En quête d’un jour nouveau
Aicha* fait parties des personnes qui ont dû se déplacer en permanence dans l’espoir de trouver un refuge où elle et sa famille seront en sécurité

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"J’ai perdu mon mari il y a près de neuf mois de cela, suite à une attaque perpétrée dans notre village à Felo, dans le district de Gubio, dans l’état de Borno au Nord-est du Nigeria. Cette attaque a fait plusieurs victimes", se remémore Aicha*, 38 ans et mère de trois enfants.
"Des corps jonchaient le sol, les assaillants ont poursuivi tous les habitants du village, nous tirant dessus et nous écrasant avec leurs véhicules. Moi et mes enfants avions pu nous cacher, mais mon mari n’a pas eu la même chance. C’était en juin 2020."
"Nous avions décidé de fuir et parcourions des kilomètres pour trouver refuge dans des endroits beaucoup plus sécurisés. Avec mes trois enfants, nous étions allés de village en village, jusqu’à ce que nous arrivions ici au Niger, grâce à des connaissances, qui eux-aussi ont fui les attaques perpétrées à Borno"
"Nous nous sommes installés à Toumour, où les habitants nous ont bien accueilli et partagé avec nous le peu qu’ils avaient. On nous avait même mis à disposition un hangar. Malgré les difficiles conditions de vies, je me suis dit que nous allions reprendre progressivement en main notre vie. Nous avions tissé des liens d’amitié avec les populations hôtes. Mais malheureusement, c’était de courte durée"
"Quelques temps après, nous avions dû nous déplacer encore une fois à cause des inondations qui se sont produites au mois d’octobre dans la région. J’étais de nouveau désespérée. Je me suis dit que le ciel nous est tombé sur la tête. Mais nous avons finalement pu gérer la situation, l’inondation s’étant vite retirée".
"Nous avions de temps à autre reçu de l’aide de la part des autorités, qui nous a permis de survivre, surtout mes enfants. Mais le destin en a décidé autrement."
"Au mois de décembre, pour la deuxième fois, nous avions été victimes d’une attaque. Les assaillants ont fait irruption vers 19 heures en grand nombre, en tirant et en mettant le feu aux habitations. Ils ont tout incendié. Certaines victimes ont été tuées ou blessées par balle, d'autres calcinées à l'intérieur des cases totalement consumées par les flammes."
"C’était horrible. Pour la deuxième fois, j’ai dû revivre le même cauchemar. Heureusement, par la grâce de Dieu, nous avions pu fuir cette nuit-là, nous nous sommes cachés dans les buissons jusqu’à ce que les coups de feu s’arrêtent. Et là, je me suis demandé si on ne nous aurait pas jeter un sort."
"Nous sommes retournés au village suite à l’appel des autorités – qui nous ont rassurés qu’ils feront leur maximum pour sécuriser la zone. Près d'un millier de maisons avaient été incendiées, ainsi que le marché central de la ville."


Aujourd’hui, Aicha* et ses enfants tentent de nouveau de reconstruire leur vie. Avec ses compagnons de route, elle est en train de monter un abri où de nouveau se loger. Elle a reçu toute une série de kits lui permettant de disposer du minimum pour de nouveau se relever.
"Nous avons reçu des bâches en coton et en plastique, des nattes, des couvertures, des pagnes, des lampes, des habits, des marmites, des gobelets, des seaux, des bidons, des cartons de savon, des balais, des sacs, des kits pour l’hygiène menstruelle et beaucoup d’autres choses. Tous ces matériels nous redonnent l’espoir qu’on peut avancer."
Grâce au mécanisme de réponse rapide dirigé par l’UNICEF, avec le concours de ses partenaires, dont l’ONG Acted, des milliers d’autres familles ont reçu les mêmes kits dans la région. Les équipes du Mécanisme de Réponse d’urgence se sont mobilisées pour venir en aide aux populations déplacées en réalisant une évaluation sur leur vulnérabilité et en apportant, en lien avec les besoins identifiés, une réponse d’urgence et immédiate en abris et biens non-alimentaires. Financé en partie par la Coopération Italienne, le Fonds CERF, ECHO et UKaid, le Mécanisme consiste en un réseau d'acteurs capables de réagir rapidement aux urgences humanitaires.
"Ce dont je rêve, c’est juste de vivre en paix, avec mes enfants. Pouvoir les nourrir, les envoyer à l’école, les soigner s’ils sont malades, avoir une case où se réfugier" a conclu Aicha*.
La région de Diffa, dans le sud-est du Niger, a été durement touchée par la montée de la violence extrémiste dans le bassin du lac Tchad, qui a contraint des centaines de milliers de personnes à s’installer dans la région. La pandémie de Covid-19 exacerbée la situation rendant la réponse humanitaire de plus en plus difficile.