Tremblement de terre :
lorsque les enfants nous donnent une leçon de résilience.
Invitation au voyage dans le quotidien des enfants et familles impactés par le séisme dans les provinces de Taroudannt, Chichaoua et Al Haouz.
Dans la nuit du vendredi 8 septembre 2023, un puissant séisme de magnitude 6,9 a ravagé l’ouest du Maroc. L’épicentre de la secousse se situait dans la province d’Al-Haouz, à environ 70 km au sud-ouest de Marrakech ; Ce séisme, a touché en plus de Marrakech et Al Houaz, les provinces de Chichaoua, Taroudannt, Ouarzazate et Azilal qui ont connu plusieurs dégâts matériels et humains.
Plusieurs mois, après le séisme les effets catastrophiques qui ont impacté des dizaines de milliers d’enfants et leurs familles dans les régions touchées, se font toujours sentir. De nombreuses familles ont perdu leur domicile et ont dû vivent, dans des abris temporaires avec un accès limité aux services sociaux de base, comme l’approvisionnement en eau, l’assainissement, l’hygiène et les services médicaux.
Cette situation a déclenché des mesures immédiates prises par le Maroc pour accompagner la population sinistrée. Dans ce sens, et par son caractère d’organisation humanitaire, l’UNICEF, reconnaissant les besoins et travaillant en étroite collaboration avec les partenaires au Maroc, avec l’appui de l’USAID, et l’ambassade du Japon, s’est engagé auprès des communautés touchées en appuyant plusieurs interventions au niveau de la réhabilitation des écoles, l’appui pédagogique aux enseignants et psychologique aux enfants/aux familles à l’aide des caravanes de santé mobile et autres actions.
Une série de photographies capturant les moments forts et les conséquences d'un séisme dévastateur qui a frappé plusieurs régions au Maroc et qui a impacté lourdement la vulnérabilité chez les enfants et leurs familles des zones sinistrées :
De l’espoir pour un bel avenir
Zakaria, 9 ans, au centre sourit avec ces amis à l’école l’après-midi, au moment où sa maison est privée des conditions de vie après le séisme. Pour lui comme pour plusieurs élèves de l’école Tekchiden à Toubkal Taroudant, la situation n’est toutefois pas facile à gérer : l’école, les enseignants.es affectés aussi par les effets du séisme, la peur qui règne encore dans toute la communauté. Cependant, il garde le sourire et profite des moments de rencontre avec ses camarades de classe pour se créer ensemble des moments de joie et d’espoir.
« Durant les jours qui ont suivi le séisme, Zakaria avait très peur. Il ne voulait même pas sortir. Petit à petit, il a commencé à reprendre confiance. Le retour à l’école l’a beaucoup aidé. Il était heureux de reprendre les cours avec ses camarades et d’y participer à différentes activités. Cela me rend heureuse. Aujourd’hui il passe de bons moments à l’école et il en revient joyeux », raconte la mère de Zakaria.
Les enfants de l’école Takechiden gardent une énergie positive malgré les difficultés quotidiennes. Dans leur établissement scolaire, ils profitent des activités d’apprentissage à travers des jeux, une méthode qui leur permet de gérer leurs émotions et dépasser leur peur installée après le séisme.
Grâce aux efforts de l’Académie régionale de l’éducation et de la formation de Souss Massa relevant du département de l’Éducation Nationale et avec l’appui de l’UNICEF, les enseignants.es ont bénéficié de formations pédagogiques visant à faciliter aux enfants la reprise des cours et d’appliquer des techniques pratiques pour détecter les défis relatifs à leur apprentissage et prendre les mesures adéquates.
Meryem, 9 ans, du douar Ouneine à Toubkal aux montagnes de Taroudant, vit avec sa grand-mère et sa mère qui s'est retrouvée plongée dans un monde d'incertitude qu’elle affronte avec résilience. La maman a perdu son emploi dans la cantine de l’école Oumlek où sa fille prend ses cours. Sa famille vit aujourd’hui dans une tente après avoir perdu leur maison, détruite par le séisme. Meryem raconte les yeux pleins de tristesse « vivre dans une tente, ce n’est pas évident au quotidien, surtout avec la chaleur». Malgré les défis, la jeune fille a repris les cours à l’école avec beaucoup de courage.
La famille de la petite Amira, 8 ans, essaie de créer un environnement familial positif. Les voici ici sous leur tente, leur unique abri depuis que leur maison a été détruite par le tremblement de terre qui avait frappé plusieurs douars dans la province de Chichaoua. Amira est en train de réviser ses cours avec son oncle au moment où sa grand-mère prépare le thé. La jeune fille, continue d’aller en classes, des containers aménagés et installées dans leur communauté après la destruction de l’école.
