Plan en six points pour protéger nos enfants

Une coordination mondiale immédiate est nécessaire afin que la crise de la COVID-19 ne se transforme pas en crise des droits de l’enfant.

UNICEF
A woman in Indonesia feeds her one-year-old son during the COVID-19 pandemic in 2020.
UNICEF/UNI374528/Ijazah
19 novembre 2020

 

Face à la crise de la COVID-19, les gouvernements du monde entier ont mobilisé des milliards de dollars pour sauver leurs économies. Pourtant, si nous n’agissons pas, nous nous exposons à une autre perte dévastatrice : celle d’une génération d’enfants.

Les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable régressent et les enfants continuent d'en payer le prix fort. En l’absence de mesures coordonnées à l’échelle mondiale pour prévenir et limiter les effets de la pandémie, mais aussi pour les combattre, les conséquences immédiates pour les enfants et pour l’avenir de notre humanité commune seront graves.

Le présent plan en six points propose un ensemble de mesures concrètes pour rassembler le monde entier autour d’une cause commune : la réalisation de tous les objectifs de développement durable et la mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l'enfant.

Pour cela, les décideurs doivent commencer par écouter les enfants et les jeunes et les associer à la prise de décisions. Ce sont eux – notamment les filles, les enfants confrontés à la pauvreté, à l’exclusion ou à la violence, les enfants handicapés, les enfants touchés par une crise humanitaire ou déplacés pour cette raison, et les enfants privés de protection parentale – qui subiront les conséquences de cette pandémie pendant plusieurs décennies. L’UNICEF appelle les pays à mener une action mondiale pour :

 

1.    Veiller à ce que tous les enfants suivent un enseignement, y compris en réduisant la fracture numérique

Lorsqu’elles ont atteint leur paroxysme, les fermetures nationales d’écoles ont perturbé l’apprentissage de 91 % des élèves dans le monde. Ce sont les enfants les plus marginalisés qui sont les plus touchés : quelque 463 millions de jeunes n’ont pas pu accéder à l’apprentissage à distance pendant les fermetures d’écoles. De plus, comme l’ont montré les précédentes fermetures, pour les élèves qui sont déscolarisés pendant de longues périodes, en particulier pour les filles, la probabilité de rescolarisation est moindre.

L’UNICEF formule les demandes suivantes aux gouvernements et à ses partenaires :  

  • Faire de la réouverture des écoles une priorité : il s’agit de prendre toutes les mesures possibles pour rouvrir les écoles en toute sécurité et les maintenir ouvertes.
  • Augmenter les financements accordés à l’éducation et veiller à l’égalité d’accès à un enseignement de qualité, exempt de violence, afin que chaque enfant puisse apprendre. Pour cela, il faut axer les efforts sur les enfants les plus marginalisés, y compris les filles, sur les enfants pris pour cible et en situation de déplacement, sur les enfants handicapés ainsi que sur les enfants des communautés rurales ou privés d'accès à Internet.
  • Réduire la fracture numérique en veillant à ce que tous les enfants et les jeunes soient connectés à Internet à l'horizon 2030, et en permettant à 3,5 milliards d'enfants et de jeunes de bénéficier d'un enseignement en ligne sûr, de qualité, accessible et équitable.
  • Protéger les écoles et les lieux d'apprentissage des attentats et faire en sorte que les auteurs de ces attentats rendent des comptes. 


2.    Garantir à chaque enfant l’accès aux services de santé et de nutrition ainsi qu’à des vaccins abordables
 

Une crise de la survie de l’enfant se profile, car ceux-ci sont plus exposés au risque de famine et de maladies, et les systèmes de santé et d’alimentation déjà fragiles cèdent sous la pression de la COVID-19. Une riposte fragmentée et inéquitable en matière de traitement et de vaccination contre la COVID-19 risquerait de prolonger la pandémie.
 

