« JE PRÉFÈRE VIVRE DE MON COMMERCE PLUTOT QUE RETOURNER TRAVAILLER AUPRÈS DES GROUPES ARMÉS. »
Protéger les enfants associés aux groupes armés en les réintégrant durablement dans le tissu socio-économique du Mali.

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Moustapha a 15 ans quand il décide avec 21 de ses amis de proposer ses services à un groupe armé non étatique opérant dans sa localité d’origine, Talataye, dans le cercle d’Ansongo au nord-est du Mali. Il devient alors un « mineur associé aux groupes armés ».
Pendant près d’un an, Moustapha s’occupe de diverses courses et commissions pour les soldats en échange d’environ 5.000 francs CFA par mois.
« Je ne partais pas à l’école et j’étais sans occupation. Quand ils m’envoyaient faire des achats, ils me laissaient garder la monnaie. Ça me faisait un peu d’argent de poche et je me sentais utile. » explique Moustapha quand on lui demande pourquoi il a rejoint le groupe armé.
Durant le dernier trimestre 2022, les combats s’intensifient dans la localité de Talataye. Des centaines de personnes sont tuées. Moustapha commence à craindre pour sa vie. Peu avant, il avait assisté à une séance de sensibilisation sur les risques, pour les enfants, d’être associés à des forces ou groupes armés. Il s’enfuit avec ses parents et ses 2 frères et sœurs vers la ville de Gao. La famille trouve refuge dans un site de personnes déplacées internes en périphérie de la ville.
C’est dans un Espace Ami des Enfants installé par l’UNICEF et ses partenaires dans le site de personnes deplacées internes que Moustapha entend parler du projet de réintégration des enfants associés aux groupes armés.
Le programme financé par le Gouvernement Américain a permis à l’UNICEF et à ses partenaires sur le terrain de séparer plus de 600 enfants des groupes armés grâce au renforcement des réseaux de protection de l'enfance et des acteurs de protection et de leur faire bénéficier de services holistiques de protection. Ces services sont notamment la prise en charge alternative en centre de transit et d’orientation ou en famille d’accueil, l’appui psychosocial ou encore la recherche et réunification familiale.
Ces réseaux et acteurs de protection ont également permis à plus de 350 enfants, dont des associés aux forces et groupes armés et des enfants vulnérables à risque de recrutement, de recevoir des services de réintégration scolaire ou socio-économique mis en œuvre par les Directions Régionales de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille de Gao, Ménaka et Tombouctou ainsi que des ONG nationales et internationales partenaires de l’UNICEF.
A l’issue de sa prise en charge, Moustapha a choisi d’installer un petit commerce de produits alimentaires de première nécessité dans le site de personnesdéplacées internes où il vit avec sa famille. Il a reçu la somme de 150.000 francs CFA pour démarrer cette activité.
« Aujourd’hui, j’arrive à gagner près de 50.000 francs CFA par mois de bénéfices grâce à ma boutique. Je peux même contribuer à certaines dépenses de la famille. Je préfère vivre de mon commerce plutôt que de retourner travailler auprès des groupes armés. J’ai failli perdre la vie. » déclare Moustapha, fier et reconnaissant.
*Le prénom a été changé pour protéger l’identité du sujet.
