Accès à l’eau en zone rurale : une intervention qui change l’histoire et des vies
L’eau, l’hygiène et l’assainissement : plus que des besoins pour les enfants
Juste, 33 ans, habite dans le village de Matoto 1, qui se trouve dans le département de la Sangha, au Nord de la République du Congo, à plus de 800 km de la capitale Brazzaville. Ce village riverain, à proximité de la rivière Sangha, n’avait jamais connu de points d’eau avant les interventions de UNICEF et ses partenaires.
« A l’école où je travaille avant on n’avait pas un forage, donc on était obligés de puiser l’eau de la rivière pour nettoyer et préparer la nourriture de la cantine scolaire. On buvait l’eau du ruisseau en fonction des saisons et quelquefois on avait des forts maux de ventre. » raconte Juste, qui est formateur dans l’école ORA (Observer, Réfléchir, Agir) de son village. Les écoles ORA sont des établissements spécialisés qui utilisent une méthode d’enseignement interculturelle adaptée aux besoins spécifiques des enfants autochtones pour leurs permettre de consolider leurs compétences avant de joindre le système éducatif formel.
« Dans notre école le problème n’était pas seulement le manque d’un point d’eau, mais aussi la mauvaise qualité des latrines. » continue Juste. « Avant, en effet, on n’avait que des latrines en paille construites dans l’herbe : ce n’était vraiment pas pratique et il fallait toujours les arranger. Aujourd’hui on a de nouvelles latrines qui marchent très bien et grâce au nouveau forage du village, on peut aussi bien les entretenir. Chaque jour après les cours on les nettoie et on les ferme avant de quitter. »
L’accès à l’eau : un défi pour beaucoup d’écoles au Congo
Selon les données du Joint Monitoring Programme (JMP) 2018, cinq écoles sur 10 au Congo n’ont pas un accès basique à l’eau potable. Le manque de services d’eau, assainissement et hygiène (EAH) dans le milieu solaire met en danger la santé et la capacité d’apprentissage des élèves. Le manque d’eau compromet les bonnes pratiques d’hygiène, surtout dans le cadre de la pandémie de COVID-19, où le lavage des mains est plus que crucial. Dans les écoles et les communautés qui n’ont pas d’accès à l’EAH, les enfants sont plus vulnérables aux maladies d’origine hydrique, comme le choléra. Pour les filles adolescentes le besoin en eau est encore plus présent par rapport à la gestion des menstruations. La déshydratation, en plus, peut entraîner un manque de concentration, d’où un impact sur les résultats scolaires.
L’école ORA où Juste travaille a bénéficié d’un renforcement des services d’eau, hygiène et assainissement, comme la construction de forages et de latrines, grâce à l’appui du département de l’Agriculture du Gouvernement des Etats Unis, à travers les fonds McGovern-Dole en partenariat avec le PAM et UNESCO depuis 2017.
Dans le cadre de cette initiative, qui est menée par UNICEF et le PAM, trois forages ont été construits dans les écoles des villages de Matoto 1, Enyelle et Ngabala dans les départements de la Likouala et Sangha. Ces forages sont équipés d’une pompe d’eau solaire, une solution écologique et durable face au changement climatique. En outre, dans le cadre de l’initiative McGovern-Dole, quatre écoles des villages de Matoto 1, Enyelle, Mokeko, Ngabala ont été dotées de latrines. Toute cela a été possible avec l’engagement du Gouvernement du Congo et en particulier la Direction Départementale de l’Hydraulique.
Un avantage pour toute la communauté
Le petit Gervellon, 7 ans, un élève de l’école ORA de Matoto 1, est lui aussi, comme son enseignant Juste, particulièrement sensible à la question de l’accès à l’eau.
« Je suis content parce qu’on a de l’eau à l’école maintenant. Avant, j’allais chercher de l’eau avec maman au ruisseau, mais maintenant je vais au forage avec mon frère et c’est plus proche. » dit Gervellon, qui nous raconte comment, grâce au nouveau forage, pour lui et sa famille la distance pour aller chercher de l’eau est devenue plus courte car ils peuvent le faire avant ou après l’école.
« Le forage de notre village, qui a été installé entre l’école et la communauté, ne bénéficie pas seulement les enfants, mais toute la communauté. » raconte Auguste, Secrétaire Général du village de Matoto. « Cela a changé beaucoup de choses et je suis fier de ce changement, car vous savez que l’eau c’est la vie. Avant on était tout le temps malade : la diarrhée et le mal au ventre nous menaçaient, on avait besoin d’acheter beaucoup de médicaments et d’aller au centre de santé pour se faire soigner. Mais le centre de santé le plus proche d’ici est à 22 km, donc vous pouvez comprendre le dérangement et aussi le cout pour les familles. »
« Aujourd’hui, il n’y a plus de maladies liées à l’eau dans notre communauté. » continue Auguste. « Plusieurs villages viennent s’approvisionner sur ce forage : Motoli, Mossagna, Bwetambila, Mongojo, Essassoni, Matoto 2, Ngamaba, Nganganja, Mombako, Nzolawele, Komanda, Bongangu et d’autres. Et il y a des élèves qui viennent de ces villages suivre des cours ici parce qu’il y a de l’eau. »
Des services de qualité aux communautés marginalisés
L’accès à l’eau et l’assainissement est un droit pour tous les enfants. Permettre aux élèves d’étudier et de s’épanouir dans un environnement sain est l’un des résultats clés pour les enfants du Congo, surtout pour ceux qui sont particulièrement vulnérables et marginalisés, comme les enfants autochtones. L’accès à l’eau et l’assainissement, en outre, permet d’améliorer la santé et le bienêtre de toute la communauté, de réduire le cout pour le traitement de maladie évitables, comme les maladies d’origine hydrique, et de réduire la pauvreté des familles vulnerables. Cette intervention se fait dans le cadre du Plan de travail annuel (PTA) du secteur EAH (Eau, assainissement et hygiène) dans lequel UNICEF appui le gouvernement du Congo dans le renforcement de l’environnement favorable, l’universalité et la qualité de l’offre des services sociaux de base , ainsi que la demande de ces services par la communauté