L’UNICEF formule les demandes suivantes aux gouvernements et à ses partenaires :

  • Assurer de toute urgence la continuité des principaux services de santé et de nutrition pour les enfants et les jeunes – notamment la vaccination systématique, en accordant la priorité aux personnes les plus difficiles à atteindre.
  • S'unir pour lutter contre la diffusion de fausses informations et redonner confiance en la vaccination de routine.
  • Recueillir des données ventilées par sexe, âge et handicap concernant les enfants et les jeunes, notamment ceux qui ont contracté la COVID-19, et investir dans la recherche afin de mieux comprendre les conséquences de la maladie sur leur santé et leur bien-être. 
  • Veiller à ce que chaque enfant et chaque jeune bénéficie d'un accès égal, à un coût abordable, aux diagnostics, aux traitements et aux vaccins contre la COVID-19, où qu'ils vivent, dans le cadre de services complets de soins essentiels.
  • Veiller à ce que les nouveaux financements améliorent l'accès à d'autres services de santé essentiels pour les enfants et les jeunes, y compris la formation et le soutien des professionnels de santé.


3.    Soutenir et protéger la santé mentale des enfants et des jeunes, et mettre un terme aux abus, à la violence liée au genre et à la négligence visant les enfants

Le monde entier prend conscience de l’étendue et des conséquences durables de la violence et des négligences subies par les enfants. Mais la crise de la COVID-19 n’a fait qu’exacerber la violence, l’exploitation et les abus, car les enfants sont privés de services de soutien essentiels et subissent le stress auquel sont confrontées les familles dans la tourmente. Les filles sont particulièrement vulnérables. En effet, on observe déjà une augmentation du mariage des enfants et des grossesses adolescentes.

L’UNICEF formule les demandes suivantes aux gouvernements et à ses partenaires : 

  • Intégrer un financement durable de la santé mentale et de l’aide psychosociale des enfants à toutes les actions humanitaires mondiales et s’engager à augmenter le financement pluriannuel afin de mieux répondre aux besoins de protection des enfants en situation de crise.
  • Accorder la priorité à la prévention et à la lutte contre la violence liée au genre dans les actions humanitaires mondiales en augmentant les financements de toutes les interventions en faveur des femmes et des filles.
  • Investir en faveur de services de santé mentale et d’aide psychosociale attentifs aux questions de genre pour les enfants, les jeunes et les personnes ayant la charge d’enfants :
    • Proposer un soutien parental à tous ceux qui en ont besoin et renforcer les numéros d’urgence pour les enfants ainsi que les autres mécanismes de signalement axés sur les enfants.  
    • Désigner comme essentiels les travailleurs et les services sociaux formels et informels (y compris les services de lutte contre la violence liée au genre, de protection de l’enfance et de santé sexuelle et procréative). 
    • Investir en faveur de services de santé mentale et d’aide psychosociale attentifs aux questions de genre pour les enfants, les adolescents et les personnes ayant la charge d’enfants, y compris au sein des écoles, des services sociaux et des communautés.
A ten-year-old girl in Niger washes her hands at an outdoor pump.
UNICEF/UN0350580/Haro
Soraya, 10, washes her hands on the first day back to school after the COVID-19 closing in Niger.

4.    Améliorer l’accès à l’eau propre, à l’assainissement et à l’hygiène et lutter contre la dégradation de l’environnement et les changements climatiques

La COVID-19 n’a peut-être pas été directement causée par les changements climatiques. Cependant, des données solides montrent que la dégradation de l’environnement constitue un facteur de risque sous-jacent commun. De plus, la mise en œuvre de mesures d’hygiène vitales telles que le lavage des mains est limitée par l’absence d’accès fiable à de l’eau potable due aux changements climatiques. Notre vulnérabilité face à cette pandémie ne fait que souligner le risque encouru si nous ne prenons pas des mesures immédiates pour lutter contre la dégradation de l’environnement et les changements climatiques.

