Avotra, l'histoire d'une survivante

Avotra a encore beaucoup de chemin à parcourir pour se remettre de son viol, mais le fait de signaler l’abus et de demander de l'aide au Centre Vonjy lui a permis de commencer à aller de l'avant.

Mairi Robertson
“I’m confident that with time and the right care from the Vonjy Center, Avotra  will make a full recovery back to her usual self.”
UNICEF/2019/Robertson
21 février 2019

Avotra* avait 10 ans lorsqu’elle a été violée par son père. C'est arrivé peu de temps après qu'elle ait emménagé dans sa nouvelle maison après le divorce de ses parents.

« Quand j’ai découvert ce terrible incident, je l'ai emmenée au Centre Vonjy à Mahajanga », a déclaré la tante d'Avotra, « parce qu’elle peut y obtenir toute l’aide médical, psychosocial et juridiques dont elle a besoin ». Avec l'aide de l'UNICEF, le Centre Vonjy a été mis en place en 2017 à Mahajanga pour servir de centre public "à guichet unique" pour le soin des enfants qui ont été victimes de violences sexuelles.

Avec l'aide fournie par le centre, le père d’Avotra est maintenant en détention en attendant le procès et Avotra reçoit des soins psychologiques.

Sa tante la décrivait comme « une fille brillante et intelligente », mais depuis l'événement dit-elle, « il faut maintenant lui poser une question deux ou trois fois avant qu’elle réponde. C'est comme si elle était distraite par quelque chose, comme si elle a toujours quelque chose d'autre dans son esprit. »

C'est comme si elle était distraite par quelque chose, comme si elle a toujours quelque chose d'autre dans son esprit.

Avotra est chanceuse d'avoir de la famille à proximité qui prendra soin d’elle, mais ce n'est pas facile pour sa tante et son oncle qui ont déjà deux enfants à leur charge. Comme beaucoup d'autres familles à Madagascar, ce sont de petits agriculteurs qui luttent quotidiennement pour joindre les deux bouts.

Il est difficile pour eux de payer l'écolage et Avotra était trop timide pour demander à sa tante les fournitures scolaires dont elle avait besoin.

« Des petites choses comme ça peuvent faire une grande différence sur l'état d'esprit d'un enfant et sur son rétablissement», a ajouté Elisa, qui travaille au Centre Vonjy et qui a fourni des soins psycho-social à Avotra depuis qu'elle est arrivée au centre. « C'est pourquoi, avec l'aide de l'UNICEF, nous finalisons un accord avec le directeur de l'école pour renoncer à ses frais d'inscription.

Malheureusement, Avotra n'est pas seule. Tous les enfants sont victimes d’abus sexuels et d'exploitation sexuelle à Madagascar. Une grande majorité des cas demeurent non déclarés. Bien qu'une grande partie de celle-ci soit liée à l’industrie du tourisme, en particulier dans les destinations telles que Mahajanga, le délinquant est plus susceptible d'être une personne de la famille de l'enfant ou du voisinage.

Bien qu'Avotra ait encore beaucoup de chemin à parcourir, le fait de signaler l’abus et de demander de l'aide au Centre Vonjy lui a permis de commencer à aller de l'avant. Déjà en classe avec ses amis, elle étudie avec détermination pour réaliser son rêve de devenir enseignante. Sa tante espère l'envoyer au collège en ville après avoir terminé ses examens de l'école primaire en septembre.

C'est encore très frais dans son esprit, mais je suis confiante et avec le temps et les bons soins du Centre Vonjy, Avotra aura récupérée et sera de retour à son train de vie habituel

raconte Elisa, main dans la main avec Avotra.

* Le prénom a été changé