Message Stefano SAVI, Représentant de l’UNICEF
Renforcer les services de protection de l’enfance au Niger

L’UNICEF travaille depuis 50 ans cette année au Niger. Cinquante ans de travail, et malgré de grandes avancées, les besoins sont toujours immenses.
Le Niger est souvent cité pour détenir certains records : nombre de filles mariées avant 18 ans, taux d’analphabétisation, nombre d’enfants par femme, nombre de jeunes de moins de 15 ans… Le pays est également cité pour la dureté de son climat, aggravée par le réchauffement climatique : la région du Sahel sera la plus impactée par le changement climatique.
Avec les écoles qui ferment dans les zones touchées par les attaques des groupes armés non étatiques, les inondations et les sécheresses, les difficultés d’accès aux travailleurs humanitaires, le nombre de réfugiés et de déplacés internes, … les besoins chroniques du pays, où plus de la moitié des habitants ont moins de 15 ans, ont pu être occultés, qu’il s’agisse du renforcement du système de santé, de protection, ou d’éducation – autant d’urgences pour préparer la jeune génération à prendre en charge les immenses défis du pays.
Au début de ce mois, à l’extrême nord du Niger, figure un petit village qui s’appelle Assamaka. Village où, à 15 kilomètres, la frontière est marquée par une dalle de béton au milieu du désert. Les malheureux qui ont tenté leur chance en migrant hors de leurs frontières sont refoulés là, au « point zéro ». Parmi eux, figurent de nombreux jeunes enfants : 61% des enfants sur les routes migratoires sont âgés de 3 à 12 ans.
Pour représenter l’Etat nigérien dans cette partie reculée du pays, figurent un commissariat bien sûr, quelques factions armées, un centre de santé et ses agents, et une poignée de travailleurs sociaux qui œuvrent à retrouver les familles des enfants expulsés. Il faut un effort d’imagination pour se figurer ce que cela demande, à l’Etat comme à ses partenaires, de placer des représentants dans des zones aussi difficiles d’accès.
Quand arrivent, épuisés, ces hommes, ces femmes et ces enfants – parmi lesquels figurent régulièrement des nourrissons, ils sont d’abord enregistrés au commissariat. La position de l’UNICEF dans cette zone est de venir en appui à l’Etat, pour renforcer ses services, et notamment, dans ce cas, ses services de protection : les mineurs isolés, rapatriés alors qu’ils mendiaient dans la rue, ou se cachaient dans l’attente de passer dans un autre pays, sont pris en charge par les travailleurs sociaux, dont le travail si crucial est soutenu par l’UNICEF. Ces derniers veillent à ce que les enfants trouvent un soutien, à Agadez, en attendant leur retracement familial ou leur placement en famille d’accueil –rendu difficile par le fait que la plupart de ces enfants sont dépourvus de documents d’identité, sans lesquels aucun, dans un avenir plus favorable, ne pourra s’inscrire à l’école ou bénéficier de ses droits de citoyen. -Seuls 58 % des enfants nigériens sont enregistrés à la naissance dans les délais légaux.
En 2021, 2338 enfants ont été accueillis dans le Centres de Transit et d’Orientation d’Agadez, construit par l’UNICEF, et plus de 1500 depuis janvier 2022. Il s’agit là seulement des enfants Nigériens non accompagnés, refoulés sans représentant légal. Leurs familles, dépourvues de revenus, choisissent d’envoyer un ou plusieurs enfants mendier dans les pays voisins. Cette portion reste cependant moindre que les enfants contraints à la mobilité en raison de l’insécurité et des dérèglements climatiques : leur nombre est estimé à 500 000 enfants déplacés internes, réfugiés, migrants et communautés hôtes Le Niger compose donc avec des déplacements de population liés à l’urgence humanitaire et d’autres plus structurels.
Avec un taux de natalité de plus de six enfants en moyenne par femme, le Niger est le pays où la population augmente le plus vite au monde. C’est aussi le pays africain qui connaît le plus fort taux de mariage précoce des filles : «77 % sont mariées avant 18 ans, et 28 % avant 15 ans », a rappelé le Président du Niger en 2019.
Seules 62,5 % des filles achèvent le primaire, contre 75 % des garçons. Or, si les conditions sont réunies pour les maintenir à l’école, on peut aussi espérer diminuer le nombre de mariages précoces, et rompre le cercle de la pauvreté : selon la Banque mondiale, chaque année d'enseignement secondaire peut réduire la probabilité de se marier avant l'âge de 18 ans de sept points de pourcentage ou plus dans de nombreux pays.
Combattre le mariage des enfants et autonomiser les filles peut réduire les grossesses non désirées et le taux d’abandon scolaire -ce qui pourrait augmenter le PIB par habitant de plus d’un cinquième d’ici 2030. En réponse, le gouvernement du Niger s’est lancé en 2019 dans des réformes afin d’accélérer la transition démographique et de promouvoir l’égalité de genre de la croissance économique.
Alors que de nombreux pays célèbrent le 20 novembre la Journée Mondiale de l’Enfance, qui porte cette année sur l’inclusion et la non-discrimination, nous souhaitons ici rappeler notre engagement en faveur des droits des enfants, et nos remerciements à nos bailleurs. Grâce à leurs financements, les services de protection sont présents dans le pays jusqu’aux plus zones les plus reculées. Des travailleurs sociaux retracent les familles d’enfants nigériens laissés à eux-mêmes, même s’ils ne sont pas suffisamment en nombre pour assurer la réponse à de tels besoins.
Nous devons adresser les causes de la migration. Ce travail ne peut se faire qu’en synergie, et en conscience de ce qu’il nous reste à améliorer collectivement – gouvernement, société civile,
communautés, Nations unies, ONG. Le travail est de longue haleine, pour que des changements profonds interviennent enfin.
Partenaire principal du Niger en matière de protection de l’enfance, nous mesurons l’étendue des efforts répondre aux besoins d’un pays aussi vaste qui fait face à des défis immenses.
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