Faire naître l’espoir au milieu du chaos.
Mari tué. Maison détruite. Accoucher en pleine rue. L'histoire inimaginable de Valet Widemiange.

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PORT-AU-PRINCE (Haiti), 16 septembre 2023 - Au milieu de la violence armée qui s'est emparée des zones métropolitaines de Port-au-Prince, une histoire de résilience et d'espoir émerge, incarnée par une jeune mère appelée Valet Widemiange, 23 ans. Si la naissance d’un enfant est souvent célébrée comme un moment de joie, pour Valet, elle est devenue l’histoire d’un courage extraordinaire au milieu d’une terreur insondable.
Cette nuit-là, lorsque la violence a ravagé son quartier du Carrefour Batsia, le monde de Valet s'est effondré. Sa maison a été réduite en cendres et son mari a connu un sort tragique au milieu du chaos. Fuyant pour sauver sa vie, elle s'est accrochée au rêve fragile de donner naissance à son enfant en toute sécurité. Mais le destin en avait décidé autrement.
Le 13 septembre 2023, alors que les rues de la ville tremblaient d'incertitude, Wideleysa (son nouveau-né) est née. Ses premiers cris furent noyés par les échos inquiétants de la violence qui les entourait. Ce fut un moment qui définira à jamais la force de l’amour d’une mère.

L'OCCEDH, une organisation communautaire partenaire de l’UNICEF, est rapidement venu en aide à Valet. Ils ont envoyé un médecin pour lui prodiguer des soins médicaux, lui ont fourni des articles vitaux tels que des vêtements pour bébé et un berceau, des kits d'hygiène et de l'argent pour soulager ses souffrances.
Valet et son nouveau-né ont trouvé refuge dans le site de déplacement improvisé de Delmas 4, où près de 2 000 personnes ont cherché un abri temporaire. Le poids de la tragédie et les conditions difficiles se sont abattus sur Valet, laissant son esprit blessé et à la dérive.
"Valet est profondément traumatisée par tout ce qu'elle a enduré. Après avoir perdu son mari et sa maison et accouché dans la rue, elle est aux prises avec un désespoir accablant. Les conditions sur le site sont désastreuses", a déclaré Mme Chrislie Luca, directrice de l'OCCEDH.
Dans les zones métropolitaines de Port-au-Prince, la situation continue d'évoluer rapidement, avec de nouveaux déplacements quotidiens en raison de nouvelles attaques et d'un environnement d'insécurité continu. Avec le soutien de l'UNICEF, l'OCCEDH continue d'être à l'avant-garde, répondant aux besoins immédiats des personnes déracinées par la violence. "Les besoins ici sont immenses. Leurs souffrances sont incommensurables", poursuit Chrislie Luca.
Des milliers de familles, tout comme celle de Valet, étaient au bord du gouffre dans les quartiers de Carrefour-Feuilles, Savanes Pistaches, Solino et Bel'Air, dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Plus de 25 000 personnes, principalement des femmes et des enfants, ont été contraintes de chercher refuge dans des communautés d’accueil ou dans des sites de déplacement improvisé.

Dans tout le pays, près de 200 000 personnes, dont la moitié sont des enfants, se sont retrouvées déplacées, dont 130 000 à Port-au-Prince. Le spectre d’attaques armées plane sur la ville, jetant un voile d’incertitude.
"L'histoire de Valet fait écho aux expériences d'innombrables autres personnes en Haïti. Les familles et les enfants sont aux prises avec la peur, l'incertitude et des difficultés inimaginables. En ce moment critique, l’escalade rapide de la violence exige une urgence encore plus grande et un appel de ralliement pour que nous accélérions rapidement nos efforts et sauvegarder les vies précieuses des enfants d'Haïti", a déclaré Bruno Maes, Représentant de l'UNICEF en Haïti.
L'UNICEF et ses partenaires intensifient leurs efforts pour répondre aux besoins immédiats des communautés touchées, notamment en déployant des cliniques mobiles pour faire face aux risques sanitaires et à la malnutrition, ainsi qu'en fournissant des kits d'eau, d'hygiène et d'assainissement et des réservoirs d'eau. L’UNICEF fournit également un soutien psychosocial aux enfants et aux familles touchés et mène actuellement une évaluation pour mesurer l’impact de la violence sur l’éducation des enfants.
La résurgence de la violence dans les zones métropolitaines de Port-au-Prince aggrave une situation extrêmement désastreuse pour les enfants du pays. Près de 3 millions d’enfants – le nombre le plus élevé jamais enregistré – ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence cette année, en raison de niveaux alarmants de violence et d’insécurité, de faim et de malnutrition sans précédent et d’une résurgence du choléra.
Sur les 246 millions de dollars requis pour répondre aux besoins humanitaires des enfants d'Haïti cette année, seuls 18 pour cent ont été mobilisés.
