La malnutrition aiguë menace la vie des enfants vulnérables dans le grand sud-est de Madagascar
Après le passage des cyclones en 2022, cette partie de la grande ile a été frappée encore une fois par les impacts du cyclone Freddy en février 2023. Selon la prévision, 115,000 enfants auront besoin d’un traitement contre la malnutritiion aiguë en 2023
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Devant le centre de santé d’Anosy Tsararafa - dans le sud-est de Madagascar, une centaine de mères accompagnées de leurs enfants sont déjà présentes en début de matinée. La majorité a du s’assoir par terre car il n’y a pas assez de bancs en raison de l’affluence. Soa, 24 ans est venue avec trois de ses quatre enfants dont les jumeaux Marina et Julien, âgés de sept mois. Un enfant dans ses bras, un autre porté sur son dos et le dernier marchant rapidement à petit pas, Soa se presse pour rejoindre les autres.
« J’emmène mes enfants pour le contrôle au centre de santé car ils sont amaigris depuis quatre semaines. Là-bas, ils recevront le traitement adéquat », affirme-t-elle. Les jumeaux sont tous les deux atteints de malnutrition aigüe. Julien présente une émaciation modérée tandis que Marina une forme sévère, l’aspect de dénutrition la plus meurtrière.
Sous le regard attentif des mères, l’agent de santé Kamosa Arisaina Vetas démarre les activités par des sensibilisations autour de la nutrition, l’alimentation et l’hygiène. Ensuite, il poursuit avec la pesée de chaque enfant et la mesure de leur tour de bras. « 109 millimètres », dit-il à son collègue après avoir examiné celui de Marina. Malgré le fait qu’elle ait gagné 100 grammes en une semaine, elle est toujours dans la zone rouge, ce qui signifie qu’elle est encore sévèrement malnutrie. Soa reçoit pour le traitement de Marina des rations d’aliments thérapeutiques prêts- à -l ’emploi, fournis par l’UNICEF. Pour Julien, son jumeau, elle reçoit un traitement à base d’un produit adapté pour les formes modérées de malnutrition ; que fournit le Programme Alimentaire Mondial.
« Toutes ces mères sont venues pour le dépistage de la malnutrition mais aussi pour faire suivre à leurs enfants le traitement adéquat. L’agriculture a été ravagée par le passage des cyclones, ce qui a causé la malnutrition chez ces enfants, vivant dans des ménages déjà vulnérables auparavant », explique Vetas. Selon les dernières analyses du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, environ 874,000 personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë dans le Grand Sud-Est de Madagascar.
Un appel mondial
Le 12 janvier 2023, l’UNICEF a lancé un appel mondial, au côté de quatre autres organisations des Nations Unies, sur la nécessité d’une action immédiate afin de protéger les enfants les plus vulnérables dans les 15 pays les plus sévèrement touchés par une crise alimentaire et nutritionnelle sans précédent, incluant Madagascar. En raison des chocs climatiques, des effets persistants de la pandémie de COVID19 et de la hausse du coût de la vie, de plus en plus d’enfants souffrent de malnutrition aiguë.
A la fin de la matinée, Soa et ses enfants retournent à leur foyer à vingt minutes à pied du centre de santé. Sa fille ainée qui a six ans vient tout juste de rentrer de l’école préscolaire du village, là où des repas chauds lui sont servi au niveau de la cantine scolaire. Soa prépare quelques fruits à pain comme déjeuner. Cet aliment pousse à l’état sauvage est et couramment utilisé pour subvenir aux besoins alimentaires, en particulier pendant les périodes de soudure. Au même moment Clovis, son mari, revient de la pêche avec quelques petits poissons.
« C’est tout ce que j’ai pu pécher aujourd’hui. Nous devons les consommer car les gens ne veulent pas acheter les poissons de petite taille. Notre rizière a été ravagée par les cyclones et pour l’instant, nous sommes obligés de manger ce qu’on trouve », témoigne le père de famille.
La situation dans le grand sud-est de Madagascar risque de s’empirer encore suite au passage du cyclone Freddy la nuit du 21 février 2023. Selon la prévision, 115,000 enfants dans ces régions auront besoin d’un traitement contre la malnutrition aigüe cette année. Les acteurs humanitaires, notamment l’UNICEF, se concentrent sur déploiement d’une réponse coordonnée et à grande échelle pour éviter les décès et soutenir le système de santé. « Nous travaillons en étroite collaboration avec les agents communautaires sur le dépistage et la prise en charge de la malnutrition. Les actions multiples en cours doivent être poursuivies afin de nous permettre de lutter contre la malnutrition et la sécurité alimentaire », affirme Vetas, préoccupé par la situation des enfants au niveau de sa communauté.
© UNICEF/UN0794156/Andriantsoarana
Soa et ses enfants en train de manger des fruits à pain dans leur maison pendant le déjeuner.
© UNICEF/UN0794161/Andriantsoarana
Clovis, le mari de Soa, devant des barques apres avoir péché quelques poissons.
© UNICEF/UN0794157/Andriantsoarana
Portrait de Soa et de sa famille debout devant leur maison.