L’UNICEF formule les demandes suivantes aux gouvernements et à ses partenaires : 

  • Garantir l’accès universel à de l’eau propre et au lavage des mains pour les enfants et les familles grâce à des politiques nationales, à une coopération avec le secteur privé, à la mobilisation des communautés et aux changements de comportement. 
  • Investir en faveur de services d’eau, d’assainissement et d’hygiène (EAH) résilients aux changements climatiques dans les logements, les écoles, les hôpitaux et les lieux publics afin de mieux préparer les communautés aux futures pandémies et à d’autres chocs.
  • Intégrer les droits de l’enfant aux principaux documents stratégiques, de politique et de planification en matière de changements climatiques et d’adaptation à leurs effets, y compris aux contributions déterminées au niveau national et aux plans nationaux d’adaptation (PNA), ainsi qu’aux plans et aux budgets de riposte et de relèvement dans le cadre de la pandémie de COVID-19.
  • Continuer de prendre des mesures en faveur des cibles axées sur les risques climatiques et l’environnement figurant dans les objectifs de développement durable et l’Accord de Paris, poursuivre leur mise en œuvre et leur suivi. 
  • Parler aux enfants et aux jeunes des changements climatiques, de l’environnement ainsi que de la consommation et de la production responsables et durables.


5.    Mettre fin à l’augmentation de la pauvreté touchant les enfants et garantir un relèvement qui n’exclut personne

La crise économique causée par la COVID-19 menace particulièrement les enfants. En effet, le nombre d’enfants vivant sous le seuil de pauvreté national pourrait atteindre 140 millions d’ici à la fin de l’année. Les crises économiques sont souvent suivies de réductions des dépenses publiques, y compris des financements de programmes destinés aux enfants. Si ce scénario se répète après la pandémie de COVID-19, la pauvreté et la précarité des enfants continueront d’augmenter, même lorsque la crise immédiate sera passée. Il est impératif de mettre en œuvre un plan de relèvement inclusif pour éviter que d’innombrables enfants atteignent un niveau de pauvreté qui avait disparu depuis de nombreuses années.

L’UNICEF formule les demandes suivantes aux gouvernements : 

  • Mobiliser des ressources mondiales pour veiller à la mise en œuvre d’un relèvement tenant compte des questions de genre et n’excluant personne, et encourager les interventions budgétaires nationales accordant la priorité aux enfants et à leurs familles :
    • Maintenir ou augmenter les engagements en matière d’aide internationale en repérant les nouvelles possibilités de financement propres au contexte et en orientant les financements vers les pays les plus touchés et les moins à même de souscrire de nouveaux prêts.
    • Intervenir sur l’allègement de la dette, notamment en élargissant la suspension du service de la dette aux pays à revenu intermédiaire. Veiller à une action coordonnée qui concerne tous les créanciers afin de restructurer et, le cas échéant, de réduire la dette.
    • Intégrer les investissements en faveur des services essentiels pour les enfants et les jeunes aux plans de relance nationaux et sanctuariser les dépenses existantes en faveur des enfants les plus vulnérables.
  • Élargir les programmes de protection sociale résilients pour les enfants les plus vulnérables et leurs familles, y compris les transferts en espèces concernant tous les services pour les enfants ou adaptés à ceux-ci, par exemple, des services de garde d’enfants de qualité. 


6.    Redoubler d’efforts pour protéger et aider les enfants et les familles confrontés à un conflit, à une catastrophe ou en situation de déplacement

Avant même la pandémie de COVID-19, l’année 2020 était en passe de devenir l’année comptant le plus grand nombre de personnes nécessitant une aide humanitaire. La pandémie n’a fait qu’aggraver les facteurs de vulnérabilité des enfants migrants, réfugiés, en déplacement ou qui vivent dans des pays touchés par des crises. Que cela soit dû à des conflits ouverts ou aux nouvelles restrictions appliquées pour lutter contre la pandémie, il est de plus en plus difficile de fournir des services essentiels et vitaux aux enfants les plus vulnérables. La COVID-19 ne doit pas servir d’excuse pour ne plus prêter attention à ces enfants.

L’UNICEF formule les demandes suivantes aux gouvernements : 

  • Accroître et maintenir les financements accordés aux interventions d’urgence afin d’éviter des crises multiples, désastreuses et prolongées, de sauver des enfants, d’apaiser leurs souffrances et de préserver leur dignité. Dans toutes les actions humanitaires, accorder la priorité aux droits et à la protection des enfants, conformément aux Principaux engagements pour les enfants.
  • Garantir un accès immédiat et sans entraves à l’aide humanitaire. 
  • Mettre fin aux attaques visant les enfants et les infrastructures civiles essentielles à leur survie telles que les installations d’eau, d’assainissement ou encore les établissements et le personnel de santé. Demander des comptes aux auteurs de ces attaques.
  • Intégrer les enfants déplacés, réfugiés et migrants aux systèmes, aux politiques et aux plans nationaux, en commençant par les plans de relèvement et de riposte dans le cadre de la pandémie de COVID-19.
  • Se battre contre le virus et non les uns contre les autres. Mettre en œuvre et respecter l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu immédiat.       
Three children in Syria wear hand-sewn face masks amidst the COVID-19 pandemic in 2020.
UNICEF/UNI364604/Watad/AFP
In Syria, children wear face masks sewn by women at a camp for internally displaced persons in Idlib Province.

