À Madagascar, les soins de proximité sont essentiels dans les situations de crise humanitaire

En situation de crise humanitaire et face à l'incapacité des ménages à assumer les coûts en matière de santé, les soins de proximité dispensés par les cliniques mobiles sauvent la vie de milliers d’enfants

Angelin Rabezandriny
Angele pendant la consultation externe à Imanombo, commune d'Ankarana, district de Farafangana
UNICEF Madagascar/2022/Rabezandriny
02 août 2022

« C'est un soulagement que des agents de santé viennent dans notre communauté pour nous soigner ; et avec des médicaments gratuits, surtout après les passages des cyclones Batsirai et Emnati » témoigne cette mère de famille, Tsofiazy, venue en consultation externe pour sa fille Angèle, 12 mois, à la clinique mobile au site d’Imanombo, dans le Sud-Est de Madagascar.

La petite bourgade se trouve à plus de 20 km du centre de santé le plus proche qui nécessite de débourser 8 000 Ar soit 2 dollars pour s’y rendre en voiture.

« Nous n'y allons seulement lorsque la maladie est grave car ce n’est pas dans nos moyens. Cela explique pourquoi ma fille n’a pas encore été soignée : elle tousse et a de la fièvre depuis près d'une semaine. En plus des frais, il faut disposer d’un budget pour les médicaments et ce n’est pas possible pour moi » poursuit-elle.

La zone d’Imanombo figure parmi les plus touchées par les cyclones Batsirai et Emnati, ayant frappé l’île en février dernier. La population et les services sociaux ont été victimes d’importants dommages. Bien que les soins de santé au centre aient repris, la communauté choquée peine à en tirer correctement les bénéfices. Les pertes de logement, de terres cultivables ou d’activités de subsistance les ont obligés à prioriser les besoins vitaux comme la nourriture et le logement au détriment d’un suivi de santé.

« Si le cas d’Angèle s’aggrave, il faudra se préparer à être référé au Centre de Santé avec les tous les frais y afférents. Pour le moment, nous observons encore prudemment l'évolution de son état de santé. Nous avons un agent de santé communautaire ici, mais il habite à environ 6 kilomètres et ne s'occupe que des cas de paludisme. Il n'est pas formé pour diagnostiquer et traiter d’autres maladies. Il n’a pas d’intrants non plus et nous redirige logiquement vers le centre de santé » explique -t-elle.

La clinique mobile est d’un grand secours et lui offre tout l’espoir de bénéficier d’un suivi de qualité. « Ma fille accède à un traitement ici ainsi qu’un suivi nutritionnel. La clinique nous offre aussi la possibilité de nous faire vacciner. Ma fille notamment doit bénéficier de sa dose de rappel de vaccin contre la rougeole d’ici 3 mois » annonce fièrement Tsofiazy. Ce genre de prestation mobile est réclamée par les communautés au moins une fois dans le mois et particulièrement dans cette région où la situation de la malnutrition se détériore après ces catastrophes naturelles. En accompagnement, les mères sollicitent une meilleure formation des agents communautaires, pour diagnostiquer les maladies infantiles afin faciliter l’approche et les traitements.

Pour l’heure, l’UNICEF intervient pour atténuer la crise en fournissant un soutien technique, logistique et financier dans le déploiement de cliniques mobiles afin de fournir des soins de proximité dans les zones les plus vulnérables de la région. Un total de 18 cliniques mobiles, comme celle d'Imanombo, couvrent actuellement les 5 districts de la région pour une période d'un mois.

Ces cliniques mobiles sont également l'occasion de livrer des médicaments et des aliments thérapeutiques à certains centres de santé, étant donné les besoins logistiques accrus après ces catastrophes. La fourniture de soins de santé à des populations isolées ou éloignées des centres de santé se trouve renforcée, et les centres de santé peuvent offrir des services de qualité aux populations, en particulier aux femmes et aux enfants, qui les fréquentent.  Les cliniques mobiles servent également à stimuler la demande de services et constituent un moyen efficace de les promouvoir

Rasoarimalala Angele Gabriella, une petite de fille de 12 mois et sa mère Tsofiazy
UNICEF Madagascar/2022/Rabezandriny
Rasoarimalala Angele Gabriella, une petite de fille de 12 mois et sa mère Tsofiazy après une consultation externe à la clinique mobile de Farafangana dans le site d'Imanombo.