Journée internationale de l'hygiène menstruelle : ‘’ Je m’engage’’!
Le 28 mai 2023, le Burkina Faso a célébré la Journée Internationale de l'hygiène menstruelle.
Encore maintenant dans le monde et au Burkina Faso, avoir ses règles est un sujet tabou. Considéré comme de la saleté par les uns et comme une malédiction pour d’autres, le sang qui s’écoule du corps de la femme pendant la période menstruelle amène certaines femmes à se cacher. Cette situation fait déjà que dès les premières règles, la jeune fille se retrouve généralement sans information et livrée à elle-même. Elle peut alors ne pas savoir comment gérer cette partie de son cycle dans son quotidien et surtout quand elle doit aller à l’école. La mauvaise gestion des menstrues constitue un danger non seulement du point de vue sanitaire mais aussi pour le maintien des filles à l’école à cause des stigmatisations dont elles peuvent être victimes et aussi de l’inconfort personnel.
Au Burkina Faso seulement 6% d’écoles primaires et 5% des structures post primaires et secondaires bénéficient d’interventions pour la Gestion Hygiénique des menstrues (GHM) et seulement 3% du personnel éducatif du primaire et 4% du post primaire sont formés aux questions de la GHM. Quant aux latrines,, 8% des latrines au niveau scolaire sont équipées de cabines de GHM.
La journée mondiale de l’hygiène et la santé menstruelle pour l’année 2023 au Burkina Faso a été donc placée sous le thème : « pour une gestion hygiénique des menstrues efficiente et accessible à tous, je m’engage ! ». C’est à cette occasion que le ministère en charge de l’éducation à travers la Direction de la Promotion de l’Education Inclusive de l’Education des Filles et du Genre (DEIEFG), avec l’appui de l’UNICEF et ses partenaires, ont organisé à Kokologho plusieurs activités de sensibilisation et de plaidoyer Parmi ces activités, il y a eu des séances de causeries, des ateliers de confection de serviettes réutilisables, des prestations artistiques et théâtrales et une démonstration du port de serviette hygiénique par des jeunes filles et garçons.
Pauline Zongo est élève au Complexe scolaire St Joseph de Kokologho. Elle a quitté son école pour participer aux séances de sensibilisation. Comme d’autres jeunes de son âge, elle participe aux différents ateliers et s’implique vraiment dans les activités.
Quand Pauline a eu ses premières règles, sa maman était présente pour elle. Elle se rend compte de la chance qu’elle a eu : ‘’Je suis venue suivre cette sensibilisation pour en apprendre plus sur l’hygiène menstruelle. Lors de mes premières règles, j’ai eu la chance de pouvoir en parler avec maman. La première fois, j’ai eu un peu peur, j’ai cru que quelqu’un m'avait blessé. J’ai couru voir ma mère qui m’a tout expliqué, elle m’a montré comment mettre les serviettes hygiéniques, comment laver mes dessous et aussi qu’il fallait éviter de se mettre en danger avec les garçons. Après cette expérience, quand j’ai eu des copines qui ont eu leurs premières règles, j’ai pu être là pour elles. Je me rends compte que toutes les filles n’ont pas la même chance que moi d’avoir leur mère à côté qui aborde avec facilité ce sujet’’.
C’est le cas de Odette, qui a eu ses premières règles étant au champs :
‘’ J’ai eu très peur. J’ai cru que j’avais fait quelque chose de mal. Je n’ai donc rien dit à personne. Ma maman ne l’a su que quelques mois après. J’ai trouvé un morceau de tissu que j’ai utilisé pour me protéger. Après, à l’école les maîtresses ont commencé par en parler. Elles nous ont dit qu’il fallait utiliser des serviettes hygiéniques ou des tissus propres. Je sais maintenant qu’il faut laver les serviettes et les changer régulièrement pour éviter les maladies. Ce n’était pas facile parce qu'au départ je n'avais aucune information. Je voudrais que les mamans arrivent à se rapprocher de leurs filles pour parler des règles pour que ces dernières ne soient pas surprises comme moi’’.
L’une des causes de l’absence des filles dans les écoles est liée à la mauvaise gestion des menstrues. Les filles, parce qu’elles ne savent pas comment éviter d’être tachées en se protégeant, par honte ou par douleur préfèrent abandonner les classes. Les règles étant tabous et plusieurs personnes n’étant pas renseignées, les filles sont confrontées aux moqueries dans les écoles. C’est pour cela que UNICEF intègre systématiquement dans ses interventions WASH la promotion de l’hygiène menstruelle dont des séances de sensibilisation, qui rassemblent aussi bien les filles que les garçons afin que ces derniers soient informés et en mesure d’aider et de protéger les filles. Au total, 58 000 élèves ont été sensibilisés sur la GHM.
De même, des clubs de gestion de l’hygiène menstruelles (GHM), et la rédaction d’un guide de GHM ont été initiés par les acteurs de la promotion de la gestion de l’hygiène menstruelle avec l’appui de l’UNICEF. Des filles comme des garçons y participent activement afin de mettre fin au tabou sur les menstrues.
Pour plus de durabilité, un accent est mis actuellement sur la maitrise de la confection locale de serviettes hygiéniques réutilisables : elles sont faites de matériaux locaux, sont lavables et réutilisables pendant des années : d’où plus d’autonomie et d’efficience mais elles nécessitent la disponibilité d’ eau pour être correctement lavées.