Guérir de la malnutrition aigüe sévère dans le sud de Madagascar : entre l’espoir et le doute
L’histoire de deux familles vivant dans la région Androy et dont les enfants sont atteints de malnutrition aigüe.


Elysa et Elysette (11 mois) sont des jumelles et vivent avec leurs parents et leurs six frères et sœurs dans la commune rurale de Maroalipoty, dans le sud de Madagascar (région Androy). Elysa est atteinte de malnutrition aigüe sévère ou émaciation. Sa jumelle est aussi atteinte de la malnutrition aigüe mais encore sous la forme modérée. La malnutrition aigüe est causée par le manque de nourritures et d’eau potable.

Dans le village voisin, Maho (21 mois) est aussi atteinte de la malnutrition aigüe sévère. Sa mère étant partie chercher de l’eau au puit, elle attend sagement dans les bras de son père.

Cette région de Madagascar est affectée par la sécheresse causée par une faible pluviométrie et aggravée par le phénomène El niño. De plus, le vent du sud appelé « Tiomena » a ravagé l’agriculture dans cette partie de l’ile. Porter des lunettes semble être une solution très pratique pour faire face au vent de sable.

Sambo, le père des jumelles est contrarié en regardant sa plantation de manioc détruite par ce mélange de vent et de sable. « Maintenant, nous achetons le manioc alors qu’on est censé en récolter », confie Sambo dépassé par la situation.

Sambo doit acheter 4 kg de manioc par jour pour nourrir les dix personnes qui composent son ménage. Pour cela, il doit vendre de l’eau, devenue un produit de luxe, ou les ustensiles de maison aux autres villageois, dans les pires moments.

Heureusement, ils sont nombreux pour aller chercher l’eau au puit d’Ampasipoty qui se trouve à quelques kilomètres de leur village. En effet, toute la famille met la main à la pâte lorsqu’il s’agit de survie.

Dans l’autre village, Toromasy (20 ans), la mère de Maho nettoie la marmite et les assiettes avec la petite quantité d’eau qu’elle vient de collecter.

La malnutrition de son enfant est causée en partie par la consommation d’eau non potable qui a la couleur du chocolat et qui s’avère être l’un des facteurs principaux qui provoquent la diarrhée et la malnutrition.

De plus, les cinq personnes qui composent leur ménage n’a plus que des feuilles de manioc comme nourriture. Ces feuilles de manioc sont en train de disparaitre avec leur consommation quasi exclusive pour survivre.

Grâce au financement de Direction générale pour la protection civile et les opérations d'aide humanitaire européennes de la Commission européenne (ECHO) et le soutien de l’UNICEF, ces enfants atteints de malnutrition aigue sévère bénéficient d’un traitement à base d’aliments thérapeutiques prêt à l’emploi. « Cette situation devient de pire en pire mais heureusement qu’on dispose encore de ces produits pour tenir le coup », affirme le docteur Tsida Randriatsiafara avec inquiétude.

Au centre de santé de Maroalipoty, les femmes et les enfants sont venus nombreux pour le dépistage de la malnutrition et le suivi de l’état de santé de leur enfant. Les jumelles sont parmi ceux arrivés sur les lieux et Elysa est pesée pour le suivi de sa guérison.

Malheureusement, Elysa n’a pas pris de poids et le périmètre brachial indique encore la zone rouge, qui montre qu’elle reste toujours très maigre. Elle continuera de suivre son traitement au niveau de ce centre de santé jusqu’à ce qu’elle atteigne le poids cible pour la sortie.

Du savon leur a été offert par Myriam, chef du centre de santé, qui les a félicités et les a encouragés à poursuivre les efforts pour ne pas retomber dans la même situation. « Cela me rend fière quand un enfant est guéri. J’insiste toujours auprès des parents pour le bon suivi du traitement au niveau du centre de santé », assure Myriam, toujours motivée lorsqu’il s’agit de soigner les enfants.

Toute la famille rentre chez elle avec un sentiment de grand soulagement. Leur visage montre tout de même un brin de doute face à la situation et par rapport à ce que la vie leur réserve dans le futur.