Mamou, au secours des aides ménagères de l’ouest du Mali
A Kayes, des séances de sensibilisation à destination des aides-ménagères mineures se tiennent grâce au soutien financier de l’Union Européenne afin qu'elles connaissent leurs droits.
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Il est 21h ce vendredi soir dans l’arrière-cour d’une maison de Kayes. La propriétaire des lieux amène nattes, chaises & tabourets tandis que des jeunes filles arrivent par grappes de deux ou trois. Rapidement elles sont une trentaine et forment un cercle autour de Mamou, assistante protection de l’enfant pour Enda-Mali, organisation qui appuie l’ONG partenaire d’UNICEF Terre des hommes Lausanne dans la mise en œuvre du projet « Protection des enfants concernés par la mobilité et autres enfants vulnérables sur les principales routes migratoires au Mali ».
« Les séances de sensibilisation ont lieu à 21h car les aides ménagères travaillent jusqu’à 20h chaque jour, la nuit est le seul moment où elles ont du temps et où on peut les voir » explique Mamou avant d’ajouter : « C’est à nous d’aller vers elles car elles sont souvent isolées ».
Les jeunes filles âgées de 13 à 16 ans viennent en effet de toute la région et même de la région voisine de Koulikoro. « Il y a beaucoup d’aides ménagères ici car on dit que chaque famille à Kayes a un membre à l’étranger et c’est grâce à l’argent de la diaspora que les familles prennent des aides ménagères » précise Mamou. Une problématique qui a poussé UNICEF à développer un programme de sensibilisation à destination de ce public spécifique, souvent en situation de mobilité et de grande vulnérabilité.
Chaque vendredi soir, les travailleurs sociaux de l’ONG Enda-Mali mènent des séances de sensibilisation auprès des enfants pour qu’ils connaissent leurs droits. Ce soir, la discussion porte sur les lieux où trouver refuge. « On peut être confronté à des difficultés dans la vie et il ne faut pas hésiter à demander de l’aide » commence Mamou avec bienveillance. « Si vous avez des problèmes vous pouvez venir et on est là pour vous accueillir, pour vous écouter. Qui peut me citer une structure de la protection des enfants ? » Silence.
« Pouvez-vous me présenter les lieux dessinés sur le panneau ? » enchaine Laya, travailleur social pour Enda-Mali en présentant une pancarte au public à la lueur d’une torche. « Le tribunal, oui, la police, très bien, les centres de santé, voilà, la mairie aussi, l’ONG Enda-Mali aussi oui, c’est nous ! » Chaque bonne réponse mérite un cadeau et Mamou distribue allégrement billes et ballons aux enfants présents.
« Quand est ce qu’on peut aller vers ces structures ? » demande Mamou.
« A tout moment ! » répondent en chœur les enfants.
Les tours de questions-réponses s’enchainent jusqu’à ce que les animateurs estiment que le message est bien passé.
« Bien, faites passer l’information, partagez ce que vous avez appris ce soir et à vendredi prochain pour une nouvelle causerie » conclue énergiquement Mamou. La séance est levée et déjà les filles disparaissent dans les rues de Kayes après de rapides salutations. « Elles retournent sous les ordres des familles qui parfois les traitent comme des objets et les violentent dans le pire des cas » soupire Mamou en les regardant partir. « Mais grâce à ce projet nous avons aidé 10 jeunes aides ménagères à sortir de situations difficiles en 2021 » se réjouit-elle. Sur la même année, 80 de ces filles, parmi de nombreux enfants en mobilité et non accompagnés, ont bénéficié de séances de sensibilisation comme ce soir grâce au soutien financier de l’Union Européenne.
Pour en savoir plus, lisez le portrait de Mariam*, aide-ménagère de 14 ans, ayant bénéficié du soutien d’UNICEF sur notre site.
*Le prénom a été changé pour raison de protection.
