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Comment améliorer les soins de santé primaires pour se préparer à de futures pandémies

Liste des domaines clés dans lesquels nous devons investir si nous voulons bâtir de meilleurs systèmes de santé.

UNICEF
Munta Hussen gets her first COVID-19 vaccine as her son looks on.
UNICEF/UN0446643/Tadesse

Qu’attendons-nous pour renforcer les soins de santé primaires (SSP) partout dans le monde ? La pandémie de COVID-19 nous en a révélé les enjeux : des vies de famille chamboulées aux quatre coins du globe, des millions de vies perdues, toute une génération d’élèves en proie à une crise de l’éducation. Autant de rappels qu’il est impératif d’investir dans la résilience des systèmes de santé du monde entier. En améliorant les SSP, nous nous prémunissons contre de futures pandémies. Voici quelques-unes des priorités à mettre en œuvre sans tarder :

1. Renforcer les effectifs des agents de santé, les former et les valoriser

Les agents de santé sont les chevilles ouvrières de tout système de santé digne de ce nom. Durant la pandémie, les agents de première ligne, et notamment les agents de santé communautaires, se sont mobilisés corps et âme. Que ce soit pour s’occuper des malades, acheminer des vaccins jusqu’aux populations les plus vulnérables, réaliser des tests de dépistage et des signalements ou encore assurer la continuité des services de santé courants, ils ont été sur tous les fronts.

L’exemple de Jennifer, pharmacienne travaillant à l’hôpital régional du Grand Accra au Ghana, résume à lui seul le dévouement de toute une profession : « Je vis avec mon mari, mes trois enfants et ma mère âgée de 80 ans. J’étais encore en train d’allaiter quand j’ai commencé à travailler dans l’unité de soins intensifs COVID-19, raconte-t-elle. J’étais terrifiée à l’idée de contracter le virus et de mettre ma famille en danger. Cela a été dur, mais j’ai dû empêcher mes enfants de me faire des câlins. »  

Jennifer Boateng, pharmacienne en chef de l’hôpital régional du Grand Accra, au Ghana.
UNICEF/UN0588460/Kokoroko
Jennifer Boateng, pharmacienne en chef de l’hôpital régional du Grand Accra, au Ghana.

Pendant la pandémie, Jennifer s’est occupée de fournir aux patients atteints de la COVID-19 les médicaments dont ils avaient besoin. Son expérience au sein de l’unité de soins intensifs a laissé chez elle des traces profondes.

« Je n’avais jamais été confrontée à autant de décès au cours de ma carrière, ce fut une expérience traumatisante. Il m’a fallu beaucoup de force et de préparation mentale pour trouver le courage d’aller travailler chaque matin. »

Comme pour Jennifer, la pandémie a eu pour les professionnels de santé un coût physique et émotionnel colossal. En prévision d’autres pandémies, il est donc plus important que jamais de leur accorder une place centrale, c’est-à-dire de les former correctement, de s’assurer qu’ils soient vaccinés – et donc protégés – en priorité, et de leur apporter un soutien financier et psychologique. De même, il est nécessaire de les aider à renforcer leur confiance, en leur montrant qu’ils sont compris et écoutés et que leurs préoccupations sont prises en considération. Cet accompagnement est indispensable, non seulement pour que les agents de santé puissent faire leur travail correctement, mais également pour préserver l’attrait de cette profession et éviter une crise des vocations.

2. Mettre en place des systèmes de surveillance et de riposte efficaces

Durant la crise sanitaire, des foyers épidémiques ont émergé à différents moments en divers endroits du globe. À intervalles réguliers, de nouveaux variants, parfois plus contagieux, se sont mis à circuler, et bien souvent, ils se sont répandus comme une traînée de poudre. Comme pour tout virus qui circule beaucoup et mute constamment, il est important de disposer de mécanismes fiables de dépistage et de signalement. Il est alors possible de faire rapidement remonter le déclenchement d’une épidémie ou l’apparition d’un variant aux autorités sanitaires concernées. Plus l’alerte est donnée tôt, plus des mesures efficaces peuvent être mises en place rapidement pour limiter la transmission du virus. C’est lorsqu’elle est exercée au niveau de la communauté que ce type de surveillance donne les meilleurs résultats.

À Mumbai, en Inde, une agente de santé effectue un test de dépistage de la COVID-19 par prélèvement nasal.
UNICEF/UN0457031/Bandiwadekar

Aussi, des investissements plus importants seront indispensables à l’avenir pour améliorer le dépistage, notamment au niveau local, car de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire affichent toujours des moyens insuffisants dans ce domaine. Tant que cette situation perdurera, notre capacité à détecter et à endiguer de nouvelles flambées épidémiques demeurera limitée, et fera planer le risque d’autres confinements assortis de nouvelles fermetures d’écoles et d’entreprises. Or, nous le savons, ces restrictions ont des répercussions immenses sur le plan économique et social.

