La protection des enfants albinos dans les écoles en République démocratique du Congo

Les enfants atteints d’albinisme de République démocratique du Congo doivent souvent faire face à la discrimination et à l’exclusion de la part de leurs camarades

Par Mehdi Meddeb
UNICEF DRC/2016
26 septembre 2016

KINSHASA, République démocratique du Congo, 26 septembre 2016 – « J’ai dû lutter pour en arriver là, mais surtout contre moi-même », explique Michel Mualaba, le regard posé sur la ville de Brazzaville depuis la terrasse de ses tout nouveaux bureaux. Michel, avocat et expert en affaires financières âgé de 35 ans, a été élevé avec le soutien de sa famille de classe moyenne. Il a toutefois dû affronter toute sa vie les discriminations, car il est albinos.

L’albinisme est un trouble qui prive les cheveux, les yeux et la peau de mélanine, le pigment naturel de notre corps. En République démocratique du Congo comme dans d’autres pays africains, les populations d’albinos doivent encore faire face à la peur et au rejet. Et les écoles n’en sont pas exemptées.

« Sur le plan social, j’avais des amis, même si beaucoup d’autres enfants avaient peur de moi », raconte Michel. Pour se protéger, il a dû apprendre à construire une barrière virtuelle autour de lui pour résister aux moqueries.

« Ce n’était pas toujours facile, il fallait s’accrocher », admet-il.

En plus de ces problèmes avec ses camarades, Michel devait aussi gérer les troubles de la vue causés par son albinisme. « Il fallait toujours que je m’assoie au premier rang en classe et, parfois, je devais littéralement être à quelques centimètres du tableau à cause de mes problèmes de vue », explique-t-il.

Par chance, Michel n’a pas eu à surmonter seul ces préjugés. « Dans ma famille, nous avons tous dû en passer par là : mon frère albinos est à présent médecin, ma sœur, également albinos, est décoratrice d’intérieur et mon autre sœur, qui est aussi albinos, passe actuellement un diplôme universitaire en communication », commente-t-il.

Aujourd’hui, Michel continue de travailler dur afin d’être un modèle pour les jeunes albinos victimes des préjugés et de la discrimination.
  

Éducation inclusive

Dans le but de soutenir les populations les plus vulnérables, y compris les enfants albinos, l’UNICEF travaille avec le Ministère de l’éducation de la République démocratique du Congo pour mettre en place des mesures de protection sociale dans environ 5 000 écoles à travers le pays. Ce programme fournit des bourses aux écoles pour couvrir les frais des élèves issus des ménages aux plus faibles revenus, mais aussi les fournitures scolaires et les activités extrascolaires.

Le programme de protection sociale agira aussi pour réduire l’absentéisme et l’exclusion des élèves vulnérables dans les salles de classe. Un système d’alerte précoce concernant l’absentéisme sera mis en œuvre et des cours particuliers seront organisés pour les enfants présentant des difficultés d’apprentissage.

Bien qu’il n’existe aucune donnée statistique sur l’absentéisme chez les enfants albinos en République démocratique du Congo, des données empiriques laissent entendre que ces enfants affichent un taux d’abandon supérieur.

« Ce qui est certain, c’est qu’une tendance existe : ces enfants souffrent vraiment de discrimination, de moqueries et certains finissent par abandonner », déplore Aimé Dunia, Responsable de programme, Éducation, pour l’UNICEF. « C’est pourquoi nous lançons un programme de protection sociale destiné à venir en aide aux enfants les plus vulnérables. Nous subventionnerons ces écoles pour qu’elles ne les poussent plus à partir. »
 

Un élève modèle

À environ 1 000 kilomètres de Kinshasa, non loin de la ville de Kisangani, Trésor, 10 ans, éprouve les mêmes difficultés que Michel vingt ans avant lui. Il prend des notes avec le visage à seulement quelques centimètres de son cahier. Il ne porte pas de lunettes, car sa famille ne peut pas se le permettre.

Son école primaire de la province de la Tshopo a amélioré les méthodes d’enseignement aux élèves albinos. Le suivi de l’école est plus étroit, y compris par M. Jean Bonnard Yeye, son professeur âgé de 65 ans.

M. Yeye concède que Trésor doit fournir plus d’efforts pour participer à cause de ses problèmes de vue. « On voit qu’il ne ménage pas sa peine, car il doit se lever pour s’approcher autant que possible du tableau », décrit-il.

Malgré ces obstacles, Trésor est l’un des meilleurs élèves de sa classe, et une réelle source de fierté pour son professeur. « Trésor est un élève attentif et concentré », explique M. Yeye. « Il écrit bien et travaille très dur. »

« Il est primordial de scolariser les enfants albinos », ajoute-t-il. « Ce ne sont que des enfants, comme tous les autres. »