Son oncle et sa grand-mère racontent leur situation actuelle « perdre la maison et ne pas avoir les moyens et les services de base, ça rend la vie dure ». Quant à elle, la petite Amira nous partage ses sentiments concernant l’école : « j’aime l’école et je veux jouer et apprendre avec mes amies ». Réconfort et soutien mutuel sont les clés de la résilience des membres de cette famille pour surmonter cette période.
Sous cette tente, l’enseignant veille à garder une énergie positive pour poursuivre son cours de mathématique. Comme plusieurs écoles de la région, celle du douar Taneghasst à Imedounet, province de Chichaoua, a été totalement détruite et les élèves ont dû être déplacés dans des tentes temporaires pour prendre leurs cours. Il y fait très chaud. Les conditions d’apprentissages sont difficiles pour les élèves et leur enseignant.
Amira, 4 ans, village d’Asni, province d’Al Haouz, épicentre du tremblement de terre de septembre 2023, a perdu ses parents lors du séisme. L’école a aussi été totalement détruite Malgré ce triste événement de sa vie, son innocence prend le dessus. Au préscolaire modulaire aménagé sur place, elle a repris ses activités dans la petite section. Elle ne cache pas sa joie de partager des moments heureux avec les autres enfants.
Les enseignants.es de cette école ont bénéficié d’une formation pédagogique pour détecter les angoisses chez les enfants et appliquer des techniques pédagogiques adaptées pour l’accompagnement de ces enfants.
La réhabilitation des écoles
L’école Aghbalo a été détruite après le séisme. Pendant plusieurs semaines, les enfants ont continué leurs cours sous des tentes temporaires.
Aujourd’hui, après sa réhabilitation, l’école Aghbalo accueille les enfants du préscolaire et du primaire. Elle est devenue un espace créatif et éducatif pour les enfants de douar. Elle est le premier modèle de l’école reconstruite à l’aide des partenaires de l’éducation (AREF & DP) à Al Houaz et la fondation Amane, avec le soutien de l’UNICEF, et offrant l’accès à l’eau avec des toilettes propres et fonctionnelles.
Mohammed, 12 ans, à l’école Aghbalo est heureux de reprendre les cours dans sa nouvelle école après la reconstruction. Son rêve est de devenir un grand joueur de football dans l’équipe nationale. Aujourd’hui, il est studieux et engagé dans l’apprentissage avec ses camarades de classe.
Après les cours le jeune discute avec son père de ce qu’il a appris à l’école dans une tente qui leur sert d’abri quotidien depuis la destruction de leur maison après le séisme. Malgré tout, le papa de Mohamed, garde un sourire discret « les conditions de vie actuelles sont très difficiles. Je souhaite que les travaux de reconstruction puissent avancer rapidement pour aller vivre dans notre nouvelle maison ».
Action des partenaires appuyés par l’UNICEF : Assurer une reprise rapide de la scolarisation, un accès à l’eau potable, à l’assainissement et aux services de santé de base
Durant l’action post-séisme, l’UNICEF s’est employée avec ses partenaires nationaux à contribuer à ce que les enfants puissent reprendre leurs études le plutôt possible.
En collaboration avec ses partenaires, l’UNICEF accompagne le Ministère de l’Education Nationale, du Préscolaire et des Sports, dans l’identification des établissements en besoin d’un appui pour assurer la continuité pédagogique des enfants.
L’appui de l’UNICEF consiste principalement en la réhabilitation d’établissements touchés par le séisme, un appui pédagogique aux enseignants pour délivrer un soutien scolaire adapté qui permette de rattraper le temps scolaire perdu et un appui psycho social aux enseignants et aux enfants des zones ciblées. Permettre aux enfants de retourner à l’école dans le cadre d’une routine quotidienne est une étape cruciale pour aider les familles touchées par le séisme à retrouver progressivement la normalité.
La santé des familles et des enfants touchés par le séisme est importante
Oumayma, infermière et sage-femme relevant de l’association AMSED (Association Marocaine de Solidarité et de Développement) vérifie avec les habitants du village de Targa dans la région de Taroudannt, leurs besoins avant la consultation chez le médecin afin de mieux les orienter et leur prodiguer des conseils pratiques. Cette action fait partie d’une clinique mobile menée par l’association AMSED avec le soutien de l’UNICEF, dans 40 villages de la province de Taroudannt où elle a effectué 3254 consultations dont 2517 pour les femmes et les enfants. De plus, 460 personnes avaient bénéficié d’un appui psychologique.
La clinique mobile qui a sillonné les villages de Taroudannt compte 10 personnes dont un médecin généraliste, trois infirmiers, un coordinateur du projet/facilitateur de la communauté, deux personnes chargées de suivi avec la communauté, un psychologue et les membres de l’association local qui facilite l’interaction entre l’association et les habitants.
