La joie de retrouver l’école en temps de Covid
Après plusieurs mois de fermeture à cause de la pandémie les écoles maliennes ont rouvert leurs portes, au grand soulagement de certains élèves comme Aïchata.

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Mopti – Aïchata a le sourire accroché aux lèvres lorsqu’elle témoigne dans cette salle de classe de l’école Boucary Ouologuem III de Sévaré. « C’est une vraie joie de retrouver l’école, », affirme-t-elle avec bonheur.
Comme dans de nombreux pays de la planète, les établissements scolaires maliens ont dû fermer à cause de la pandémie de la Covid-19. De mars à septembre 2020 les écoles sont restées portes closes puis, de septembre à décembre, les enfants ont pu retrouver le chemin de l’école pour passer leurs examens de fin d’année dans des conditions respectant les mesures barrières. Le 25 janvier 2021, la rentrée scolaire 2020-2021 a pu se tenir et près de 6 millions d’enfants ont retrouvé les bancs de l’école dans un environnement d’apprentissage protecteur et sécurisé.
« Chaque élève a son masque et des dispositifs lave mains à l’entrée des classes » explique Andiourou Ongoiba le directeur de l’école Boucary Ouloguem III.
« J’ai l’esprit tranquille grâce à toutes les mesures prises à l’école. » - Aïchata
Avec l’appui de l’UNICEF et de ses partenaires, grâce au soutien du gouvernement du Danemark et de la Coopération allemande, le Ministère de l’Education Nationale a fourni les dispositifs d’hygiène nécessaires à la tenue des examens, à savoir 481 dispositifs de lavage des mains, 21 354 masques, 272 bouteilles de gel hydro alcoolique et 4205 savons liquides pour l’Académie d’Enseignement de Mopti.
Les besoins restent nombreux en matériel scolaire comme les tables-bancs, dont un nombre supérieur est nécessaire afin que chaque élève puisse être seul par table-banc et respecter la distanciation sociale. « Pendant l’arrêt des cours, je suivais les leçons à la télévision, je révisais et faisais des exercices mais c’était difficile » raconte Aïchata. « Je ne pouvais pas poser de question quand je ne comprenais pas mais surtout j’avais la nostalgie de l’école et de mes camarades. »
« J’ai l’esprit tranquille grâce à toutes les mesures prises à l’école. »

Bassirou Togo, le père d’Aïchata, confirme : « Mes cinq filles sont restées à la maison et, même si elles aidaient leur maman et participaient aux travaux ménagers, ce n’était pas une situation facile. J’aurai aimé qu’elles soient à l’école car mon souhait est que mes filles fassent mieux que moi, qu’elles continuent leurs études. »
« Les résultats du Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF) sont sortis et j’ai été admise » annonce fièrement la jeune fille de 15 ans, remplissant les espoirs de son papa tailleur. « Avant l’arrêt des cours elle était première de sa classe, aujourd’hui elle est 3e ou 4e » explique ce dernier avant de poursuivre : « de manière générale, il y a eu une baisse de niveau des élèves entre la période de fermeture et la réouverture car il est difficile d’apprendre seul à la maison. »
Pour aider les élèves à l’apprentissage à distance, l’UNICEF et ses partenaires ont distribué 2000 radios solaires accompagnées de clés USB comprenant des programmes éducatifs à des ménages vulnérables. Des groupes d’écoute sont organisés, grâce à des relais communautaires et permettent à de nombreux enfants de bénéficier de ces cours à distance.
Malgré ces alternatives, rien ne vaut de retrouver sa classe rappelle Andiourou Ongoiba, le directeur, qui souligne un retour massif dans son établissement : « Les élèves répondent présents, je n’ai pas constaté de déscolarisation. Les enfants étaient contents de revenir et avaient hâte de quitter la maison. »

Une situation qui n’illustre pas forcément la réalité de l’ensemble du pays. Avant l’apparition du virus, l’UNICEF estimait que plus de deux millions d’enfants âgés de 5 à 17 ans se trouvaient déjà en dehors du système scolaire.
« Les enseignants ont été sensibilisés aux mesures barrières par les ONG avant de sensibiliser à leur tour les élèves » rappelle le directeur en désignant un dispositif lave-mains. Preuve que cet apprentissage fonctionne, Aïchata énumère sans hésiter les mesures de prévention contre la maladie : « on ne doit pas se serrer les mains, il faut respecter la distanciation, éternuer dans son coude, porter le masque et se laver régulièrement les mains ».
Grâce à l’appui de la Coopération Allemande (BMZ) et d’autres partenaires, l’UNICEF, en collaboration avec le gouvernement du Mali, met en oeuvre de nouvelles approches adaptées pour la continuité de l’apprentissage et permettre aux enfants de toutes les communautés, particulièrement les plus vulnérables, de bénéficier de leur droit à l’éducation malgré un contexte de pandémie.
« J’ai peur de la maladie mais je suis confiante pour l’avenir » affirme Aïchata en regardant ses camarades studieusement installés. « J’ai l’esprit tranquille grâce à toutes les mesures prises à l’école. Le lavage des mains, le masque, le respect des gestes barrières, tout cela me rassure. » Cette expérience l’a d’ailleurs marqué si fortement qu’elle envisage désormais une carrière de médecin « pour soigner les malades, sensibiliser la communauté et prévenir les maladies ».