La place des enfants est à l’école !
L’histoire de deux jeunes frères qui ont repris le chemin de l’école après avoir été piégé dans le travail des enfants

La vie n’a pas toujours été rose pour Trésor et Divin (noms fictifs pour protéger leurs identités), deux jeunes frères des 13 et 14 ans provenant d’une famille à bas statut socio-économique de Sibiti, chef-lieu du département de la Lékoumou, dans l'ouest de la République du Congo.
Leur cas n’est pas isolé : selon les données de l’enquête MICS 2014-2015, environ deux Congolais sur cinq vivent en dessous du seuil de pauvreté. Selon l’analyse de la pauvreté multidimensionnelle des enfants au Congo publiée par UNICEF en 2016, plus de six enfants sur 10, en raison de leur dépendance vis-à-vis des adultes, souffrent de multiples privations. Plus de deux enfants sur 10 au Congo entre cinq et 17 ans sont obligés de travailler et 17% d’entre eux sont victimes des pires formes de travail des enfants.
Parmi les enfants les plus marginalisés dans le pays il y a, entre autres, les enfants autochtones, qui représentent une partie assez importante de la population de la Lékoumou ; les enfants vivant avec un handicap ou avec le VIH ; les survivants de violences ; les orphelins ; les enfants non enregistrés à la naissance ; les enfants vivant dans la rue et les enfants séparés de leurs parents biologiques et obligés de travailler, comme dans le cas de Trésor et Divin.
Un mécanisme communautaire de protection des enfants en difficulté
« Quand j’ai rencontré les deux frères, qui avaient été accusés de vol, j’ai immédiatement compris qu’ils avaient besoin d’aide. » dit Monsieur José Aimé, Commissaire du Commissariat Central de Police de Sibiti, qui est aussi membre du Comité de Protection de l’Enfant de son quartier. « J’ai immédiatement alerté le Directeur Départemental des Affaires Sociales et le Président par intérim du Comité de notre quartier, car c’est notre mission et notre responsabilité de protéger les enfants en difficulté. »
Ce comité fait partie d’un mécanisme communautaire d’indentification et de prise en charge des enfants vulnérables. Il a été mis en place avec l’appui du Gouvernement du Congo, de l’UNICEF et les autres partenaires. Grâce au financement de NatCom Andorre et du Joint SDG Fund, un fond d'affectation spéciale multipartenaires pour accélérer l’attente des Objectifs de Développement Durable (ODD en français, SDG en anglais), 23 membres du personnel des affaires sociales, 18 travailleurs sociaux et 78 relais communautaires ont été formés en 2020 au Congo sur les droits des enfants, y compris le droit à la protection, et les pratiques du travail social.
« Trésor et Divin avaient été confiés à leur tante paternelle par leurs parents, qui n’avaient pas les moyens économiques pour s’occuper d’eux. Ils passaient leurs journées à vendre de la nourriture au marché et de temps en temps ils volaient d’autres produits pour essayer de gagner un peu d’argent. » raconte Monsieur Daniel, Président par intérim du Comité de quartier. « Ça fait mal au cœur de voir des enfants obligés de travailler quand leur place devrait être à l’école. »
Le cas de Trésor et Divin n’est pas un cas isolé
« Malheureusement, ici à Sibiti, il y a beaucoup d’enfants dans la même situation que Trésor et Divin et beaucoup de familles ont besoin de sensibilisation sur l’importance de créer pour les enfants un environnement sain et adapté à leur âge pour leur permettre de grandir en sécurité. » ajoute Monsieur Gael, Chef de Bureau de la Famille de la Direction Départementale des Affaires Sociales. « La pauvreté pousse certaines familles ici dans la Lékoumou à envoyer les enfants à travailler au marché, ce qui est une pratique néfaste qui devrait être interdite pour le bien-être des enfants. »
Dans le département de la Lékoumou la pauvreté multidimensionnelle et le faible accès aux services publics affectent davantage les enfants marginalisés, inclus les enfants autochtones. Selon le rapport de l’Observatoire Congolais des Droits de l’Homme et de la Rainforest Foundation UK, plus de six enfants autochtones sur 10 ne vont pas à l’école, un enfant autochtone sur deux n’a pas de certificat de naissance et quatre enfants sur 10 souffrent de malnutrition chronique.
L’espoir d’un avenir meilleur pour les deux frères et les enfants de la Lékoumou
Heureusement pour Trésor et Divin, l’intervention du Comité de Protection de l’Enfant de leur quartier leur a permis d'avoir l’espoir d’un avenir meilleur.
« Après avoir sensibilisé les parents de Trésor et Divin et leur tante, les deux frères sont repartis chez leurs parents. Ils ont abandonné le travail au marché et avec notre appui ils ont été inscrits à l’école et ils fréquentent maintenant régulièrement les cours. Tous les enfants, sans distinction aucune, ont le droit à la protection et à l’éducation. » continue Monsieur Daniel, Président par intérim du Comité de quartier.
« Ce mécanisme de protection des enfants qui existe dans les sept quartiers de Sibiti devrait être étendu aux 144 villages de la Lékoumou, y compris les villages qui abritent les autochtones. » conclut Monsieur José Aimé, Commissaire du Commissariat Central de Police de Sibiti. « Si l’on veut aider les enfants de la Lékoumou qui ont besoin d’assistance, il faut que les membres de la communauté soient eux-mêmes engagés avec des formations spécifiques sur comment gérer les situations difficiles, notamment les abus et les violences envers les enfants. »
Un paquet de services pour la protection de l’enfance
Le renforcement des compétences des institutions et des communautés en matière de protection sociale fait partie d’un paquet d’interventions par le Gouvernement du Congo, l’UNICEF et autres partenaires, avec l’appui de NatCom Andorre et du Joint SDG Fund, pour améliorer les conditions des enfants marginalisés dans la Lékoumou.
En 2020, grâce à cette initiative, plus de 4 500 enfants ont été identifiés et enregistrés à l’état civil et 1 600 d’entre eux ont reçu un certificat de naissance. En outre, 13 filles ayant subi des violences ont été référées dans les maternités et 14 autres ont été référées aux services de police.