Post-séisme :
Des espaces amis aux enfants pour les aider à surmonter leur traumatisme.
Sous le ciel étoilé de la province de Taroudannt, le jeune Mohamed, âgé de huit ans, se souvient avec une émotion poignante de cette nuit fatidique où le séisme a ébranlé son village Ait Marhouch dans la commune de Tizi Ntast. "Tout a tremblé si fort, comme si la terre était en colère," murmure-t-il, les yeux encore voilés de tristesse. Cette nuit-là, les murs de leur modeste maison ont cédé sous la puissance du tremblement, laissant Mohamed, sa petite sœur et leurs parents prisonniers des débris et de la peur.
Le 8 septembre 2023 est gravé à jamais dans la mémoire collective marocaine comme le jour où un puissant séisme de magnitude 6.8 a frappé le pays. Taroudannt, particulièrement touchée, a vu des milliers de vies brisées et des communautés entières plongées dans une vulnérabilité autant physique que psychologique. Comme beaucoup d'autres enfants de son âge, Mohamed, maintenant en quatrième année de primaire, fait preuve d'un courage exemplaire face à cette tragédie.
Issu d'une famille modeste et économiquement vulnérable, avec un père souvent au chômage, Mohamed a vu leur fragile maison réduite en ruines par le séisme, aggravant encore leur précarité. En un instant, ils ont tout perdu: leurs biens modestes, leur refuge et une part de leur stabilité émotionnelle. Réfugiés dans un camp de secours temporaire, ils ont été confrontés à l'angoisse et à l'incertitude, aggravées par la perte de proches, de camarades d'école, de papiers d'identité, l'irrégularité des repas, les problèmes d'hygiène et le manque de sommeil.
Au milieu de cette épreuve, Mohamed a trouvé un soutien précieux dans les espaces amis des enfants, créés par la Fondation AMANE pour la Protection de l'Enfance en collaboration avec une association locale et avec le soutien de l'UNICEF. Ces espaces, équipés et aménagés pour abriter des activités adaptées, offrent un soutien psychosocial à Mohamed et à ses pairs. Leur objectif principal est de renforcer le soutien communautaire et de prendre en charge les enfants en situation de vulnérabilité, en les orientant vers les services essentiels. Les interventions du psychologue, à travers des séances individualisées, ont permis aux enfants du village d'exprimer leurs émotions et de surmonter une partie de leurs souffrances. "Nous avons également mené des actions de médiation avec l'école locale grâce à l'assistante sociale de la Fondation association AMANE" explique le Président de l'association. "Nous avons programmé des réunions entre la famille et le directeur de l'école pour permettre à Mohamed de reprendre ses études. C'était un pas crucial vers la reconstruction de sa vie après la catastrophe."
Aujourd'hui, les espaces amis des enfants continuent de remplir leur rôle dans les douars, offrant des activités ludiques et éducatives axées sur le bien-être des enfants. Fatima Zahra, assistante sociale, émue par la résilience de Mohamed, confie : "Travailler avec Mohamed a été une expérience profondément gratifiante. Le voir surmonter ses peurs et regagner confiance en lui a été une source d'inspiration. Il mérite tout le soutien possible pour continuer à grandir et à s'épanouir."
Avec un sourire plein d'émotion, Mohamed déclare : "Je veux devenir quelqu'un qui aide les autres comme on m'a aidé."