Des enfants palestiniens en situation de handicap déterminés à apprendre
A Hebron, une école spécialement créée pour les enfants aveugles est une bénédiction pour ces derniers.

HEBRON, État de Palestine, 2 juin 2017 – Pour Wi’am, 12 ans, pouvoir aller à la Blind Charitable Society School, une école spécialement créée pour les enfants aveugles, est une bénédiction.
« Je suis tellement heureuse de pouvoir apprendre le braille », explique Wi’am tout en plaçant ses minuscules doigts sur des points en relief pour lire son cours d’arabe. « Ma matière préférée c’est l’anglais, car grâce à cette langue je peux communiquer avec le reste du monde », ajoute-t-elle avec fierté.
La Blind Charitable Society School accueille 67 élèves palestiniens malvoyants issus du gouvernorat d’Hébron. Fondée en 1996, l’école aide les enfants comme Wi’am à grandir et à développer leur plein potentiel.

Wi’am, 12 ans, utilise une machine à écrire braille pendant ses cours d’arabe. Elle nous explique que sa matière préférée est l’anglais car cette langue lui permet de communiquer avec le reste du monde.
« J’anime des sessions de sensibilisation pour aider les parents d’enfants handicapés à mieux comprendre les droits et services auxquels ces derniers peuvent prétendre », déclare Safaa, principale de la Blind Charitable Society School. « Tous les enfants ont le droit d’être traités avec dignité », poursuit-elle.
Les enfants palestiniens handicapés sont d’autant plus défavorisés qu’ils cumulent à leur handicap d’autres vulnérabilités. Ceux vivant dans des zones rurales bénéficient d’un accès limité aux services essentiels et notamment à l’éducation. Grâce aux financements de la communauté, l’école a pu mettre en place un système de ramassage scolaire quotidien en bus et ainsi éviter aux élèves d’avoir à gérer ce problème supplémentaire. Les enfants issus des zones les plus reculées ont également la possibilité de dormir à l’internat.
« Sur les 67 élèves que compte notre école, 13 issus de villages dorment à l’internat », explique Safaa.

Une professeure aide des élèves à manier des outils éducatifs colorés et notamment à enfiler des perles de différentes formes afin d’améliorer leur concentration.
Stimuler les enfants permet de lutter contre la stigmatisation et la discrimination
Les enfants porteurs de handicap sont comme les autres : ils ont de nombreuses capacités. Ils sont cependant souvent discriminés et exclus de la société et manquent de soutien. Une situation qui les rend invisibles et particulièrement vulnérables au sein même de leur communauté.
À l’âge de trois ans, on a diagnostiqué une tumeur cérébrale à Hammam. À la suite de l’opération de sa tumeur, le jeune garçon est devenu aveugle.
Aujourd’hui, Hammam est devenu un modèle non seulement pour sa communauté, mais également pour le monde entier. Sa détermination l’a en effet poussé à devenir le meilleur élève de sa classe. Sa déficience visuelle ne l’a jamais empêché de rêver ni de continuer à apprendre.
« La religion est ma matière préférée », confie Hammam avec le sourire. « Quand je serai grand, je rêve de devenir imam. »

Des enfants jouent dans la cour de l’école pendant la récréation.
Une situation qui peut évolur favorablement
La stigmatisation des enfants handicapés est très forte et extrêmement répandue en Palestine, d’après une étude menée en 2016 par l’UNICEF.
« Cette stigmatisation est très fréquente au sein des communautés et existe parfois au sein même des familles », explique Kumiko Imai, Responsable de la Politique sociale de l’UNICEF. « Néanmoins, on peut voir que la situation évolue favorablement lorsque les enfants bénéficient des soins de santé appropriés et d’une éducation inclusive comme c’est le cas pour Wi’am et Hamman. »
Wi’am, qui a pris la parole lors du lancement local de l’étude, est la preuve vivante que les enfants en situation de handicap peuvent trouver leur place dans la société.
« J’ai eu un peu peur quand j’ai parlé lors de la séance de lancement de l’étude », raconte Wi’am, qui, à cette occasion, s’est retrouvée assise aux côtés de ministres palestiniens et de hauts fonctionnaires. « Quand j’ai terminé mon discours et que j’ai entendu le public m’applaudir, j’ai réalisé à quel point, moi aussi, je suis capable de transformer le monde », conclut la jeune fille.