3. Miser sur la santé des communautés pour renforcer la confiance dans les services de santé

Vacciner les populations pour les protéger et leur permettre de s’épanouir ne peut se faire sans confiance préalable. Il faut donc encourager le public à faire davantage confiance aux professionnels, aux établissements et aux agences nationales de santé, dont émanent des informations essentielles. En nous assurant que les conseils fournis par ces acteurs – qui doivent reposer sur des données probantes – sont respectés, nous pouvons lutter contre l’apparition de nouvelles pandémies.

Qui plus est, il est important de faire connaître au grand public les services de santé à sa disposition, de l’informer que des vaccins existent, et de lui faire savoir où et quand se rendre pour se faire vacciner. Un impératif d’autant plus fort dans les zones rurales, où ces services sont souvent fournis par des dispensaires provisoires.

Neliswa Mnana tient debout sur ses genoux son fils de 6 mois, Phatu, sur un site de vaccination éphémère installé dans le cadre de la campagne Zwakala.
UNICEF/UN0595761/Paul
En Afrique du Sud, Neliswa Mnana tient debout sur ses genoux son fils de 6 mois, Phatu, sur un site de vaccination éphémère installé dans le cadre de la campagne Zwakala.

En Afrique du Sud, une campagne de vaccination baptisée « Zwakala » montre ce qu’il est possible d’accomplir en misant sur la confiance et sur une communication efficace. En langue zoulou, « zwakala » signifie « rejoins-nous », une expression fréquemment employée comme une invitation entre amis. Grâce à cette initiative, les agents de santé de proximité ont pu accroître la mobilisation dans des régions du pays qui affichaient auparavant une progression lente du taux de vaccination contre la COVID-19. Cette campagne a pris plusieurs formes : spots sur la radio locale, distribution de brochures ou rencontre directe avec les habitants. Pour en savoir plus sur Zwakala et sur la nécessité de renforcer la confiance dans les services de santé, cliquez ici.

4. Intégrer les vaccins contre la COVID-19 aux programmes de vaccination systématique

Si l’on souhaite que les populations soient protégées, les vaccins contre la COVID-19 doivent être aisément accessibles au niveau communautaire, c’est-à-dire qu’ils doivent faire partie intégrante des programmes de vaccination systématique et des vaccins proposés dans le cadre du suivi vaccinal tout au long de la vie. Pour cela, il est nécessaire de renforcer la vaccination systématique comme les services de SSP et de les élargir aux adultes, tout en continuant de promouvoir la vaccination infantile.

Sabrielys Angulo, 6 ans, se fait vacciner lors d’une campagne de vaccination de masse menée dans la localité de San Vicente, à deux heures de Caracas, la capitale du Venezuela.
UNICEF/UN0517738/Poveda

5. Renforcer la logistique et l’approvisionnement

Le développement, la livraison et l’administration de vaccins pendant la pandémie a représenté un défi immense en termes d’approvisionnement et de logistique. En effet, qui dit vaccination ne dit pas seulement dose de vaccin. Cela suppose tout un éventail de fournitures : des équipements de protection (y compris gants et masques) pour ne pas mettre les agents de santé en danger, des stocks de seringues et des dispositifs de stockage permettant le maintien de la chaîne du froid afin de conserver les vaccins à bonne température et d'éviter qu’ils ne se détériorent.

L’exemple des Philippines témoigne de l’importance fondamentale de ce dernier facteur dans la vaccination des populations isolées. Le pays est un archipel composé de centaines d’îles difficiles d’accès et fortement exposées aux éléments. C’est notamment le cas de la municipalité de Kabugao, nichée dans les montagnes au nord de Manille, la capitale. La région connaît régulièrement de fortes inondations et les coupures d’électricité y sont monnaie courante. Cette situation a créé une difficulté particulière pour conserver les vaccins en cas de panne électrique. Grâce à un partenariat entre l’UNICEF et le Gouvernement japonais, des dizaines de réfrigérateurs solaires ont été fournis aux populations comme celles de Kabugao pour assurer la conservation des doses de vaccin.

Ainsi, davantage d’investissements dans ce type d’infrastructure permettraient de s’assurer que les populations locales reçoivent les vaccins dont elles ont besoin pour se protéger de futures vagues épidémiques.

Nous avons devant nous une occasion unique : celle de mettre fin à la pandémie actuelle et d’en éviter de nouvelles. Agissons pour que le monde d’après ne soit pas celui des perturbations et des inégalités, mais plutôt une période de transformation profonde, marquée par un engagement sans faille en faveur du renforcement des soins de santé primaires.

Car c’est en améliorant ces soins à l’échelle nationale et locale que nous pourrons bâtir des systèmes de santé plus robustes, capables de faire face à n’importe quelle épidémie ou pandémie.