A Madagascar, l’accès à l’eau transforme la vie de toute une communauté.
Le village de Koronga du district de Beloha, dans le Sud de Madagascar est l’un des villages transformés grâce à la mise en place d’un système à usages multiples de l’eau


C’est un nouveau rythme de vie pour Linasoa – à gauche-, 40 ans. Cela fait quelques mois qu’elle s’approvisionne en eau auprès du kiosque installé à moins de trois minutes de chez elle. Moyennant 100 Ar (0,011 Dollars) pour un seau de 20 litres, elle se félicite de pouvoir faire les allées et venues, autant de fois qu’elle en a besoin.

Cela n’a pas toujours été le cas. Avant cette nouvelle infrastructure, il fallait une heure pour s’approvisionner au puits, source d’eau non protégée, à l’entrée du village. « En une heure pourtant, le repas est quasiment prêt, la vaisselle terminée ainsi que la lessive » raconte-t-elle pour souligner cet important gain de temps.

Dans le village de Linasoa, ils sont 500 personnes au total à avoir changé de vie. Les kiosques sont les éléments d’une série d’un système à usages multiples de l’eau, installé grâce au projet Mionjo, l’initiative gouvernementale dédiée au renforcement de la résilience avec la Banque Mondiale. Un forage fonctionnant à l’énergie solaire alimente ces deux kiosques ainsi qu’un abreuvoir pour le bétail. Il permet également de faire une activité agricole pour une meilleure disponibilité alimentaire.

Justement, 20 femmes sont aujourd’hui membres de l’association villageoise Traka Koronga. Ensemble, elles cultivent une parcelle de terre, desservie par un système d’arrosage goutte à goutte rendu possible grâce au forage. Un partage de tâches équitables permet à l’association de bien fonctionner, comme de cotiser pour payer le gardiennage du jardin potager.

Le jardin potager est particulièrement rentable grâce à la volonté et l’engagement des femmes de l’association. Des brèdes, des oignons, des potirons, des concombres, des tomates, des pastèques et des courgettes y sont plantés et récoltés. « Une partie de ces produits servent à varier nos repas et ainsi équilibrer notre alimentation. L’autre partie est vendue aux marchés, pour être source de revenus. « Les produits nous rapportent beaucoup au point que nous envisageons d’élargir la surface à cultiver » raconte Fadiana, la présidente de l’association villageoise.

Les produits mis sur le marché assurent effectivement une épargne pour les familles et permettent d’acheter de nouvelles semences pour poursuivre l’activité. « Grâce à l’argent que nous gagnons, j’ai pu personnellement investir dans les études de mes enfants. J’ai aussi mis un peu d’argent de côté en cas de maladies » raconte-t-elle par rapport à sa propre famille.

Pour les familles qui ont du bétail comme Linasoa, une partie de l’argent sert également à remplir l’abreuvoir pour le bétail. 25 bidons d’eau sont en effet nécessaires. Les propriétaires de bétail cotisent alors pour qu’ensemble les animaux puissent étancher leur soif.

L’eau est une denrée précieuse, également pour les jeunes filles du village. Provenant de source protégée, elle leur permet d’assurer une bonne hygiène et est d’autant plus essentielle en période d’hygiène menstruelle, afin d’éviter les maladies et autres infections .

Ainsi, le château d’eau est en maintenance tous les six mois pour veiller à la bonne qualité de l’eau. La tâche est réalisée par la société privée qui gère les infrastructures.

Huit autres systèmes à usages multiples de l’eau ont été mis en place et opérationnels dans le district de Beloha, de la région Androy dans le cadre du projet Mionjo, financé par la Banque Mondiale. Pour le village de Koronga, le système est effectif grâce à la volonté de la population locale à améliorer les conditions de vie