Sous le leadership du Ministère de la Santé et de la Protection Sociale, l’UNICEF et l’association marocaine AMSED, travaillent ensemble pour faciliter des services de santé à travers cette clinique mobile dans les zones touchées par le séisme à Taroudannt. Cette clinique mobile offre une assistance de santé sur place à la communauté, distribue des médicaments gratuitement, offre un appui psychologique à l’aide d’un psychologue, accueille les enfants et les familles en leur offrant des séances d’écoute, et un référencement à l’hôpital national à Taroudannt en cas de maladies chroniques ou lourdes.
Le psychologue Mohammed en plein séance d’écoute avec un enfant vivant un trauma post-séisme. Le psychologue offre conseils et exercices pratiques pour dépasser le sentiment de peur. Dans cet espace, l’association AMSED avec l’appui de l’UNICEF, a créé un espace ami des enfants pour qu’ils puissent s’y exprimer via le dessin en attendant leur tour avec le psychologue.
À travers ces images, nous contemplons les défis de la communauté avec plein d’émotions. Chaque image raconte une histoire de résilience, de solidarité et de reconstruction, façonnant un avenir plus fort et plus uni pour les communautés touchées par le séisme.
À propos du projet USAID
D’une durée de 30 mois, Le projet « Accompagnement de la réponse nationale post-séisme en faveur de l’enfance au Maroc », financé par l’USAID, et pour lequel l’UNICEF assure l’appui technique, vise à soutenir les enfants, familles et communautés vivant dans les trois provinces (Taroudannt, El Haouz et Chichaoua) affectées par le séisme de septembre 2023. Il sera mené sous le leadership des acteurs marocains, et il s’articule autour de plusieurs domaines d’interventions, éducation, protection de l’enfance, santé, changement social et comportemental et inclusion sociale, et ce parallèlement aux transferts monétaires d’urgence fournis par le gouvernement du Maroc, comme suit :
·L’appui à l’accès à une éducation inclusive de qualité et à des environnements d’apprentissage sûrs et protecteurs. Cet axe cible, l'enseignement préscolaire et primaire, puis, dans un deuxième temps, le premier cycle du secondaire. L’intervention soutiendra également l’accès à l'accompagnement psychosocial pour les enfants et le personnel d’encadrement/enseignant selon les besoins (en ciblant 20.000 enfants).
·L’appui à l’accès équitable aux services d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement et l’adoption de bonnes pratiques d’hygiène via le soutien à la restauration des infrastructures d'approvisionnement en eau, notamment au niveau des écoles. Ce domaine intégrera aussi la création d'installations sanitaires et des services d'hygiène adaptatifs (pour 100 écoles en ciblant 11.000 personnes).
·Le renforcement d’un système de protection de l’enfance intégré, inclusif et opérationnel pour les enfants victimes ou à risques dans les zones affectées comprenant une offre de soutien psychosocial adéquat, une orientation vers des services sociaux spécifiques et la mise en œuvre de solutions de prise en charge alternatives adéquates (en ciblant 6000 enfants et 150 Adultes).
·L'amélioration de l’accès à la santé maternelle et infantile et la promotion d’une nutrition appropriée afin que la population affectée ait un accès à des services de qualité en la matière y compris la population se trouvant dans des zones enclavées (en ciblant 6000 femmes et 3 000 enfants).
· Mise en œuvre d’une approche de prestation de services sociaux « Cash-plus » avec des capacités locales renforcées pour une sensibilisation inclusive et multisectorielle et le renforcement de la participation communautaire et la Communication pour le changement social et comportemental visant notamment la promotion des comportements d'hygiène et de réadaptation adéquats.
À propos du Projet Japon :
Projet d’accompagnement de la réponse nationale post-séisme en faveur de l’enfance au Maroc. Il vient en soutien au programme de coopération 2023 – 2027 entre le Royaume du Maroc et l’UNICEF mis en œuvre sous le leadership des institutions nationales concernées et impliquant aussi différents acteurs de la société civile.
D’une durée de douze mois, ce partenariat a pour objectif principal de : soutenir les actions visant à permettre aux filles et garçons au niveau des provinces de Chichaoua et Taroudannt un meilleur accès et une utilisation répondant à leurs besoins des services locaux de protection de l’enfance, d’éducation, d’eau, d’hygiène et d’assainissement.
Les interventions en cours bénéficieront directement à plus de 51000 enfants et membres de la communauté.
De manière spécifique, 37000 enfants, parents et tuteurs auront un meilleur accès et utilisation des services de protection de l’enfance à travers, entre autres, l’offre d’un accompagnement psychosocial, la création d’espaces sûrs pour les enfants dans plusieurs villages, ainsi qu’à travers la sensibilisation communautaire, la formation des travailleurs sociaux et l’appui aux autorités provinciales pour fournir un soutien immédiat et des services intégrés aux victimes ou aux personnes exposées à un risque de violence.