Grace à l’éducation inclusive, les enfants vivants avec handicap peuvent aller à l’école
Pour Vikène, 14 ans, vivre avec l’albinisme ne l’empêche pas de réussir à l’école

Au Congo comme dans beaucoup d’autres pays d’Afrique, les personnes qui naissent avec l’albinisme sont souvent discriminées et livrées à elles-mêmes. Pour Vikène, c’est différent, elle croque la vie à pleines dents.
Un enfant albinos est fréquemment sujet à une acuité visuelle de mauvaise qualité, c’est pourquoi Vikène qui est une jeune fille de 14 ans étudie à l’Institut des Jeunes Aveugles de Mantsimou à Brazzaville. Elle est en deuxième année d’école primaire. Elle était à Kindamba, dans la région du Pool dans le sud du pays, région durement touchée par les conflits l’année dernière.
“Je suis venue à Brazzaville parce qu’il y avait des problèmes de sécurité et que papa avait perdu un ami. Alors, papa a décidé de nous emmener à Brazzaville. On a pris un gros camion avec ma maman, mes frères et sœurs et on est venus à Brazzaville et depuis, je fréquente au Centre Ressource de Mantsimou, mais j’ai demandé à maman de repartir pour les vacances parce que j’ai laissé mes amis là-bas.”


Vikène est issue d’une famille de 5 enfants dont 3 sont albinos comme elle, sa sœur Raina, 15 ans et son frère Eliot, 11 ans scolarisés dans le même institut.

“On est 3 à être nés différents dans notre famille, ma sœur Raina, mon petit frère Eliot et moi, mais nous sommes comme tous les autres enfants. A Kindamba ce n’était pas bien, ici j’ai une copine qui s’appelle Exaucée et on s’amuse beaucoup pendant la récréation. Ici il y a beaucoup de petites voitures, à Kindamba il n’y avait que des gros camions et j’avais peur du bruit”.
Le Centre Ressource de Mantsimou accueille les enfants et les jeunes et est ouvert depuis 1981. Les enfants non-voyants et malvoyants y apprennent le braille. L’institut est conventionné par le Ministère des Affaires Sociales.
Les classes pour non-voyants et mal voyants ont toujours de petits effectifs parce que l’apprentissage du braille est assez fastidieux, la classe de Vikène compte seulement 3 élèves. Actuellement, le centre manque de matériels didactiques et de nombreux enfants de la zone sud ne viennent plus faute de bus de transport.

Pour Vikène, l’école est l’endroit où elle s’amuse le plus.
“Je voudrais une école où il y a beaucoup de jeux, des toboggans, des vélos et des dinettes comme dans les écoles que je vois à la télé. J’ai appris le braille et je suis la meilleure de ma classe en dictée.
Ici les amis ne se moquent pas de nous et tout le monde est gentil. Quand je serai grande, je voudrais devenir maitresse pour les petits, pas pour les grands, comme ça je pourrai leur apprendre à faire des dessins.
Je me suis habituée à ma couleur et je sais que je suis née comme ça, on n’allume pas beaucoup de lumière dans ma classe parce que ça me fait mal aux yeux. Dans ma classe, je suis la seule à être de cette couleur mais je suis contente de ressembler à une poupée. Je sais que tous les enfants m’aiment et je les aime aussi, mon rêve c’est de pouvoir terminer mes études, et pouvoir grandir avec mes frères et sœurs’’.
Karine BAMANA qui est l’institutrice nous parle de Vikène comme d’une petite fille souriante et très curieuse d’apprendre de nouvelles choses.
“Pour certains enfants, il faut 1 à 2 ans pour assimiler le braille mais Vikène n’a pris que 6 mois et je suis fière de ses progrès”.
Vikène est un exemple de la stratégie d’éducation inclusive élaborée avec le Ministère de l’Education Primaire, Secondaire et de l’Alphabétisation et le Ministère des Affaires Sociales, mais cette stratégie a encore besoin d’être renforcée par des actions spécifiques en faveur des enfants déficients en particulier et pas seulement des enfants autochtones. Parce que l’UNICEF dans ses interventions s’engage à ce qu’aucun enfant ne soit laissé pour compte, Vikène et les autres enfants du centre de Manstimou ont été invités à la célébration de la Journée de l’Enfant Africain pour pouvoir faire entendre leur voix et rappeler aux adultes leurs droits fondamentaux.