Prévenir la violence par le sport en El Salvador

Dans un quartier en proie à la violence des gangs, les enfants trouvent dans le sport et les activités de loisirs un refuge loin de l'insécurité des rues

Par UNICEF El Salvador
A girl in a swimming pool, El Salvador
UNICEF El Salvador/2017/Martinez
11 janvier 2018

SAN MARCOS, San Salvador, El Salvador, le 11 janvier 2018 – Natividad Sánchez Ventura, 7 ans, est la cadette d'une famille de dix enfants dont le quotidien est, à l’évidence, chaotique. Chaque matin, sa mère, María, part dès avant l'aube vendre des fruits de mer sur le marché de la ville tandis que ses grandes sœurs terminent leurs corvées du matin et que son père José emmène les plus jeunes à l'école.

Après l'école, Natividad rentre avec ses frères et sœurs à la maison où sa mère cuisine ou lave le linge. Électricien de métier, son père profite de ce moment pour se rendre chez les clients. Jusque récemment, cette routine relevait du défi pour la famille : À quelle activité sûre occuper les enfants pendant l'après-midi ?

« Il n'y a pas beaucoup de place dans la maison et notre rue est plutôt dangereuse, alors lorsque les enfants voulaient jouer avec des amis, il leur fallait s'éloigner et on ne savait jamais où ils étaient », confie María. L'insécurité est la principale préoccupation de José lorsqu’il laisse ses enfants jouer dehors. La ville est connue pour son taux élevé d'homicides, la violence de ses gangs et sa forte criminalité. Les enfants se mettraient en danger s'ils restaient jouer aux alentours.

UNICEF El Salvador/2017

Natividad bavarde avec une amie pendant son cours de natation. Les leçons l'ont aidée, ainsi que ses frères et sœurs, à gagner confiance en elle et à se faire de nouveaux amis en dehors de l'école.

La sécurité grâce au sport

Tout a changé le jour où la famille a reçu un courrier de la mairie de San Marcos invitant les enfants à suivre gratuitement des cours de natation au centre de loisirs de Cutacuzcat.

« Nous avons décidé de les laisser aller au centre pour qu'ils puissent apprendre à nager », explique María.

Cette invitation à prendre part à des activités sportives hebdomadaires a été étendue à l'ensemble des enfants de San Marcos dans le cadre du projet municipal de prévention de la violence soutenu par l'UNICEF. Un an et demi après la mise en place du projet, plus de 1 000 enfants participent à ces activités deux ou trois fois par semaine.

Wilson Galán, entraîneur de natation, confie que la natation est venue naturellement à Natividad et à ses frères et sœurs. « Ils m'ont surpris car, au bout de deux mois, ils maîtrisaient déjà vraiment bien tous les types de nage », précise-t-il.

Les enfants ont à ce jour remporté 47 médailles dans différentes compétitions locales et nationales. Grâce à ces victoires, Natividad, qui a décroché huit médailles, a gagné confiance en elle.

« Lorsque j'entends ma famille m'encourager avec ses 'allez, allez, allez', je me sens très heureuse et je réussis à garder des forces jusqu'au bout », poursuit-elle.

 

UNICEF El Salvador/2017

La famille Sánchez Ventura exhibe les médailles remportées par les enfants pendant leurs compétitions de natation. Depuis qu'ils ont rejoint le programme d'activités sportives il y a un an et demi, les enfants ont remporté plus de 40 médailles.

Un esprit sain dans un corps sain

Le sport et les activités de loisirs ne sont qu'un aspect de la stratégie globale de prévention de la violence élaborée et mise en place dans la ville par la municipalité de San Marcos en étroite collaboration avec l'UNICEF. Le projet comprend également des volets liés au développement et à la protection de l'enfant ainsi que des ateliers pédagogiques qui sensibilisent parents et enfants à la non-violence et leur apprennent à renforcer les liens familiaux.

« Lors de ces ateliers, Natividad peut passer du temps avec d'autres enfants qui apprennent comme elle, et puis on rencontre d'autres parents avec lesquels on peut partager de nouvelles idées », souligne María.

La bourse proposée dans le cadre du programme couvre une partie des frais scolaires de Natividad. « Nous sommes une grande famille, alors cet argent nous permet de ne pas avoir à déscolariser notre fille », confie José.

es deux parents conviennent que la pratique d'un sport a changé la vie de leurs enfants. « C'est bon pour leur corps et leur esprit », conclut María. « Ils font de l'exercice, ils ont un but dans la vie, une meilleure estime d'eux-mêmes et sont aussi plus disciplinés à l'école. »

Pour José, le programme a l'immense avantage de tenir les enfants loin de la violence des gangs. « Grâce à la natation, nos enfants ne sont plus livrés à eux-mêmes dans les rues », ajoute-t-il.