Les enfants syriens réfugiés au Liban confrontés au travail des enfants et à la déscolarisation

Découvrez comment les pressions économiques forcent ces enfants réfugiés à renoncer à l’école pour entrer sur le marché du travail.

Par Hedinn Halldorsson
A girl picks crop in a field in the Bekaa Valley, Lebanon
UNICEF/UN043230/Romenzi
24 janvier 2017

Si vous n’étiez jamais allé à l’école, comment imagineriez-vous une salle de classe ? De nombreux enfants syriens vivant au Liban en sont réduits à faire appel à leur imagination car ils n’ont jamais eu droit à une éducation formelle. Découvrez comment les pressions économiques forcent ces enfants réfugiés à renoncer à l’école pour entrer sur le marché du travail.
   

BEYROUTH, Liban, le 24 janvier 2017 – La plupart des gens ne peuvent s’imaginer une vie sans éducation. Pour Dyana, c’est l’inverse. N’ayant jamais vu de salle de classe de sa vie, elle ne peut que faire marcher son imagination.

« J’imagine qu’une école c’est très beau. Avec des dessins des filles et des garçons accrochés au mur », raconte-t-elle.

Il est midi passé et elle est assise à l’ombre de l’abri qu’elle considère comme sa maison, dans la vallée de la Bekaa au Liban. Il existe des milliers de camps informels de ce type au Liban.

Dyana a treize ans et devrait être scolarisée depuis des années. Mais au lieu de cela, elle passe ses journées à travailler dans les champs pour un maigre salaire. Une fois rentrée chez elle, peu avant la tombée de la nuit, elle aide sa mère pour les travaux ménagers et surveille ses sœurs.

Ses cadettes n’ont d’autre souvenir que la guerre. Dyana, elle, se souvient d’une vie plus normale.

« Je suis ici depuis cinq ans. Nous sommes venus ici pour travailler quand la situation est devenue vraiment difficile en Syrie », se rappelle-t-elle. « Je n’ai jamais été inscrite à l’école chez moi donc je n’ai pas appris à lire. Et quand nous sommes arrivés ici, je n’ai pas pu y aller non plus car je devais aider ma mère. »
  

« Je ramasse des pommes de terre »

La vallée de la Bekaa enregistre la plus forte concentration de réfugiés syriens de tout le Liban. Dans certains villages, les Syriens sont plus nombreux que les Libanais. Le pays accueille quant à lui le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde, un pour quatre.

La vallée est une région agricole fertile et la demande en main d’œuvre bon marché y est forte. Le travail des enfants est largement répandu. Les adultes syriens réfugiés ont un accès limité au marché du travail au Liban, ce qui oblige souvent les enfants à travailler pour faire vivre leur famille. Les enfants sont moins bien payés que les adultes, ne sont pas tenus de présenter des papiers d’identité aux points de contrôle et sont moins susceptibles de connaître leurs droits.

« Je ramasse des pommes de terre dans les champs au soleil parce que nous avons besoin de cet argent », explique Dyana.

Le travail dans les champs de la Bekaa est saisonnier, ce qui a une forte incidence sur la présence des enfants à l’école. Même si les enfants sont inscrits à l’école publique, ils peuvent être absents à certaines périodes ou quitter l’école pour de bon si la situation économique de la famille empire.

Non seulement le nombre d’enfants syriens qui travaillent est en hausse, mais le pourcentage d’enfants libanais exposés aux pires formes de travail des enfants augmente lui aussi. Les familles libanaises pauvres font souvent face aux mêmes problèmes que les familles de réfugiés syriens dont la grande majorité s’est établie dans les régions les plus pauvres du Liban. Toutefois, les enfants syriens continuent de représenter les trois quarts des enfants vivant et travaillant dans la rue.

« Dans ce contexte, il est extrêmement difficile de lutter contre le travail des enfants. Étant donné qu’il s’agit souvent du seul revenu pour une famille syrienne en dehors de l’aide apportée par différentes agences des Nations Unies et ONG, le salaire des enfants peut faire une différence cruciale pour sa survie », relève Tanya Chapuisat, Représentante de l’UNICEF au Liban. « Ce que nous pouvons faire, c’est intervenir en cas de travail particulièrement pénible, nous battre pour la réduction des horaires de travail et enfin, permettre aux familles syriennes de scolariser leurs enfants au lieu de les envoyer travailler dans les champs ou sur des chantiers. »
  

Une porte qui se ferme

Les crises durables comme celle qui touche la République arabe syrienne et les pays voisins n’interrompent pas que temporairement la scolarité et la vie des enfants ; elles peuvent leur fermer la porte de l’éducation pour toujours.

L’histoire de Dyana est celle de plus de deux millions d’enfants syriens réfugiés au Moyen-Orient – des enfants dont les espoirs ont été brisés et le droit à l’éducation, nié.

Mohammed, qui a 15 ans et ne va plus à l’école depuis six ans, craint qu’il soit trop tard pour lui. « Chaque année qui passe rend les choses plus difficiles », remarque-t-il.

Pour visionner l’entretien avec Dyana et découvrir ce qui l’empêche, comme d’autres enfants syriens réfugiés au Liban, d’aller à l’école ainsi que l’action de l’UNICEF pour y remédier, rendez-vous sur www.imagineaschool.com.