans le grand sud-est de Madagascar, les agents de santé épaulés par les agents communautaires et d’autres acteurs travaillent au premier plan pour sauver la vie des enfants atteints de malnutrition aigüe.

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Au village de Manambotra – dans le sud-est de Madagascar, la vie a repris son cours petit à petit, un an après le passage dévastateur des cyclones Batsirai et Emnati en février 2022. Sous un ciel nuageux, Herisoa Albertine se prépare pour le rassemblement des femmes du village, prévenues de la tenue de l’activité une semaine auparavant. Agent communautaire en nutrition, Albertine a aménagé un petit espace au milieu des maisons en bois, pour accueillir les conviées. Plus d’une centaine d’enfants de bas âge sont présents avec leurs mères.
Alors que les regards sont braqués sur les ingrédients étalés sur la table, Albertine commence les activités de sensibilisation. « Comme vous pouvez le voir ici, il faut utiliser des aliments variés et diversifiés pour votre alimentation et celle de vos enfants. L’allaitement maternel est aussi essentiel pour le développement de votre bébé », insiste-t-elle durant la séance qui dure environ trente minutes.
Au côté d’Albertine, Mario, animateur communautaire rattaché à l’office régional de la nutrition, soutient dans la réalisation de ces activités. « Nous allons commencer la pesée ainsi que la mesure du tour de bras de vos enfants », annonce-t-il avec dynamisme. Les deux collègues effectuent un travail à la chaine tandis qu’Olidée, cuisinière, commence à préparer avec trois de ses pairs les aliments apportés par les membres de la communauté. Elle s’est portée volontaire pour cette tâche car son enfant fait partie de ceux qui sont malnutris dans cette communauté.
« Actuellement, nous prenons en charge environ 185 cas de malnutrition aigüe modérée chez des enfants de moins de cinq ans. Nous avons commencé les prises en charge au niveau communautaire depuis novembre 2022 et les cas augmentent à cause des effets dévastateurs des cyclones sur l’agriculture. Normalement, nous devions traiter les cas modérés au niveau du site de nutrition communautaire. Faute de local pour entreposer en sécurité les intrants, nous faisons la distribution du traitement au centre de santé qui les stocke », témoigne Albertine.
Selon les prévisions des acteurs humanitaires, 115,000 enfants dans ces régions auront besoin d’un traitement contre la malnutrition aigüe en 2023 dans le Grand Sud Est de Madagascar.

© UNICEF/UN0794254/Andriantsoarana
Albertine entrain de peser Franckline, 2ans, fille d’Olidée et atteint de malnutrition aigüe modérée.

© UNICEF/UN0794202/Andriantsoarana
Olidée, cuisinière volontaire et dont la fille est malnutrie, en train de cuisiner pour séance la démonstration culinaire.

© UNICEF/UN0794264/Andriantsoarana
Olidée, en train de recevoir l’aliment de supplémentation prêt- à-l ’emploi, pour le traitement de la malnutrition aigüe modérée chez son enfant
Ensemble dans la lutte
Les acteurs œuvrant dans le secteur de la nutrition ont fait un appel 13 millions de dollars pour lutter contre la malnutrition dans les trois régions du Sud Est. En février, seulement 11% de ces besoins financiers avaient été couverts, alors que le cyclone Freddy a frappé ces mêmes zones, particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique et à l’augmentation des phénomènes climatiques extrêmes. Au même moment, un appel mondial a été lancé par l’UNICEF et quatre autres organismes des Nations Unies, sur la nécessité d’une action immédiate afin de protéger les enfants les plus vulnérables dans les 15 pays les plus touchés par une crise alimentaire et nutritionnelle, dont Madagascar.
Alors qu’Albertine et Mario sont sur le point de terminer le dépistage, une forme sévère de malnutrition est détectée chez Merlino, âgé de six mois. Albertine l’accompagne immédiatement au centre de santé qui se trouve à deux pas du site pour qu’il puisse recevoir le traitement adéquat ; des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi. Elle profite de ce moment pour valider les résultats du dépistage auprès de l’agent de santé.
Une recrudescence du paludisme est aussi observée au niveau de centre de santé à cause des eaux stagnantes. « Hier, 58 personnes sur 63 testées sont positives au paludisme. Cela empire la malnutrition chez l’enfant à cause de la fragilité de son l’état de santé », explique Marcelin agent de santé au nveau de ce centre.
« Le repas est prêt ! », chuchote Olidée à Albertine lorsqu’elle revient au site communautaire. Juste le temps d’un instant, les participants oublient le souci de la vie quotidienne en partageant le repas adapté aux besoins des jeunes enfants. La session se clôture dans la bonne humeur avant que tout le monde regagne leur foyer.

© UNICEF/UN0794688/Andriantsoarana
Zoronalia (en t-shirt bleu), après avoir été testé positif au paludisme devant le centre de santé de Manambotra sud.

© UNICEF/UN0794278/Andriantsoarana
Un enfant dormant après avoir mangé le repas préparé dans le cadre de la démonstration culinaire

© UNICEF/UN0794722/Andriantsoarana
Albertine en train d’effectuer une visite à domicile chez une mère dont l’enfant ne gagne pas en poids pour lui prêter conseil