Rano Vazaha : L’eau potable, la vie a Ampotaka
-

Le village d’Ampotaka situé dans le Sud-Ouest de Madagascar compte environ 600 habitants répartis en 100 ménages avec 13 personnes âgées de plus de 60 ans. Depuis de nombreuses années, la seule source d’eau de ce village est la marée, qui permet de stocker l’eau de pluie. Cette eau de surface est utilisée à la fois par les villageois et le bétail. Les habitants se consacrent principalement à l’élevage de chèvres et de bovins tandis que l’agriculture est moins pratiquée.
Fanambena, une femme âgée de 66 ans, vit avec son mari et leurs petits-enfants dans ce village. Elle a 8 enfants tous ayant grandi et fondé leurs propres foyers. Pendant la période de pluie, et comme tous les ménages, toute sa famille se rend à la marée pour puiser de l’eau qui a une couleur chocolatée. L’eau est utilisée directement à la maison sans traitement que ce soit pour la boisson, la lessive, la vaisselle ou l’hygiène corporelle.
Malheureusement, la source d’eau de marée s’épuise au bout de 3 mois. Ensuite, Fanambena et sa famille doivent parcourir une piste en terre poussiéreuse, pieds nus, pendant au moins une heure, sous une chaleur de 35 degrés, pour chercher de l’eau avec des bidons et des seaux. Parfois, ils se lèvent très tôt le matin et utilisent une charrette pour se rendre dans un village voisin, situé à plus de 20 kilomètres, où ils achètent de l’eau de source à un prix de 1000 Ariary ($.25) par bidon de 20 litres. Les enfants souffrent de maladies diarrhéiques et de malnutrition.
Selon les résultats de suivi de la santé nutritionnelle du quatrième trimestre de l’année 2022, lorsque les premières pluies sont arrivées dans la région, le village d’Ampotaka était classé dans une situation « sérieuse » en termes de taux de malnutrition aiguë modérée chez les enfants, atteignant 10%. Ce taux était le plus élevé parmi les villages de la commune, indiquant une situation préoccupante pour les enfants malnutris dans cette zone.
En 2019, l’UNICEF a effectué trois forages dans ce village, mais malheureusement ils n’ont pas trouvé d’eau. Après une réflexion et études approfondies, l’UNICEF a mis en place une Aquifère Artificielle Souterrain. Ce système filtre une partie de l’eau de pluie provenant de la marée et la stocke dans un réservoir souterrain pouvant contenir 100m3. Cette réserve d’eau est suffisante pour approvisionner la population pendant plus de trois mois en fonction de leur consommation pour la boisson et la cuisson.
Depuis février 2023, la communauté d’Ampotaka s’approvisionne en eau potable à partir d’une source située à proximité. Fanambena et les autres familles du village utilisent cette source depuis environ trois mois. Il leur faut seulement 15 minutes pour puiser de l’eau à la pompe, y compris le remplissage si, auparavant, ils devaient parcourir de longue distance sous un soleil brûlant 35 degrés et à travers la poussière pour obtenir l’eau. La consommation quotidienne d’eau de la famille de Fanambena est passée de 10 litres à 20 litres
La communauté a mis en place un « Dina », un règlement interne du village qui régule l’utilisation de la pompe en veillant à ce que celle-ci soit utilisée uniquement à des fins domestiques. Une sensibilisation a été menée lors de la construction du point d’eau, mettant l’accent sur l’importance de la qualité de l’eau, de sa source jusqu’à la pompe (en utilisant des récipients propres), ainsi que pendant son transport et son stockage à domicile. Selon les résultats du dépistage effectué dans un Centre de Santé de Base (CSB), le taux de malnutrition aigüe modérée est de 4.2% au premier trimestre de 2023, montrant une diminution par rapport à l’année précédente (10% du quatrième trimestre 2022), en partie grâce à l’utilisation de l’eau potable.
Fanambena partage son expérience en disant : « avant, nous buvions de l’eau saumâtre provenant de la marée, mais maintenant, grâce à cette pompe construite par l’UNICEF, nous avons accès à de l’eau potable, que nous n’avons jamais eu auparavant. Nous avons même donné un nom à cette source et nous l’appelons « Rano vazaha ou eau potable ».