Que fait l’UNICEF pour aider les enfants pendant la pandémie de COVID-19 ? 

Notre riposte à la maladie à coronavirus doit nous permettre d’inventer un monde adapté à chaque enfant. L’histoire a prouvé que l’UNICEF et ses partenaires disposent de l’expérience et de la présence nécessaires pour améliorer la vie de millions d’enfants et de leur famille. Nous étions présents pour faire face à la crise des réfugiés après la Seconde Guerre mondiale et, depuis, nous sommes intervenus dans toutes les situations de catastrophe naturelle, de conflit armé, de famine et de maladie.   

Aujourd’hui, nous sommes présents dans 192 pays et territoires, et nous travaillons avec des communautés, des gouvernements et des partenaires afin de ralentir la propagation de la COVID-19 et de réduire au maximum les incidences socioéconomiques de l’épidémie sur les enfants et leur famille.

Nos actions sont les suivantes :

  • Travailler avec les gouvernements, les autorités et nos partenaires mondiaux du secteur de la santé afin de nous assurer que les communautés les plus vulnérables disposent de fournitures vitales et d’équipements de protection. 
  • Acheminer, de manière prioritaire, des médicaments, des produits nutritionnels et des vaccins qui sauvent des vies et travailler en étroite collaboration avec les gouvernements et les réseaux logistiques afin d’atténuer l’incidence des restrictions aux voyages sur l’acheminement de ces fournitures, notamment en apportant un soutien à l’initiative COVAX et en préparant l’arrivée d’un vaccin contre la COVID-19.
  • Travailler avec nos partenaires afin que les communautés les plus vulnérables bénéficient dans les plus brefs délais d’installations d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène. 
  • Assurer la continuité des principaux services de santé et de nutrition – notamment de la vaccination de routine – en accordant la priorité aux enfants les plus vulnérables.
  • Diffuser des messages et des conseils de santé publique vitaux afin de ralentir la transmission du virus et de réduire le plus possible la mortalité. 
  • Aider les gouvernements à faire de la réouverture des écoles une priorité et à prendre toutes les mesures possibles pour une réouverture sûre. 
  • Conseiller et soutenir les parents, les personnes qui ont la charge d’enfants et les professionnels de l’éducation afin de faciliter l’apprentissage à la maison et l’apprentissage à distance lorsque les écoles restent fermées, et travailler avec nos partenaires à la conception de solutions éducatives innovantes. 
  • Collaborer avec des partenaires pour réduire la fracture numérique et faire en sorte que 3,5 milliards d’enfants et de jeunes aient accès à Internet à l’horizon 2030. 
  • Fournir des orientations aux employeurs sur la manière de soutenir au mieux les parents qui travaillent et concevoir de nouvelles solutions de protection sociale visant à garantir que les foyers les plus démunis ont accès à des financements essentiels. 
  • Fournir aux enfants, aux adolescents et aux jeunes des plateformes d’apprentissage et de partage des informations entre pairs afin de favoriser leur santé mentale et de lutter contre la stigmatisation, la xénophobie et la discrimination. 
  • Collaborer avec les gouvernements, les autorités et d’autres partenaires pour veiller à ce que les droits des enfants et les mesures de protection de l’enfance soient intégrés aux plans de riposte immédiate à la COVID-19 et aux plans de relèvement à long terme.
  • Intensifier notre travail auprès des enfants réfugiés et migrants et des enfants touchés par un conflit afin de leur fournir la protection nécessaire contre la COVID-19. 

Encourager une participation substantielle des enfants à l’élaboration et à la mise en œuvre des programmes de lutte contre la COVID-19.