Eau, Hygiène, Assainissement

WASH

Survie UNICEF Bénin
Une petite fille d'une école maternelle pour les enfants de 2 à 3 ans se lavant les mains dans une bassine
UNICEF Bénin
30 avril 2020

En 2017, 900 millions de personnes dans le monde n’ont pas d’accès durable à l’eau potable, 2,4 milliards n’ont aucun accès à un assainissement adéquat et défèquent à l’air libre. La proportion de la population utilisant des services d’assainissement gérés de façon sûre, notamment des équipements pour le lavage des mains avec de l’eau et du savon est un des indicateurs phare de la croissance économique inclusive, forte et durable d’un pays. 
 
Au Bénin, la problématique de l’approvisionnement en eau potable, de l’hygiène et de l’assainissement (WASH) est plus que jamais d’actualité, tant en milieu rural qu’en milieu urbain. Si des progrès remarquables ont été enregistrés en matière d’accès à l’eau potable, dont la couverture atteint désormais 77 pour cent en milieu urbain et 66 pour cent en milieu rural, des améliorations marginales ont été réalisées en matière d’assainissement. Les disparités d’une localité à une autre persistent et plus de la moitié de la population n’a pas accès aux services d’assainissement améliorés.

En guise d'état des lieux : 

  • 10 enfants continuent de mourir chaque jour, 90 pour cent de ces décès sont dus à l’ingestion d’eau contaminée et au manque d’installations sanitaires hygiéniques communautaires ;
  • Les sources d’approvisionnement en eau de boisson varient selon les milieux de résidence  mais se fait majoritairement à un puits à pompe ou forage. Pour deux ménages sur dix, le temps de trajet pour s’approvisionner en eau de boisson excède 30 minutes (13 pour cent en milieu urbain et 26 pour cent en milieu rural) ; 
  • La quasi-totalité des ménages (92 pour cent) n’utilise aucun moyen pour traiter l’eau ; 
  • Au niveau national, plus d’un ménage sur deux (54 pour cent) n’utilisent pas de toilettes et défèquent encore à l’air libre (brousse/ champs) : 77 pour cent en milieu rural contre 36 pour cent en milieu urbain. Sept enfants sur dix ont leurs matières fécales qui ne sont pas évacuées de façon hygiénique ;
  • Seuls 13 pour cent des ménages utilisent des toilettes améliorées (22 pour cent en milieu urbain contre 6 pour cent en milieu rural). Dans plus de la moitié des cas, il n’y a pas d’endroit particulier pour les toilettes et seuls 9 pour cent des ménages disposent de  toilettes dans le logement (16 % en milieu urbain contre 3 pour cent en milieu rural).
  • Dans plus de la moitié des cas (55 pour cent), l’endroit utilisé par les ménages pour se laver les mains est mobile et dans seulement 18 pour cent des cas, l’endroit est doté de savon. 

S'agissant d'objectifs et défis, le Bénin ambitionne d’atteindre une couverture de cent pour cent pour l’approvisionnement en eau de base d’ici à 2021 et de 75 pour cent pour l’accès aux services d’assainissement de base et l’arrêt de la défécation en plein air d’ici à 2025 . Pour parvenir à réaliser ces objectifs, d’importants défis restent à relever :

  • Réduire les disparités à l’accès en eau potable des populations à faibles revenus, notamment en milieu rural ; 
  • Garantir l’accès à l’eau potable dans les localités à forte densité de population, dépourvues d’accès à ce jour ; 
  • Mettre à l’échelle des stratégies de Promotion de l’Hygiène et de l’Assainissement pour atteindre, d’ici 2025, l’arrêt de la défécation à l’air libre, et d’ici 2030, l’accès universel aux ouvrages améliorés. 

Pour ce qui concerne l’appui de la composante WASH de l’UNICEF, le Bureau pays s’aligne sur le Plan National de Développement Sanitaire 2018-2022, en se focalisant sur l’environnement de mise en œuvre du programme. Il vise à :

  • Renforcer le système d’information sanitaire afin d’intégrer des données ventilées et en faire un outil efficace de planification et de prise de décision ;
  • Réviser le modèle de planification opérationnelle et la formation des équipes afin de mieux cibler les populations défavorisées ;
  • Renforcer le système de gestion-distribution afin de garantir la disponibilité des produits de santé essentiels sur la durée.

En terme de stratégie, la composante WASH repose sur les prémisses suivantes : a) Le Gouvernement et les partenaires de développement continue à s’engager sur la voie des réformes et des innovations pour améliorer la gouvernance, le financement et la responsabilisation ; b) Des synergies efficaces sont mises en place parmi les partenaires de développement s’agissant de la santé maternelle, néonatale, des enfants et des adolescents, notamment autour de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène (WASH).

