Près d'un million d'enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë sévère en 2023, au Centre Sahel – UNICEF
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DAKAR, le 7 avril 2023 – Alors qu’en Afrique de l’Ouest les familles font face à la hausse des prix des denrées alimentaires, aux conflits et au changement climatique, selon les nouvelles données recueillies par l'UNICEF, environ 970 000 enfants de moins de 5 ans devraient souffrir de malnutrition aiguë sévère cette année dans les trois pays du Centre Sahel (Burkina Faso, Mali et Niger).
Le Niger est confronté au plus lourd fardeau, avec une prévision de 430 000 enfants malnutris aigus sévères cette année. C’est 60 000 enfants de moins qu'en 2022, une diminution qui peut être attribuée à la forte mobilisation du gouvernement du Niger, de l'UNICEF et de ses partenaires. Au Mali, le nombre de malnutrition aiguë sévère devrait augmenter de 18,4 pour cent cette année et ainsi affecter 367 000 filles et garçons, contre 309 000 l'an dernier.
La plupart des pays du Sahel élargi et des pays voisins touchés par les retombées de l'insécurité prévoient une augmentation de la malnutrition aiguë sévère cette année et cela malgré un bilan alimentaire globalement satisfaisante.[1] Des données récentes provenant d'enquêtes nutritionnelles et d'autres sources montrent une augmentation de la prévalence de la malnutrition aiguë chez les enfants dans certaines parties du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, du Mali, de la Mauritanie, du Sénégal et du Togo.
En 2022, les admissions dans les établissements de santé pour malnutrition aiguë sévère ont augmenté de 31 pour cent par rapport à 2021 et par rapport à la moyenne des trois années précédentes dans neuf états du Sahel (Burkina Faso, nord du Cameroun, Gambie, Mauritanie, Mali, Niger, nord du Nigéria, Sénégal et Tchad), avec 1,9 million enfants en 2022. En outre, l'augmentation de l'insécurité alimentaire et des prix des denrées alimentaires affecte également la qualité de l'alimentation des jeunes enfants au Sahel, où déjà 82 pour cent des jeunes enfants (6-23 mois) sont en situation de pauvreté alimentaire, ce qui signifie qu'ils ne sont pas nourris avec le régime alimentaire minimum dont ils ont besoin pour pleinement s’épanouir.
« Chaque enfant devrait recevoir une alimentation nutritive », a déclaré la Directrice régionale de l'UNICEF pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, Marie-Pierre Poirier. « Assurer une bonne nutrition pendant l'enfance est un pilier essentiel de la prospérité à long terme. Nous avons la responsabilité collective de placer les besoins nutritionnels des enfants au cœur de nos systèmes alimentaires, de santé et de protection sociale. »
« L'insécurité et les conflits croissants signifient que la vulnérabilité augmente dans la région et qu'il est de plus en plus difficile d'aider les communautés dans les zones isolées. Nous aidons les gouvernements à renforcer les systèmes de santé au niveau des infrastructures sanitaires et des communautés pour détecter et traiter efficacement la malnutrition, tout en mettant l'accent sur la prévention. »
L'UNICEF intensifie la prévention, la détection précoce et le traitement de la malnutrition aiguë infantile, en particulier dans les zones où les besoins sont élevés et dans les zones difficiles d'accès touchées par l'insécurité.
La lutte contre la malnutrition nécessite une approche combinée regroupant plusieurs secteurs, notamment la nutrition, la santé et l'eau, hygiène et assainissement. L'UNICEF soutient également les systèmes de protection sociale, en combinant les transferts monétaires à un paquet de services qui permettent d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et de faciliter l'accès à des régimes alimentaires meilleurs et plus diversifiés pour les enfants.
Dans les régions où le système de santé est affecté par l'insécurité, l'UNICEF renforce le travail avec les acteurs locaux pour atteindre les enfants grâce à des approches mobiles innovantes. En 2022, le soutien de l'UNICEF a permis de former, dans le Centre Sahel, plus de 150 000 mères/tutrices à la détection précoce de la malnutrition aiguë infantile via l’utilisation des bracelets de mesure du périmètre brachial (approche dite « PB mères » ou « PB famille »), renforçant ainsi les capacités des communautés et des familles à reconnaître et à lutter contre la malnutrition aiguë infantile en temps opportun.
Au Burkina Faso, en 2022, plus de 10 000 enfants ont bénéficié d'un traitement optimal de la malnutrition aiguë grâce à des stratégies mobiles/avancées (dont 2 400 enfants qui ont reçu le protocole de traitement simplifié) dans des zones où l'accès aux services de santé est réduit en raison de l'insécurité.
Recommandations
Alors qu'il reste moins de dix ans pour atteindre les objectifs de développement durable (notamment l'ODD 2), l'UNICEF appelle les gouvernements et les partenaires à intensifier leurs efforts de toute urgence en :
• Plaçant la nutrition infantile au premier rang des priorités nationales, en particulier dans les pays africains les plus touchés par la crise alimentaire et nutritionnelle. Cela implique de mobiliser les systèmes alimentaires, sanitaires, WASH et de protection sociale pour s’assurer que chaque enfant, adolescent et femme vulnérable bénéficie d’un régime alimentaire nutritif, de services nutritionnels essentiels et de pratiques nutritionnelles positives afin, avant toute chose, de prévenir la malnutrition.
• Accroissant les investissements nationaux dans la prévention, la détection et le traitement précoces de la malnutrition infantile et tirant parti de nouvelles opportunités de financement plus durables.
• Recherchant des solutions pour renforcer la résilience. Il s'agit notamment d'assurer un meilleur alignement entre les efforts humanitaires et les initiatives de développement pour répondre aux besoins immédiats mais aussi aux risques futurs et à la vulnérabilité aux crises, en insistant particulièrement sur les impacts du changement climatique.
• Veillant à ce que les systèmes alimentaires fournissent des aliments abordables et nutritifs aux familles avec de jeunes enfants. Il s'agit notamment d'encourager la production et la transformation locales d'aliments sains pour les jeunes enfants et de mettre en œuvre des normes et une législation nationale pour protéger les jeunes enfants des aliments mauvais pour la santé.
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[1] Selon les dernières analyses du Dispositif Régional de Prévention et de Gestion des Crises Alimentaires (PREGEC) de mars 2023.
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