Sidonie Siaka, victime et combattante infatigable contre la stigmatisation et la discrimination

Sidonie Siaka, victime et combattante infatigable contre la stigmatisation et la discrimination envers les personnes affectées et infectées par le VIH-SIDA au Gabon

Harandane Dicko
Sidonie Siaka
Harandane Dicko
23 août 2021

Siaka Sidonie est née le 02 Novembre 1970 à Mekambo, dans La province de l’Ogooué-Ivindo, en République du Gabon, où elle vit et travaille actuellement avec son mari et ses trois enfants.  Siaka Sidonie est séropositive depuis 27 ans, un lourd fardeau qu’elle porte avec courage. « J’ai découvert mon statut suite au statut de mon défunt concubin. Quand j’ai appris mon statut s’était très difficile au Gabon, il y’a n’avait pas les Antirétroviraux et donc très peu d’espoir. A 25 ans,  j’avais déjà ma première fille, j’avais commencé à me battre en adhérant  à l’Association Gabonaise d’Assistance et d’Actions Séropositive (AGAAS). C’est grâce à cette association, que j’ai commencé à prendre mes premières Antirétroviraux »  explique-t-elle avec beaucoup d’émotions.

Pour faire face à l’épidémie de VIH au Gabon, les autorités ont mis en place une série de politiques et de programmes, aussi bien dans le domaine de la prévention que de la prise en charge du VIH. Depuis 2001, la riposte à l’épidémie est encadrée par des Plans stratégiques nationaux. Une politique de gratuité des soins a été mise en place à partir de 2005 puis confirmée et étendue en 2011. La gratuité concerne le traitement anti rétro viral ARV pour toutes les personnes vivant avec le VIH résidant au Gabon ainsi que les soins prénataux et d’accouchement pour toutes les femmes enceintes séropositives. De plus, le dépistage et la prise en charge des bilans biologiques et des traitements des infections opportunistes, sont également intégrés au panier de soins de l’assurance maladie obligatoire.

Un témoignage avec des conséquences terribles

Dans les débuts des années 1990, le Programme National de Lutte contre le Sida va mettre en place des campagnes de sensibilisation contre la maladie du Sida. Ces campagnes ont pour particularité de présenter les modes de contamination de la maladie, par des témoignages de personnes vivants avec le virus du Sida.

« J’ai témoigné pour la première fois comme étant une personne séropositive dans une émission télé qui s’appelait Allo Docteur. Les conséquences ont été  terribles, car mon concubin s’est suicidé suite à mon témoignage. J’ai été victime de toute sorte de stigmatisation et de discrimination. J’ai été reniée par ses parents et certains de mes amis. J’ai perdu mon travail. Mais bien plus encore, les gens me regardaient avec une telle horreur au point qu’on pensait que rien que mon regard pouvait donner le Sida. Là où j’ai pensé  contribuer à la conscientisation en vers les personnes infectées par le VIH, je suis devenue la première à en payer les frais. Il y a eu une récupération de cette campagne pour dénigrer les porteurs du VIH Sida. C'est d'une certaine manière nos premières erreurs ou plutôt les premiers pas difficiles de la prévention que nous cherchons très rapidement à oublier »,  confie Sidonie Siaka

Malgré la mobilisation mondiale exceptionnelle des deux dernières décennies, il est tragique de constater que la stigmatisation et la discrimination constituent toujours des problèmes cruciaux. Non seulement ces deux phénomènes persistent mais ils progressent plus vite qu’on le pensait. La stigmatisation et les discriminations liées au VIH sont rapportées dans la majorité des pays. Le regard de la société à l’égard des personnes vivant avec le VIH demeure péjoratif, malgré l’amélioration de leur état de santé grâce au traitement antirétroviral. Aujourd’hui grâce aux efforts consentis par les autorités, les associations de lutte contre le VIH-SIDA et les partenaires, bons nombres des gens sont sensibilisés sur la maladie. Cependant, beaucoup reste à faire dans ce domaine au Gabon.

« Aujourd'hui, quelques vingt années plus tard, je souris quand j’essaye de me rappeler de  tout ce que j’ai subi. Mais je t'assure il n'y avait rein de risible quand je repense à ces moments où les porteurs du virus venaient en larmes raconter au psychologue ce qu'on leur faisait vivre dans les familles ; les injures publics, les humiliations, les lynchages.... Je t'assure, tu n'imagines pas combien de personnes ont souffert et continue encore à souffrir de la stigmatisation et de la discrimination dans notre société »,  poursuit Sidonie les  larmes aux yeux.

Un espoir pour l'avenir

Interrogé pour savoir comment elle se sentait après avoir mis au monde ses deux enfants grâce au programme PTME, le visage plein d’émotion, Sidonie raconte : « je suis très heureuse d’avoir vu naitre mes deux enfants en bonnes santé dont un garçon de 8 ans et une fille de 6 ans. Je vis positivement grâce aux soutiens de mon mari qui m’aime et qui me comprend. Nous, nous battons au quotidien pour donner un avenir meilleur à nos enfants. »

Selon l’UNICEF, dans une étude publiée sur l’analyse de la situation de l’enfant et de la mère au Gabon – SITAN 2015, dans le cadre de la politique et des programmes de prévention, les enfants et les jeunes sont des cibles prioritaires. En ce qui concerne la PTME, le Gabon dispose depuis 2013 de documents normatifs de qualité, pour accélérer l’élimination de la transmission de la mère à l’enfant. Des objectifs chiffrés ont été définis au niveau national, ainsi : d'ici fin 2017, le nombre de nouvelles infections chez les enfants nés de « mère VIH+ » est réduit d'au moins 90%, soit de 232 nouvelles infections en 2012 à moins de 40 en 2015 et moins de 23 en 2017.

La prévention en direction des jeunes de 15 à 24 ans s’articule autour de l’Information Education Communication (IEC) – notamment en coopération avec l’Education nationale, la société civile, les communautés et de la mise à disposition du préservatif. Le principal objectif du PNS 2013-2017 en matière de prévention chez les jeunes est  de réduire, d’ici fin 2017, le nombre de nouvelles infections chez les 15-24 ans de 1 157 à 578.

L'UNICEF en collaboration avec le gouvernement du Gabon travaillent à faire en sorte que les gabonais séropositifs continuent à recevoir des soins médicaux et que ceux qui prennent des médicaments antirétroviraux n’interrompent pas leur traitement. L’UNICEF continue de soutenir le Ministère de la Santé dans le développement de services pour prévenir la transmission du VIH de la mère à l'enfant. En collaboration avec les ONG locales, ils participent activement à des activités de prévention pour les adolescents surtout en milieu scolaire afin d’atteindre, l’objectif zéro : zéro nouvelle infection, zéro discrimination, zéro décès lié au sida.

 

Sidonie avec son mari et leurs deux enfants sauvés grâce au Programme PTME
Harandane Dicko
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Sidonie s'occupant de ses enfants avant l'école
Harandane Dicko
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