Amies pour la vie
Bassira et Saadia sont deux collégiennes qui bénéficient d’un programme de mentorat scolaire mis en œuvre par l’UNICEF dans 61 écoles du Niger dont 28 collèges

C’est l’heure de la récréation au collège et lycée de Bangui, l’unique centre d’enseignement secondaire de cette commune rurale de la région de Tahoua.
Avec leurs camarades d’école, Saadia et Bassira, 13 ans, jouent à une danse traditionnelle. Les deux jeunes filles sont dans en classe de 6ème, où elles sont devenues de grandes amies. Bassira est arrivée à Bangui avec ses parents l’année passée. Son père fonctionnaire y a été muté. Saadia est, elle, native de la commune. Après l’école primaire, elles ont toutes été orientées au collège. Malgré leur passage en classe supérieure, elles ont un point en commun : elles ont des lacunes en français et en mathématiques.
« Je sais faire la soustraction, l’addition et la multiplication. C’est en division que j’ai du mal à m’en sortir. En français, j’ai des lacunes en rédaction et en conjugaison. » nous dit Bassira. Son amie Saadia a quasiment les mêmes difficultés qu’elle et elles ne sont pas les seules.
Au Niger, 90% des enfants de 10 ans ne savent pas lire, encore moins comprendre une histoire simple. Tandis que seul un enseignant sur trois dispose d’un niveau de compétences acceptable.
Pour pallier cette situation alarmante, l’UNICEF avec l’appui de BMZ, du Canada (Safe-TO-LEARN) et de Clé Peau de Beauté (Shiseido), a initié un programme de mentorat pour soutenir les enseignants et les apprenants.
« En classe de sixième, on se retrouve avec beaucoup d’élèves qui ont des problèmes de lecture. Certains ne maîtrisent même pas complètement l’alphabet. Le soutien scolaire est quelque chose que nous faisons depuis quelques années, mais ce n’était pas si organisé. Avec ce projet, nous avons été d’abord formés et avons reçu des manuels adaptés pour mener à bien ce travail » confie Abdou May Jama’a, enseignant de français au CES Bangui.

« Avant le début des séances, nous avons d’abord évalué le niveau des élèves afin de les catégoriser dans trois grands groupes : compétences non acquises, compétences acquises et compétences complètement acquises », dit-il.
Trois fois par semaine, les élèves et leurs enseignants se retrouvent pour des cours de remédiations.
Quelques mois après le lancement de ce programme de mentorat à Bangui, les efforts commencent déjà à porter leurs fruits : « auparavant, j’avais 2/20 en mathématiques. Aux dernières compositions, j’ai eu 20/20 ! » affirme Saadiya toute joyeuse.

A la fin des classes, les deux jeunes filles se retrouvent dans le village, soit pour jouer ou pour réviser les cours ensemble. « S’il y a une partie des cours que je ne comprends pas, elle m’explique et je fais pareil aussi si elle a des questions. », explique Bassira.
« Au début, beaucoup d’élèves n’arrivaient pas à lire et à comprendre les cours, aujourd’hui, ils sont de plus en plus dégourdis et participent aux cours. C’est vraiment une initiative qui doit être étendue à tous les collèges. » conclut Abdou.
Si ce programme a pu être implémenté convenablement, c’est grâce à l’engagement des communautés qui ont été associées dès le départ. Dans chaque école, une femme modèle ou un membre de l’association des mères éducatrice est engagée pour soutenir et préparer les jeunes filles aux compétences de vie courante et aussi les sensibiliser sur les Violences Basées sur le Genre (VBG), les Maladies Sexuellement Transmissibles (MST) ainsi que la santé sexuelle et reproductive.
Depuis le lancement du projet dans la région de Tahoua de 4 200 élèves, parmi lesquels 2347 filles qui ont pu intégrer ce programme.
