La Maison Rose : un refuge protecteur pour Mariétou, survivante de violences basées sur le genre
Dans la banlieue de Dakar, la Maison Rose accueille des femmes, des filles et des enfants brisés par la vie.

Mariétou* est une jeune fille de 14 ans vivant à Guédiawaye, dans la banlieue de Dakar. A l’âge de 8 ans, elle connait la perte précoce de son père, ébranlant l’équilibre familial. Sa mère plonge alors dans une profonde détresse, la scolarité de Mariétou est perturbée, et la situation se complique d’avantage lorsque sa sœur tombe enceinte, laissant leur mère accablée par les responsabilités.
Pour soulager cette charge, une tante accueille Mariétou dans sa maison à Ngarapou, lui offrant une nouvelle perspective de vie. Mariétou fait alors la connaissance d’un jeune mécanicien qui l’aborde dans son quartier et avec qui elle tisse des liens amicaux. Elle lui fait une confiance aveugle et multiplie les rencontres avec lui jusqu’au jour où il l’oblige à céder à ses avances.
Sa tante, suspectant une grossesse, l’emmène faire une visite médicale qui confirme la grossesse. Elle décide de porter plainte contre le jeune mécanicien, qui s’avère être le petit fils du chef de village. Les pressions sociales et les rumeurs empoisonnent la vie de Mariétou, la contraignant à l’isolement. Sa tante, dévastée, décide de ramener sa famille à Guédiawaye.
« Comme je ne voulais pas revenir à Ngaparou et que ma mère, vu sa maladie, ne pouvait pas s’occuper de moi, nous sommes allés à l’Action Éducative en Milieu Ouvert (service du Ministère de la Justice). C’est là que j’ai été orientée vers La Maison Rose », explique Mariétou.

A la Maison Rose, un centre de prise en charge pour les victimes de violences basées sur le genre gérée par l’ONG Universelles, Mariétou trouve un refuge bienveillant. L’équipe sur place la prend en charge tout au long de sa grossesse, lui prodiguant soins médicaux et conseils.
Elle participe à des ateliers spécialement conçus pour les futures mamans, l’aidant à surmonter ses peurs et à se préparer à son rôle imminent. Mariétou donne naissance à une fille. Sa famille, avertie par l’équipe, célèbre la venue de ce nouveau membre lors du baptême.
« Je vais à tous les ateliers, mais ceux que je préfère sont l’atelier d’alphabétisation et celui de la broderie. Plus tard, j’aimerai faire une formation pour être couturière », souligne-telle.
Grâce à l’appui de la Fondation Marcelle et Jean Coutu, c’est bien plus qu’un abri que Mariétou trouve à la Maison Rose. Elle y trouve une famille, des amis, et un esprit de solidarité. Elle y découvre des apprentissages enrichissants, entretenant des liens privilégiés avec d’autres résidentes. Grâce aux puéricultrices Emilie et Anna, elle apprend à s’occuper de sa fille avec résilience et détermination.
Les ateliers d’alphabétisation et de broderie éveillent ses passions et ses rêves. Mariétou envisage un avenir où elle pourrait suivre une formation de couturière. En attendant une solution pérenne pour elle, avec l’appui de l’AEMO et l’association Universelles, elle espère pouvoir demeurer à La Maison Rose, ce havre de paix devenu son refuge protecteur, synonyme d'espoir et de renouveau.
*Le prénom de la jeune fille a été changé pour préserver son identité.