Tirant leçons des deux décennies consacrées à l’eau potable et à l’assainissement et des Objectifs du Millénaire, il est clair aujourd’hui pour tous les acteurs en charge de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement qu’on ne développe pas tant qu’on se développe. L’individu et la communauté sont donc au cœur des stratégies d’actions de l’UNICEF. Un modèle intégré d’interventions au niveau communautaire, visant à favoriser la promotion des pratiques familiales essentielles (PFE), a ainsi été développé par l’UNICEF. L’approche « Assainissement Total Piloté par la Communauté » (ATPC), qui vise la fin de la défécation à l’air libre, en est un exemple éloquent. 

Avant 2012, environ 77 pour cent de la population rurale au Bénin déféquait à l’air libre, s’exposant ainsi à toutes formes de maladies d’origine hydro fécale. 

Entre 2013 et 2017, l’UNICEF a mis en place avec l’appui financier des Pays-Bas, un programme en vue de réduire cette tendance. Une nouvelle approche appelée « Assainissement Total Piloté par la Communauté » (ATPC). Elle a été utilisée pour accompagner les communautés à prendre conscience de leurs conditions et s’engager à arrêter la défécation à l’air libre.

L’ATPC consiste à aider une communauté à analyser et prendre conscience de sa situation en matière d'hygiène et d'assainissement, et à l’inciter à prendre des mesures collectives pour améliorer ses pratiques d'hygiène et d’assainissement, éradiquer la défécation à l’air libre et obtenir le statut fin de défécation à l’air libre (FDAL). L’ATPC vise à provoquer des changements de comportements de toute une communauté sur le plan de l’hygiène et de l’assainissement plutôt qu’à construire des toilettes sur la base des subventions. 

Les cinq critères de la fin de la défécation à l’air libre au Bénin sont :

  • Toutes les zones de Défécation à l’Air Libre ont disparu dans la localité ; 
  • Chaque ménage a accès à une latrine hygiénique (équipée d’un dispositif qui limite la prolifération des mouches à partir des fosses) ; 
  • Chaque latrine est équipée d’un dispositif de lave-main (eau + savon /eau+ cendres) bien utilisé par les usagers et bien entretenues ; 
  • L’Environnement est assaini ; 
  • La restitution du résultat de l’évaluation à la communauté et coaching des Agences de Mise en Œuvre déléguée (AMOd).

A la fin du cycle de programmation en 2018, les résultats phares de cette stratégie sont  :

  • Adoption du Guide National d’ATPC pour soutenir l’exécution de la méthode ATPC. Dans ce cadre, des activités sont organisées qui permettent aux membres de la communauté de prendre conscience du fait que la défécation à l’air libre est un risque sanitaire pour tout le monde ;
  • Entre 2014 et 2017, 2 724 localités ont obtenu le statut de Fin de Défécation à l’Air Libre (FDAL) ;
  • Des latrines de divers modèles et résistances ont été réalisées et l’environnement immédiat des localités a été assaini par les communautés. 7 781 latrines familiales ont été construites et aujourd’hui on compte en moyenne une latrine pour 3 ménages ; 
  • Des dispositifs de lavage des mains ingénieux ont été réalisés, permettant l’adoption de comportements favorables à la santé comme le lavage des mains aux moments critiques, le traitement de l’eau à domicile et le respect des règles d’hygiène sur la chaîne de l’eau ;
  • Le programme WASH a enfin permis d’améliorer l’environnement dans 101 écoles du pays à travers la construction de 150 blocs modules de 4 latrines chacun et de dispositifs de lave-mains, permettant à plus de 29 385 élèves dont 13 638 filles d’avoir accès à des installations sanitaires hygiéniques.

Objectifs à venir : D’ici à la fin 2023, les femmes enceintes, les femmes allaitantes, les nouveau-nés, les filles et garçons de moins de 5 ans, les adolescents et les communautés les plus vulnérables utiliseront de façon accrue des services WASH : 

  • Mise en place d’un système d’approvisionnement en eau potable dans les structures sanitaires et communautaires pour parer aux dysfonctionnements majeurs mis en exergue dans une étude sur la cartographie de l’eau et des mesures d’hygiène dans les centres de santé des 9 zones sanitaires ciblées ;
  • Les structures sanitaires et les municipalités disposent de capacités accrues pour offrir équitablement, au niveau communautaire, des services de qualité intégrés WASH et de santé de l’enfant ;
  • Les structures sanitaires et les écoles disposent de services d’eau salubre, d’hygiène et d’assainissement et les communautés ont les capacités de prévention, de préparation et de réponse aux urgences.